Israël en guerre - Jour 339

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« Arrêtez de nous accuser », lance une survivante du 7 octobre à une commission de l’ONU

Sabine Taasa, dont le mari et le fils ont été assassinés par le Hamas, décrit les horreurs du massacre à un groupe d'experts sur les droits de l'enfant et l'exhorte à se concentrer sur la jeunesse israélienne, et pas seulement sur celle de Gaza

Sabine Taasa, survivante du 7 octobre, pose pour une photo dans une maison à Netanya, le 28 janvier 2024. (Crédit : MARCO LONGARI / AFP)
Sabine Taasa, survivante du 7 octobre, pose pour une photo dans une maison à Netanya, le 28 janvier 2024. (Crédit : MARCO LONGARI / AFP)

Sabine Taasa, une Franco-Israélienne qui a perdu son mari et son fils de 17 ans pendant l’attaque du Hamas du 7 octobre, a exhorté mercredi les experts de l’ONU à cesser de blâmer Israël pour la guerre et à se concentrer sur le traumatisme infligé aux enfants israéliens.

« J’ai besoin que vous nous aidiez et j’ai besoin qu’on arrête de nous accuser aussi », a lancé cette femme de 48 ans, dont le fils a été filmé en train de mourir par ses meurtriers.

Avant que des hommes armés du groupe terroriste islamiste palestinien n’envahissent la maison de Sabine Taasa à Netiv HaAsara, un village du sud d’Israël, son fils aîné, Or, qui se rendait à la plage, l’a appelée au téléphone.

Il semblait terrifié mais l’a exhortée à ne pas s’en faire, a témoigné cette mère de quatre enfants devant le Comité des droits de l’enfant des Nations unies à Genève.

« Mon fils a été assassiné à 6h45. Son dernier appel est enregistré. Maman, ne t’inquiète pas. Maman, je te promets, tout va bien se passer. Et je sens comment il tremble. Il tremble. Deux secondes après, il a été assassiné », a raconté Sabine Taasa.

« Ils ont filmé comment ils tuent mon petit garçon, mon petit garçon de 17 ans. Est-ce que c’est normal ? Un enfant de 17 ans, six balles dans la tête », a-t-elle interrogé devant les experts présents, auxquels elle a décrit les horreurs du 7 octobre.

Or Tasa et Gil Tasa, fils et père abattus en deux endroits distincts par des terroristes palestiniens du Hamas le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

Profond traumatisme

A peu près au moment où ce drame se déroulait, des terroristes du Hamas sont entrés dans sa maison.

Pour riposter, son mari Gil, un pompier âgé de 46 ans, a saisi son arme de poing. Les terroristes ont alors lancé une grenade et il s’est jeté dessus pour protéger ses enfants.

Deux de leurs fils ont alors été blessés.

Le plus jeune, Shay, qui a aujourd’hui neuf ans, a eu un œil arraché et a définitivement perdu la vue de cet oeil.

Les trois fils survivants de Sabine Taasa sont profondément traumatisés, a confié cette femme à l’AFP après son intervention.

Shay « ne peut pas dormir sans moi. Il a besoin de moi 24 heures sur 24, sept jours sur sept », a-t-elle insisté, tandis que son téléphone s’est soudain mis à sonner.

Son fils l’appelle « toutes les minutes » et si une heure s’écoule sans qu’ils se parlent, il lui assène : « Maman, j’étais presque sûr qu’il t’était arrivé quelque chose de mal. Je ne veux pas que tu meures ».

Avant son témoignage, le même comité avait réclamé qu’Israël veille à ce que les droits des enfants soient respectés non seulement à Gaza mais aussi en Cisjordanie.

Plusieurs des 18 experts indépendants de cet organisme ont exprimé leur profonde inquiétude quant à la situation des mineurs vivant dans la bande de Gaza, où, selon le Hamas, plus e 40 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 17 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.

Israël affirme s’efforcer de minimiser les pertes civiles et souligne que le Hamas utilise les Gazaouis comme boucliers humains, en menant ses combats depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.

La guerre à Gaza a été déclenchée lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 251 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.

Marqués à vie

Sabine Taasa a appelé la commission à « comprendre ce que c’est un enfant et pas qu’un enfant de Gaza, un enfant en Israël qui vit avec un traumatisme et des marques pour toute la vie ».

« Ces enfants sont le futur d’Israël, le futur du monde. Si on ne s’occupe pas d’eux dès maintenant et on (ne) les guérit (pas), on n’aura pas de futur dans ce monde ». « Nous ne sommes pas des criminels », ce sont les hommes du Hamas qui sont « des terroristes, des diables qui tuent des enfants, des femmes, des hommes, des personnes âgées (…) », s’est-elle emportée.

Sabine Taasa, qui soutient l’objectif affiché du gouvernement israélien de « détruire le Hamas », a déclaré à l’AFP qu’elle espérait que son témoignage aiderait à susciter « un peu de compréhension » de la part de ses interlocuteurs. « Nous n’avons pas demandé cette guerre », s’est-elle exclamée.

Ahmed Fawzi Nasser Muhammad Wadiyya, un commandant de la Nukhba du Hamas qui a dirigé le massacre du moshav Netiv Ha’asara le 7 octobre 2023, sur des images de vidéosurveillance de l’attaque de ce jour-là. (Crédit : armée israélienne)

La veille, l’armée israélienne a annoncé avoir abattu huit terroristes du Bataillon Daraj Tuffah, dont Ahmed Fawzi Nasser Muhammad Wadiyya, qui a dirigé l’invasion de Netiv Haasara et qui a été filmé à l’intérieur de la maison des Taasa, en train de siroter un Coca-Cola volé dans le frigo familial, quelques instants après avoir assassiné Gil Taasa.

Waddiya a franchi la frontière en parapente et a supervisé le massacre de 22 des 900 habitants de la communauté.

« Je me souviens de lui. Il était très laid », dit Sabine Taasa à l’AFP, ajoutant qu’elle est « très satisfaite » qu’il ait été tué mais qu’elle ne se sentira « pas heureuse » tant que « nous n’aurons pas attrapé (le chef du Hamas Yahya) Sinwar et que nous ne l’aurons pas tué ».

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