À Paris, une exposition pro-palestinienne secoue le Palais de Tokyo
Sandra Hegedüs-Mulliez, mécène de l'établissement depuis quinze ans, décide de quitter l’administration du musée parisien en raison de ses dérives idéologiques
Dans le monde très feutré de l’art contemporain, l’annonce fait l’effet d’une bombe. Après quinze ans de mécénat et d’implication au sein du Palais de Tokyo, à Paris, la collectionneuse Sandra Hegedüs-Mulliez a claqué la porte. Elle a ainsi démissionné du conseil d’administration de l’association des Amis du Palais de Tokyo.
L’intéressée a annoncé son départ sur sa page Instagram le 6 mai dernier : « Les choses ont changé et je ne veux pas être associée à la nouvelle orientation très politique du Palais. La programmation semble désormais dictée par la défense des ‘causes’, très orientées (wokisme, anti-capitalisme, pro-Palestine, etc) », a-t-elle expliqué.
« La dernière exposition sur la Palestine qui proposait, sans mise en perspective, des points de vue biaisés et mensongers sur l’histoire de ce conflit, donnant la parole, sans contradiction, à des propos racistes, violents et antisémites a été la goutte d’eau », a-t-elle ajouté.
En quelques heures, Sandra Hegedüs-Mulliez a récolté plus de 13 000 likes et plus de 500 commentaires de soutien.
Elle faisait référence dans son message à l’exposition « Passé Inquiet : Musées, Exil et Solidarité », programmée jusqu’au 30 juin 2024 et présentée sur le site du musée comme l’expression du « soutien d’artistes à des luttes d’émancipation de peuples, notamment en Palestine ». L’exposition montre notamment un fascicule incitant les enfants palestiniens à la lutte armée et un film documentaire qualifiant l’État d’Israël de « terroriste ».
Cette démission n’a pas laissé insensible. Dans une tribune publiée par le journal Le Monde le 13 mai, une série de personnalités tels que l’ancien ministre de la Culture Jack Lang et le dramaturge Emmanuel Demarcy-Mota ont fustigé la décision de Sandra Hegedüs-Mulliez : « Tout comme l’art et les artistes, nos institutions culturelles doivent rester libres, sous peine de disparaître », ont-ils écrit.
Toujours sur son compte Instagram, la collectionneuse a répondu : « Je n’enlève la liberté de personne, simplement, je pratique la mienne. Ils ont le droit d’organiser ce qu’ils veulent comme expo, et j’ai le droit de ne pas être d’accord. C’est très important d’avoir une liberté des deux côtés. En m’agressant, ça conforte ma décision, ces gens ont une vérité à eux qui n’est pas discutable. »
De son côté, le Palais de Tokyo, par l’intermédiaire de son directeur Guillaume Désanges, cité par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, a assuré que sa programmation « n’est pas partisane ». Il ajoute que l’exposition actuelle avait été programmée en 2022, bien avant les attentats du Hamas du 7 octobre 2023.