11e semaine de manifestations pro-démocratie en Israël; Edelstein appelle au dialogue
Des partisans du parti Likud de Netanyahu ont jeté des œufs sur les manifestants à Or Akiva ; Un certain nombre d’Israéliens bédouins ont rejoint les manifestations
Des milliers de manifestants à travers Israël sont sortis samedi dans la rue pour la 11e semaine consécutive contre un projet de loi du système judiciaire controversé, soutenu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Selon les médias locaux, des manifestations ont eu lieu dans plus de 100 autres villes et villages, dont Haïfa (nord), Jérusalem et Beer Sheva (sud).
La société israélienne Crowd Solutions estime que quelque 175 000 manifestants sont présents au principal rassemblement à Tel-Aviv, selon la Treizième chaîne. Crowd Solutions indique que 85 000 autres sont rassemblés dans d’autres villes du pays, portant le nombre total de manifestants à environ 260 000. À Jérusalem, environ 10 000 personnes sont rassemblées devant la résidence du président, selon des médias en hébreu.
Sur la place Dizengoff, à Tel-Aviv, des milliers de personnes ont agité des drapeaux bleu et blanc, aux couleurs d’Israël, ainsi que celui arc-en-ciel de la communauté LGBT+, selon un journaliste de l’AFP sur place.
La foule a ensuite défilé en coupant la circulation automobile dans le centre-ville, scandant des slogans comme « Sauvez la démocratie ! »
« Je suis inquiète, non pas pour moi-même mais pour mes filles et mes petits-enfants (…) nous voulons qu’Israël reste démocratique et libéral, juif bien sûr, mais libéral, et nous sommes très inquiets que (le pays) devienne une dictature », a confié à l’AFP Naama Mazor, 64 ans, retraitée venue depuis la ville d’Herzliya, au nord de Tel-Aviv. « Nous sommes ici pour manifester jusqu’au bout, et nous espérons que cela se finira bien », a-t-elle ajouté.
La police a déclaré avoir arrêté un homme de 57 ans qui aurait percuté avec sa voiture un groupe de manifestants à Herzliya. Un manifestant a été légèrement blessé et emmené au centre médical Meir à Kfar Saba, selon la police.
הרצליה: עימות בין מפגינים לנהג, שלטענת המוחים פגע באחד מהם ודרס אותו@lirankog pic.twitter.com/YQNaos3a3t
— כאן חדשות (@kann_news) March 18, 2023
Pour Sagiv Galan, 46 ans, le gouvernement « essaie de détruire les droits civils, les droits des femmes, les droits des LGBT+ et tout ce pour quoi la démocratie se bat ».
Selon la police, un homme de 24 ans a été arrêté pour avoir conduit une moto sur un groupe de manifestants à Givatayim (centre). Il est soupçonné d’agression et de menaces. Aucun des manifestants n’a été blessé.
נהג טוסטוס ניסה לדרוס מפגינים בויצמן גבעתיים pic.twitter.com/P1fXeGGLX2
— לירי בורק שביט (@lirishavit) March 18, 2023
Dans le nord d’Israël, la police a utilisé des canons à eau contre les manifestants qui bloquaient la Route 65 à la jonction de Karkur. Un communiqué de la police indiquait que la manifestation avait été jugée « illégale » et qu’en réponse, elle avait eu recours à des moyens de dispersion de foule. Sept personnes ont été arrêtées.
תומכי ליכוד זרקו ביצים על מפגינים באור עקיבא, שלושה נעצרוhttps://t.co/UnK2rhiOZz pic.twitter.com/EJQi0t0UkP
— ynet עדכוני (@ynetalerts) March 18, 2023
Des partisans du parti Likud de Netanyahu ont jeté des œufs sur les manifestants dans la ville d’Or Akiva, selon le site d’information Ynet. Les pro-Netanyahu ont crié aux manifestants « Anarchistes, seulement Bibi », faisant référence à Netanyahu par son surnom. La police a déclaré que des agents avaient arrêté trois personnes sur les lieux pour avoir lancé des œufs.
