Après s’être rendu dans l’otef Aza, le père Desbois fustige la « propagande » anti-Israël

Après avoir récemment visité les communautés frontalières de Gaza dévastées par l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, le père Patrick Desbois, pillier dans la recherche sur la Shoah, a estimé que l’État juif devrait juger les terroristes.

« Nous devons montrer les crimes, mais nous devons aussi nommer les criminels », a déclaré Desbois. « Sans criminels, il n’y a pas de crimes », a déclaré Desbois au Times of Israel après son retour en France.

Expert internationalement reconnu dans l’identification des génocides modernes, le prêtre catholique français était en Israël pour commémorer le massacre du Hamas du 7 octobre 2023, au cours duquel 1 206 Israéliens et ressortissants étrangers ont été assassinés et 251 personnes ont été prises en otage.

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Il est connu pour ses méthodes innovantes visant à faire éclater la vérité et à obtenir justice pour les victimes de massacres, de la Shoah aux Yazidis assassinés par l’État islamique.

En 2007, Desbois a publié Porteur de mémoires. Sur les traces de la Shoah par balles. Depuis, les historiens ont adopté l’expression « Shoah par balles » pour désigner les centaines de massacres en plein air perpétrés par les nazis en Europe de l’Est avant la construction des camps d’extermination en 1942.

Compte tenu de son expertise en matière de massacres, Desbois s’est dit scandalisé par les nombreuses accusations selon lesquelles Israël commettrait un « génocide » à l’encontre des Palestiniens de Gaza.

Le père Patrick Desbois visite la Place des Otages à Tel Aviv pour la commémoration du premier anniversaire du massacre du 7 octobre 2023, octobre 2024. (Crédit : B’nai B’rith International)

« Je pense que l’accusation de génocide est de la propagande [anti-israélienne]. Pourquoi personne ne demande si Bashar el-Assad, à Damas, a commis un génocide contre son propre peuple ? »

Dans ses enquêtes sur les génocides modernes, Desbois interroge des témoins oculaires et recueille des preuves matérielles. Pour localiser certains sites de massacres de la Shoah, par exemple, ses collaborateurs ont recherché des douilles de balles usagées en se basant sur les indications fournies par les témoins oculaires des massacres.

En utilisant les mêmes techniques dans les montagnes du nord de l’Irak, Desbois a jusqu’à présent localisé 30 charniers de Yazidis assassinés par l’État islamique.

Certaines des preuves recueillies par Desbois en Irak ont été utilisées en Belgique pour poursuivre des terroristes islamistes après leur retour en Europe. Il a enregistré de nombreux exemples de membres de l’État islamique endoctrinant des garçons de sept ans au terrorisme, ainsi que des jeunes filles vendues comme esclaves plus d’une vingtaine de fois chacune.

Au total, Desbois et son organisation – Yahad-In Unum (Ensemble en un) – ont interrogé 450 réfugiés yazidis. Le prêtre a fait remarquer que de nombreux terroristes islamiques rentrent en Europe en provenance du Moyen-Orient et tentent de se laver les mains des atrocités qu’ils ont commises à l’étranger au nom de l’État islamique. Il a établi un parallèle avec les nazis.

Le père Patrick Desbois visite le site du massacre du Hamas au Kibboutz Beeri pour la commémoration d’un an du massacre du 7 octobre 2023, octobre 2024. (Crédit : B’nai B’rith International)

« [Les militants] reviennent maintenant [en Europe] et disent qu’ils n’ont rien fait, comme l’ont fait les nazis [après la Shoah] », a décrit Desbois.

Au cours d’une série de réunions en Israël, Desbois a exhorté les responsables à appliquer certaines des leçons qu’il a apprises au cours de ses 25 années d’enquête. Il s’agit notamment d’identifier et de nommer les auteurs dans les instances publiques, ainsi que d’examiner les motivations des « voisins », terme utilisé par Desbois pour désigner les passants et les témoins oculaires.

Selon Alan Schneider, de B’nai B’rith International, qui a accueilli Desbois en Israël, ces réunions ont ouvert de « nouvelles voies potentielles pour la poursuite de terroristes anti-israéliens ».

« J’essaie de faire ce que personne ne fait »

Plus tôt dans sa carrière, Desbois a rendu publics les noms de 150 Allemands qui étaient des officiers SS responsables du plus grand massacre de la Shoah. Dans un ravin situé à l’extérieur de Kiev, appelé Babyn Yar, les SS et leurs collaborateurs ont abattu 33 770 Juifs en l’espace de deux jours.

Desbois a expliqué que sa décision de publier les noms d’anciens officiers SS avait suscité de vives réactions. Mais ne pas publier les noms des auteurs de la Shoah « aide les négationnistes », a-t-il avancé.

Le père Patrick Desbois se rend sur le site du massacre de Nova pour une commémoration d’un an du massacre du 7 octobre 2023, au début du mois d’octobre 2024. (Crédit : B’nai B’rith International)

En Irak, de nombreuses personnes pensent que l’Etat islamique est une invention des États-Unis ou d’Israël, a déclaré Desbois. Ainsi, l’identification publique des auteurs permet d’empêcher l’idéologie islamiste de combler le vide, a ajouté Desbois.

Desbois a révélé que l’une de ses visites les plus troublantes en Israël a eu lieu au kibboutz Beeri, où 132 Israéliens ont été assassinés. Le prêtre a traversé plusieurs maisons réduites en cendres par les terroristes du Hamas.

Desbois a vu les mots peints à la bombe en arabe sur un mur : « Mort aux sionistes, sous le nom d’Abu Ali ».

« Il l’a signé », a souligné Desbois, en faisant référence au terroriste. « Ces personnes seront connues dans leur famille pendant des générations pour avoir tué des Juifs », a-t-il ajouté. »

Grâce à sa présence sur les réseaux sociaux le 7 octobre, le Hamas « a fait de la publicité pour une grande partie de ses actions et a montré qu’il était facile de le faire », a déclaré Desbois.

« Il y a eu de grandes célébrations à Istanbul et à Bagdad », a déclaré Desbois. « L’idéologie détruit le cerveau des personnes qui commettent ces actes. Ils pensent que c’est un devoir sacré de tuer des Juifs », a analysé Desbois.

Le père Patrick Desbois visite le site du massacre du Hamas au Kibboutz Beeri pour la commémoration d’un an du massacre du 7 octobre 2023, octobre 2024. (Crédit : B’nai B’rith International)

Desbois s’est déjà rendu en Israël et travaille en étroite collaboration avec le mémorial officiel de la Shoah, Yad Vashem. Il a déclaré qu’il aimait l’État juif et qu’il était troublé par la multitude d’ennemis qui se dressent contre lui.

« Nous vivons une époque dangereuse », a déclaré Desbois.

Desbois a fait part de son souhait de retourner en Israël pour enquêter sur le meurtre d’Israéliens bédouins lors du pogrom du 7 octobre.

« Cinquante d’entre eux sont morts ce jour-là. Le Hamas ne tue pas seulement les Juifs », a rappelé Desbois.

Interrogé sur les raisons pour lesquelles il souhaite se concentrer sur les victimes bédouines, Desbois a déclaré : « Personne ne se préoccupe de leur sort. J’essaie de faire ce que personne ne fait ».