43 millions de secondes en enfer
500 jours en captivité. 500 jours dans des conditions inhumaines. 500 jours de souffrance indescriptible

C’est un chiffre – 500 – qui plane sur Israël aujourd’hui. 500 jours se sont écoulés depuis le pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023, et depuis le début de la guerre qui a fait rage depuis.
500 ballons noirs se sont élevés dans le ciel aux abords de la frontière avec la bande de Gaza. Le chiffre 500 est affiché, très visible, sur les tours Azrieli, à Tel Aviv. Il apparaît en première page des journaux, à tous les coins de rue. Il clignote sur tous les principaux sites d’information israéliens ; il accompagne chaque émission, que ce soit à la télévision ou à la radio. Il a aussi été mentionné par de nombreux enseignants au début des cours ce matin.
Depuis 500 jours, Israël fonctionne au rythme de l’insupportable tic-tac de l’horloge des otages : 500 jours de captivité, 500 jours dans des conditions inhumaines, 500 jours de souffrance indescriptible.
Au moins 864 civils avaient été assassinés dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. Et durant ces 500 jours, ce sont au moins 918 soldats, policiers et autres membres des service de sécurité qui ont perdu la vie, dont 300 qui avaient été tués en cette matinée du 7 octobre.
251 personnes – civils, soldats et ressortissants étrangers – avaient été kidnappées et prises en otage à Gaza. Soixante-dix d’entre elles sont toujours détenues par le Hamas – la mort de 35 captifs a par ailleurs été confirmée par l’armée. Trois autres otages – deux vivants et un mort – sont détenus depuis de longues, trop longues années. C’était bien avant le 7 octobre.

Nous pouvons faire le point sur les 500 derniers jours de notre propre vie – 500 jours qui ont été marqués par la guerre sur sept fronts, par les frappes de missiles sur le front intérieur, par les assassinats de Mohammad Deif, Yahya Sinwar et Hassan Nasrallah, par l’explosion des bipeurs du Hezbollah, par les prises d’otages, par le fracas des sirènes, par les courses en toute hâte en direction des abris antiaériens, par la chute du régime d’Assad en Syrie. Et il ne s’agit ici que du front de la guerre.
Il y a aussi eu le concours de l’Eurovision, les Jeux olympiques de Paris et une tentative d’assassinat menée à l’encontre de Donald Trump, qui a finalement remporté les élections américaines. Dans la vie de tous les jours, il y a eu des histoires d’amour, des mariages, des naissances, des examens universitaires, des vacances, de nouvelles saisons de séries télévisées, du stress au travail, des dîners en famille et des voyages.
Il y a eu la vie ordinaire, telle que nous la connaissons habituellement.
Il se passe beaucoup de choses en 500 jours. Et pendant tout ce temps, ils sont restés là, dans les tunnels, enchaînés et battus, ignorant le sort de leurs proches, totalement coupés du monde. Ils ignorent même si leur pays fait réellement tout pour les ramener chez eux.
500 minutes de jeûne
De nombreuses manifestations ont actuellement lieu dans tout le pays pour réclamer la libération de tous les otages et en signe de solidarité avec leurs familles.
Le Forum des familles d’otages et de disparus a appelé le public à jeûner pendant 500 minutes en solidarité avec les captifs. « Les derniers jours et les témoignages horribles [apportés par les otages qui ont récemment été libérés] nécessitent une action immédiate », a déclaré le Forum dans un communiqué. « Cet accord ne doit pas échouer – nous devons profiter de cette dynamique pour parvenir à un accord rapide et responsable pour tout le monde ».

« Ce jour de jeûne n’est rien en comparaison avec les souffrances qu’ils endurent là-bas. Mais c’est un jour d’identification aux otages, un jour de solidarité, qui renforce les otages et qui amplifie les cris de ceux dont les voix ne peuvent pas être entendues. Il n’y a plus de temps à perdre – nous devons agir immédiatement pour les ramener tous à la maison. »
Le jeûne durera 500 minutes, de 11h40 à 20h00 – ou du lever au coucher du soleil. À la fin du jeûne, un rassemblement sera organisé sur la Place des Otages avec la participation des familles des otages.

