Explosion d’une voiture à Ramle ; quatre morts dont trois enfants
La police cherche à savoir si le véhicule ou les magasins voisins ont été la cible d'une attaque criminelle ou terroriste ; le chef de la police s'engage à "poursuivre tous les responsables" ; Ben Gvir rejette la faute sur la procureure générale
Une explosion qui s’est produite jeudi à Ramle, dans la ville du centre, a tué quatre personnes et en a blessé neuf autres, dont plusieurs ont été blessées dans l’incendie déclenché par cette attaque et qui s’est propagé à deux magasins voisins.
La police a indiqué que l’explosion serait d’origine criminelle et qu’il ne s’agissait pas d’un attentat terroriste.
Sur les lieux jeudi soir, le chef de la police israélienne, Daniel Levy, a promis de « poursuivre tous les responsables. Nous, la police israélienne, avons fait une promesse que nous nous engageons à tenir, à savoir poursuivre tous les criminels, tous ceux qui cherchent à nuire à des citoyens ou à des innocents ».
Levy, qui a prêté serment il y a quelques semaines, a dit que cette réalité dans laquelle des « innocents faisant leurs courses » sont blessés dans des explosions, « ne peut être tolérée dans l’État d’Israël ».
Les quatre victimes qui ont été tuées ont été identifiées plus tard par la presse israélienne comme étant Daa Abu Halawa, 50 ans, et ses deux enfants Sila, 14 ans, et Muhammad, 10 ans, ainsi que Leen Mugrabi, 14 ans. Un bébé de deux mois a été grièvement blessé, selon le Magen David Adom (MDA) , et est actuellement soigné à l’hôpital Shamir.
פיצוץ רכב ברמלה: 5 עוברי אורח נפצעו, חנויות עולות באש
יממה לאחר ששני בני אדם נרצחו, רמלה שוב בוערת: פיצוץ עז אירע ליד השוק, 5 עוברי אורח נפגעו קל עד בינוני. הרקע ככל הנראה פלילי pic.twitter.com/wRURCm53yH— יוני בן מנחם yoni ben menachem (@yonibmen) September 12, 2024
Le MDA a déclaré que treize victimes présentes sur les lieux ont été transportées à Shamir et à l’hôpital Kaplan pour y être soignées. Shamir a fait savoir jeudi soir que quatre des victimes étaient décédées et qu’une cinquième, le bébé, restait dans un état de santé critique, tandis que cinq autres victimes étaient modérément ou légèrement blessées.
Plusieurs personnes ont été blessées après s’être réfugiées dans deux magasins voisins à la suite de l’explosion, et ont été blessées dans l’incendie provoqué par l’explosion.
Selon les premiers rapports de police, l’explosion n’aurait pas été causée par une bombe placée sur la voiture, mais pourrait avoir été déclenchée par un cocktail Molotov ou une grenade. La ou les personnes visées par l’attentat n’ont pas encore été identifiées.
Selon la chaîne publique Kan, la police soupçonne que l’explosion est liée à un conflit en cours entre les familles criminelles Jarushi et Abu Zaid, et que la voiture et les magasins seraient connectés à la famille Jarushi.
Benny Cohen, un secouriste du MDA, a indiqué qu’il était arrivé sur les lieux et avait constaté « beaucoup d’agitation autour de la voiture qui avait explosé et pris feu ».
Alors que l’équipe administrait des soins, « le feu s’est propagé à un magasin voisin ». La voiture en feu était garée à côté de l’entrée du magasin, empêchant les personnes à l’intérieur de sortir. Les pompiers sont intervenus pour secourir les victimes du magasin et de l’immeuble résidentiel situé au-dessus, qui ont été ramenées inconscientes, a ajouté Cohen.
Depuis la scène de l’explosion, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a affirmé que l’explosion était « le résultat de plusieurs dizaines d’années de négligence face à la criminalité dans le secteur arabe ». Il a également reproché à la procureure générale Gali Baharav-Miara d’avoir rejeté sa demande de recourir à la détention administrative contre les délinquants criminels.
« La procureure générale a refusé ma demande de placer les criminels en détention administrative », a-t-il déclaré aux journalistes. « Si nous pouvions agir dès ce soir et arrêter toutes les familles criminelles, tous les criminels, cela changerait la situation. »
Il a affirmé que la police « savait exactement qui ils sont » et qu’il avait remis à la procureure générale une liste de personnes qui, selon lui, devraient être placées en détention sans procès. « La détention administrative doit être utilisée contre les familles criminelles », a-t-il répété.
Le bureau de la procureure générale a expliqué que la demande de Ben Gvir d’utiliser un outil aussi radical, à savoir la détention de suspects sans inculpation pour des périodes indéfiniment renouvelables pouvant aller jusqu’à six mois, représentait une « menace pour la démocratie ».
La détention administrative est un outil controversé par lequel les suspects terroristes palestiniens et, plus rarement, les suspects terroristes juifs, sont détenus sans inculpation ni procès.
Cet outil est généralement utilisé lorsque les autorités disposent de renseignements reliant un suspect à un crime, mais n’ont pas suffisamment de preuves pour que les accusations soient retenues devant un tribunal. Les critiques affirment que cette politique prive les prisonniers d’un procès légal, en bonne et due forme, et les organisations de défense des droits de l’homme ont averti qu’il s’agissait d’une violation des droits civiques.
Ben Gvir dénonce depuis longtemps l’utilisation de cet outil contre des suspects juifs d’extrême droite, tout en cherchant à étendre son utilisation ailleurs.
Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a accusé Ben Gvir de toujours chercher à rejeter la responsabilité de ses échecs sur les autres.
« Ben Gvir se trouve sur une scène de crime où le sang continue de couler et, au lieu d’assumer ses responsabilités, il ne peut s’empêcher – comme toujours – de se plaindre de la procureure générale », a écrit Lapid. « Des ministres ont échoué avant lui, mais c’est le premier qui a fait carrière dans l’échec ».
D’autres responsables politiques ont par le passé accusé Ben Gvir de ne pas avoir réussi à endiguer la violence au sein de la communauté arabe israélienne.
L’explosion s’est produite moins d’un jour après deux meurtres à Ramle et une semaine après l’explosion d’une voiture dans la ville, qui a tué un homme soupçonné d’avoir des liens avec des organisations criminelles.
Nombre de dirigeants de la communauté arabe israélienne attribuent la responsabilité de l’augmentation du nombre de meurtres à la police, selon eux, impuissante face aux puissantes organisations criminelles, ou qui ignore tout simplement les violences perpétrées, qui comprennent les querelles familiales, les guerres de territoire entre mafias et la violence à l’égard des femmes.
Ben Gvir a pris ses fonctions fin 2022 en promettant de sévir contre ces crimes, mais les homicides n’ont pas diminué, 109 membres de la communauté arabe ont été assassinés dans des crimes violents au cours du premier semestre 2024, selon l’organisme de surveillance anti-violence Abraham Initiatives.