Après leur libération, les trois otages évoquent la torture physique et psychologique que le Hamas leur a fait subir
Yaïr Horn a été détenu avec son frère Eitan au début de la captivité, mais il ne l'a pas revu depuis ; Sagui Dekel-Chen a été marqué par la torture ; Sasha Trufanov a été détenu seul et a appris à parler et à lire l'arabe

Les trois otages qui ont été libérés par le Hamas à Gaza samedi après 498 jours de captivité ont subi des maltraitances physiques et ils n’ont pas été tenu au courant du sort de leurs proches, d’après les bribes d’information qui ont jusqu’à présent été partagées par leurs familles aux médias israéliens.
Les informations révélées par la chaîne d’information N12, la Treizième chaîne et la radiodiffuseur public Kan ont été transmises par les otages libérés à leurs familles, puis autorisées à la publication par la censure militaire.
Sagui Dekel-Chen, Sasha Trufanov and Yaïr Horn ont tous les trois été capturés au kibboutz Nir Oz durant l’assaut mené par le Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d’Israël, au terme duquel plus de 1 200 personnes ont été tuées et 251 ont été prises en otage.
Dekel-Chen et Horn ont été conservés en otages par le Hamas, tandis que Trufanov a été détenu par son allié, le Jihad islamique palestinien.
Ils ont été libérés au terme d’une période d’incertitudes et de doutes après que le Hamas a accusé Israël, en début de semaine, de ne pas avoir respecté ses obligations en matière d’aide humanitaire. Le groupe avait ensuite annoncé suspendre les libérations d’otages prévues par l’accord de cessez-le-feu. De son côté, Israël a rejeté les accusations de violations de l’accord et menacé de reprendre les combats à Gaza.
Le groupe terroriste a finalement fait marche arrière jeudi et il a communiqué à Israël, par l’intermédiaire de médiateurs qataris et égyptiens, l’identité des trois otages qui devaient être libérés samedi.
Bien que les trois hommes aient paru amaigris et pâles et que Yaïr Horn ait semblé boiter, ils sont apparemment en meilleure condition physique que les trois otages gravement émaciés qui ont été libérés la semaine dernière sur des images qui ont choqué Israël et déclenché une vague de colère.

Tous trois ont été détenus à Khan Younès pendant toute la durée de leur captivité, à quelques centaines de mètres seulement de leur domicile dans le kibboutz Nir Oz. Bien qu’ils aient été principalement détenus dans des tunnels, ils ont été emmenés dans des appartements juste avant leur libération, a rapporté Kan.
Tous ont appris à parler l’arabe au cours des 498 jours passés à Gaza, et Trufanov a également appris à le lire, selon N12.
Dekel-Chen et Horn ont été détenus avec d’autres otages à différents moments de leur captivité, notamment Horn qui, à un moment donné, a été détenu avec son frère Eitan Horn, qui ne figure pas sur la liste des otages à libérer lors de la première phase de l’accord de cessez-le-feu et de libération d’otages. Les deux frères n’ont pas été détenus ensemble récemment.
Après avoir été séparé de son frère, Yaïr Horn a été contraint par ses ravisseurs de filmer une vidéo dans laquelle il parlait d’Eitan, a rapporté Kan.
Il a perdu 10 kg et, comme les autres otages, n’a reçu pratiquement aucun traitement médical.
Néanmoins, l’hôpital Sourasky de Tel Aviv a déclaré que son état général était stable et qu’il pourrait se concentrer sur ses retrouvailles avec sa famille et ses amis avant de subir des tests et des traitements plus approfondis.
Lors de sa libération, les ravisseurs de Horn lui ont offert un sablier avec une photo d’Einav Zangauker, dont le fils Matan est retenu en otage et qui est devenu une figure de proue du mouvement pour le retour des otages. Selon Kan, Tsahal prévoit de lui remettre le sablier.