500 jours de vertige national
L’ancien chef d’état-major de Tsahal et actuel député, Gadi Eisenkot, a été membre du cabinet de sécurité et du gouvernement pendant une partie de la guerre. Il a aussi perdu son fils, Gal Eisenkot, tué lors de la campagne militaire à Gaza. Ce matin, il a été interviewé par Nadav Eyal dans le Yedioth Ahronoth. Un entretien sans complaisance.
« Si Netanyahu ne saisit pas l’immense importance du retour des otages s’agissant de la sécurité d’Israël, ce sera une tragédie pour des générations », a affirmé Eisenkot. « La priorité absolue, c’est de mettre en œuvre dès aujourd’hui la deuxième phase de l’accord sur les otages et de ramener les captifs chez eux. Il ne reste que 42 jours. Parallèlement, nous devons parvenir à clairement faire comprendre que l’avenir de Gaza ne passera pas par une présence quelconque du Hamas au sein du gouvernement. »

Eisenkot a eu des mots très durs pour Netanyahu. « Ce qui l’a caractérisé au cours de ces 500 jours, c’est un manque de réalisme », a déclaré le député. « Si Netanyahu ne ramène pas les otages vivants et s’il adopte, au même moment, une loi qui permettra à des dizaines de milliers [de membres de la communauté ultra-orthodoxe] d’échapper au service militaire simplement pour s’assurer du renforcement de sa coalition, alors il deviendra un Premier ministre qui aura gravement porté atteinte à la résilience nationale – au point qu’il ne sera plus apte à exercer la fonction de Premier ministre ».
Eisenkot a ajouté : « Netanyahu est dans une sorte de vertige. Il ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est faux, il ne sait plus quand il fait jour et quand il fait nuit. Quand un pilote a le vertige, son équipe lui crie : ‘Le noir est en haut, le blanc est en bas’. Il faut que quelqu’un le crie à Netanyahu ».
500 jours d’un cauchemar permanent
Les familles des otages qui ont été récemment libérés et celles qui vivent encore dans la peur et l’incertitude ont parlé ce matin des souffrances que leurs proches ont endurées et qu’ils continuent de ressentir.
« Les otages qui sont revenus nous ont dit qu’ils avaient vu Matan. Ils ont dit qu’il était gravement blessé à la main », a confié à Ynet Ophir Angrest, le frère cadet de l’otage Matan Angrest. « Au 500e jour de cette agonie, j’espère que tout le monde s’arrêtera, ne serait-ce qu’un instant, pour fermer les yeux une minute et pour réfléchir à ce que cela signifie de rester 500 jours sous terre, avec une famille qui ignore dans quel état vous êtes, qui ignore même si vous avez à votre disposition de la nourriture et de l’eau. »

La famille d’Alon Ohel a également reçu des informations alarmantes sur son état de santé. « Il a des éclats d’obus dans l’œil et il risque de perdre complètement la vue », a dit sa mère, Idit Ahel. « Pour l’instant, il ne voit que des ombres. Il ne voit presque rien. S’il n’est pas soigné rapidement, il ne pourra plus rien voir du tout. Nous savons qu’il est enchaîné, parfois même avec les mains liées. Ce sont des conditions de captivité extrêmement dures. Ce ne sont pas des conditions humaines ».
Avital Dekel Chen, l’épouse de Sagui Dekel Chen, qui a été remis en liberté samedi, a raconté lors d’une conférence de presse organisée dimanche à l’hôpital Sheba que Sagui n’avait pas vu la lumière du jour depuis son enlèvement – et ce jusqu’à sa libération. Ce n’est que le jour de sa libération qu’il a appris que sa famille était en vie.
Elle a raconté que son mari lui avait ensuite dit : « C’est une bonne chose que les gens comptent les jours, mais il est plus juste de dire que nous avons vécu 43 millions de secondes d’enfer. Les otages ne comptent pas les jours, ni même les minutes ou les heures. Ils comptent les secondes ».
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