מפגיני ימין, חלקם רעולי פנים, מנסים לתקוף מפגיני שמאל שיצאו מאזור ההפגנה בקפלן. @FadiAmun מדווח כי הותקף בעת שצילם pic.twitter.com/2P5bnjv0yK
— Bar Peleg (@bar_peleg) March 18, 2023
Plusieurs militants de droite, dont certains masqués, ont été vus faire face à des manifestants à Tel Aviv. Des images publiées par un journaliste de Haaretz montrent des policiers en train de repousser l’un des hommes masqués loin de la foule.
התחלנו. ההפגנה הראשונה בחברה הבדואית בנגב. צומת חורה pic.twitter.com/d5NkzzItTW
— ilana curiel (@ilanacuriel) March 18, 2023
Un certain nombre d’Israéliens bédouins ont rejoint les manifestations au carrefour de Hura dans le sud d’Israël. Aux côtés de plusieurs Israéliens juifs, le groupe tenait des pancartes où l’on pouvait lire « C’est notre maison à tous » et « Droits égaux et démocratie pour nous tous ».
הבואש כעת בצומת כרכור. בשעה זו כביש 65 חסום ובמקום אלפי מפגינים pic.twitter.com/wJ6DF8z54b
— המקום הכי חם בגיהנום (@ha_makom) March 18, 2023
S’adressant aux manifestants réunis dans la ville d’Ashdod (sud), le chef de l’opposition Yaïr Lapid a déclaré que le gouvernement « ne souhaite ni négociations ni compromis. » « Ils veulent aller de l’avant avec ce (projet de) loi et transformer Israël en un Etat non-démocratique. »
Le député du Likud Yuli Edelstein a appelé en milieu de soirée à geler la refonte judiciaire afin de tenir des pourparlers avec ses opposants. S’adressant aux informations de la Treizième chaîne, Edelstein a déclaré que le gouvernement devrait « s’arrêter pour parler ».
« Vraiment, nous aurions pu le faire il y a un moment pour plusieurs raisons. Non seulement pour donner une chance au dialogue, mais aussi pour ne pas alimenter les protestations », a-t-il souligné.
« Si vous dites toujours : ‘Nous n’arrêterons pas, pas même un instant, et nous adopterons la réforme telle quelle’, vous ne faites que contribuer à alimenter de plus en plus les manifestations », a ajouté Edelstein.
La semaine dernière, Edelstein a été sanctionné par le Likud après avoir manqué deux votes clés liés à la réforme controversée.
Le ministre de la Culture et des Sports, Miki Zohar (Likud), a déclaré que le gouvernement devrait montrer plus de volonté dans son désir d’aboutir à un compromis.
S’adressant aux informations de la Douzième chaîne, le ministre a déclaré que « la réforme est nécessaire, c’est la bonne chose à faire, mais nous ferons des compromis pour que ce soit bon pour le peuple d’Israël ». « Si nous continuons à avoir la tête dans le sable et que le fossé [sociétal] s’approfondit, ce sera l’État d’Israël qui sera blessé », a-t-il prédit.
Il s’agit de la 11e semaine consécutive de manifestations contre ce projet de réforme, annoncé début janvier, et qui comprend l’introduction d’une clause « dérogatoire » permettant au Parlement d’annuler à la majorité simple une décision de la Cour suprême.
Cette réforme vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats. Selon ses détracteurs, elle met en péril le caractère démocratique de l’Etat d’Israël et pourrait aider à casser une éventuelle condamnation de Netanyahu, jugé pour corruption dans plusieurs affaires.
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Netanyahu et ses alliés assurent que la réforme est nécessaire pour rétablir un rapport de force équilibré entre les élus et la Cour suprême, qu’ils jugent politisée. Plusieurs dispositions ont déjà été adoptées en première lecture au Parlement.
Le président israélien Isaac Herzog a présenté mercredi une ébauche de compromis sur le projet de réforme, acceptée par les dirigeants des partis d’opposition mais immédiatement rejeté par la coalition au pouvoir.
« Celui qui pense qu’une guerre civile est impossible n’a pas idée à quel point nous en sommes proches (…) mais je ne laisserai pas faire », avait déclaré M. Herzog mercredi, ajoutant être convaincu que « la majorité des Israéliens veulent un compromis ».
Jeudi, lors d’une visite à Berlin, Netanyahu a dit être « attentif » aux manifestations contre le projet, mais toujours déterminé à « apporter quelque chose qui corresponde au mandat » reçu lors des élections de novembre ayant permis son retour au pouvoir.