Dekel-Chen, qui a été enlevé alors qu’il combattait des terroristes avec l’équipe de sécurité du kibboutz le 7 octobre 2023, a été détenu dans un hôpital de Gaza pendant les premières semaines de sa captivité, a rapporté N12. Il était détenu avec d’autres otages, dont Itzik Elgarat.
Il a été « torturé pendant des interrogatoires » par ses ravisseurs, a indiqué N12, et son corps porte des cicatrices. Il a également été blessé par balle à l’épaule le 7 octobre.
Ce citoyen israélo-américain a été coupé du monde extérieur, sans accès aux médias ou à l’information, et ne savait pas ce qu’il était advenu de sa famille.
Il « pleurait et pleurait » en pensant à eux, craignant le pire, mais « gardait espoir pour eux et était optimiste ».
Sa femme Avital était enceinte de sept mois le 7 octobre lorsqu’il a été capturé et elle a accouché en décembre 2023. Ses ravisseurs l’ont informé récemment qu’il avait une fille née lors de sa captivité, a rapporté Kan, et lui ont donné des boucles d’oreilles pour sa femme. Il n’a pas cru ce que les terroristes lui ont raconté et il a demandé aux représentants de Tsahal qu’il a rencontrés dès sa libération de confirmer la nouvelle.
La vidéo des retrouvailles entre Dekel-Chen et Avital montre le moment émouvant où il a découvert le nom de sa troisième fille.
« Tu te souviens comment tu l’avais appelée ? », a demandé Avital à Sagui, en référence au surnom qu’il avait donné à son petit ventre rond.
« Mazal ! » s’est-il exclamé, surpris.
« Ben c’est comme ça qu’elle s’appelle, Shachar Mazal », a répondu Avital.
« C’est parfait », a-t-il dit.
Shachar signifie « aube » en hébreu ; Mazal signifie « chance ».
Il n’a découvert l’accord de libération des otages et de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas que deux jours avant sa libération, au moment où il a appris qu’il allait être libéré, a indiqué N12.

Contrairement à l’heureuse nouvelle qui attendait Dekel-Chen à sa libération, Sasha Trufanov est revenu en Israël pour découvrir que son père Vitaly avait été tué le 7 octobre. Il a fondu en larmes en apprenant la nouvelle par des représentants de Tsahal.
Trufanov était détenu seul, comme les otages précédemment libérés Gadi Moses et Arbel Yehud, tous deux conservés en captivité par le Jihad islamique palestinien.
En captivité, il n’a pas été exposé à la télévision ou à la radio et il n’avait aucune idée que sa famille se battait pour sa libération. Cependant, il avait entendu la radio au moment de la première trêve d’une semaine en novembre 2023, et il avait découvert que sa mère Yelena et sa petite-amie Sapir Cohen avaient été libérées. Sa grand-mère Irena Tati avait également été prise en otage et avait été libérée après une cinquantaine de jours de captivité.

Dix-neuf otages israéliens ont été libérés à ce jour dans le cadre de l’accord de libération des otages entré en vigueur le mois dernier : quatre femmes civiles, cinq soldates de Tsahal et dix hommes civils. En outre, cinq otages thaïlandais ont été libérés en dehors du cadre de l’accord sur les otages israéliens.
Quatorze autres otages israéliens devraient être libérés au cours de la phase 1 de l’accord avec le Hamas, dont huit ont été déclarés morts par le groupe terroriste.
Le Hamas a libéré 105 civils au cours de la trêve d’une semaine fin novembre 2023, et quatre otages avaient été libérés avant cela.
Huit otages ont été sauvés vivants par les troupes israéliennes, et les corps sans vie de 40 autres otages ont également été retrouvés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée israélienne alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande en 2014 et 2015, ainsi que le corps d’un soldat de Tsahal tué en 2014. Le corps d’un autre soldat de Tsahal, également tué en 2014, a été récupéré à Gaza en janvier.