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Avec Trump, le climatoscepticisme fait un retour triomphal

Conséquence immédiate, sans même attendre son investiture en janvier : la voix des négociateurs américains à la COP29, qui s'ouvre lundi en Azerbaïdjan, s'en trouvera affaiblie

Le candidat républicain victorieux à la présidence, l'ancien président Donald Trump, faisant un signe de la main alors qu'il marche avec l'ancienne première dame Melania Trump lors d'une soirée de veille de l'élection au Palm Beach Convention Center, à West Palm Beach, en Floride, le 6 novembre 2024 (Crédit : Evan Vucci/AP)
Le candidat républicain victorieux à la présidence, l'ancien président Donald Trump, faisant un signe de la main alors qu'il marche avec l'ancienne première dame Melania Trump lors d'une soirée de veille de l'élection au Palm Beach Convention Center, à West Palm Beach, en Floride, le 6 novembre 2024 (Crédit : Evan Vucci/AP)

L’élection mercredi à la Maison Blanche de Donald Trump, ouvertement climatosceptique et favorable au pétrole, va marquer un tournant à 180 degrés de la politique environnementale et climatique des Etats-Unis et mettre en péril les efforts mondiaux visant à freiner le dérèglement climatique d’origine humaine.

Le républicain a promis durant sa campagne de « forer à tout va » et remis ouvertement en doute la réalité du dérèglement climatique, à rebours de la politique de transition énergétique engagée par son prédécesseur Joe Biden.

« Nous avons plus d’or liquide que n’importe quel pays dans le monde. Plus que l’Arabie saoudite ou la Russie », s’est encore félicité le magnat dans son discours de victoire, en référence au pétrole et au gaz.

Sa victoire va sans aucun doute entraîner un désengagement des Etats-Unis, deuxième plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre, de la diplomatie climatique.

Conséquence immédiate, sans même attendre son investiture en janvier : la voix des négociateurs américains à la COP29, qui s’ouvre lundi en Azerbaïdjan, s’en trouvera affaiblie.

À la fin de son premier mandat, Trump avait retiré les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat de 2015, avant que Biden ne le réintègre en 2021. Le 47e président pourra recommencer dès son entrée à la Maison Blanche le 20 janvier, ce qui rendrait le retrait effectif en janvier 2026.

La vice-présidente Kamala Harris s’exprimant pendant une séance plénière du sommet sur le climat de la COP28, à Dubaï, aux Émirats arabes unis, le 2 décembre 2023. (Crédit : Kamran Jebreili/AP)

Or c’est dans le cadre de cet accord que les Etats-Unis se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici 2030, comparé à 2005. En 2023, cette réduction en était à 18 %, selon le centre de recherche Rhodium Group.

Pour tous les experts, cet objectif s’éloignera avec la victoire de Trump. Avec un impact sur le réchauffement mondial.

« C’est plus grave qu’en 2016 », a jugé auprès de l’AFP Laurence Tubiana, architecte de l’accord de Paris. « Il faudra une mobilisation sans précédent pour que le choc de la décision américaine n’impacte pas d’autres pays devenus réticents à accélérer l’action », selon elle, appelant l’Europe à s’engager davantage.

Un retrait américain de la diplomatie climatique pourrait potentiellement donner à d’autres gros pollueurs comme la Chine et l’Inde une excuse pour réduire leurs propres plans.

Le scientifique Johan Rockström, de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat (PIK), s’inquiète pour sa part d’une « pause de quatre ans qu’on ne peut pas se permettre durant cette décennie critique ».

« Le résultat de l’élection américaine aura des répercussions sur l’ensemble de la planète », a déclaré à l’AFP Leah Stokes, politologue à l’Université de Californie à Santa Barbara, spécialisée dans le climat.

Les efforts pour freiner le dérèglement et se protéger contre les impacts de plus en plus coûteux du changement climatique « sont en jeu », en particulier pour les nations pauvres et vulnérables, estime Joyce Banda, l’ancienne présidente du Malawi.

Normes révoquées

Des passants devant une affiche du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salman, accompagnée d’une légende évoquant Saudi Vision 2030, devant un centre commercial, à Jeddah, en Arabie saoudite, le 6 décembre 2019. (Crédit : Amr Nabil/AP)

Une analyse du média spécialisé Carbon Brief en mars estimait qu’une victoire de Trump pourrait entraîner l’émission supplémentaire, d’ici à 2030, de 4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par rapport aux Démocrates – soit les émissions annuelles de l’Europe et du Japon. Avec une traduction directe dans le niveau de réchauffement mondial.

Trump s’est également engagé à « annuler tous les fonds non dépensés » de la loi climatique phare de Biden (dite « IRA »), qui a permis d’injecter des centaines de milliards de dollars dans des crédits d’impôt et des investissements dans les énergies propres.

Autres promesses : annuler le moratoire sur les nouveaux terminaux d’exportation de gaz fossile liquéfié (GNL) ou encore les nouvelles réglementations sur les émissions des voitures visant à accélérer le passage à l’électrique.

D’autres normes récentes, notamment sur les limites aux émissions de CO2 des centrales à charbon, pourraient être renversées sans même avoir à passer par le Congrès américain.

Mais ces procédures prendront du temps – au moins des mois, voire davantage, et seront vraisemblablement combattues devant les tribunaux.

Malgré les violents ouragans récents, le républicain, dans les derniers jours de campagne, a réaffirmé que le problème du changement climatique n’existait pas : « Il ne s’agit pas d’un dérèglement climatique, car à certains moments, la température commence à baisser un peu, comme aujourd’hui. »

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