Ben Gvir cherche à maintenir son influence sur le maintien de l’ordre, malgré sa démission
Un officier supérieur déclare que la police sera toujours dominée par « l'esprit » de l'ex-ministre de la Sécurité nationale d'extrême-droite

Le ministre sortant de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a officiellement pris congé de son poste mardi matin, alors que lui et le reste de son parti avaient décidé de quitter le gouvernement pour protester contre l’accord de cessez-le-feu à Gaza.
Mais malgré sa démission officielle, des sources au sein de la police et des services pénitentiaires ont déclaré que Ben Gvir avait l’intention de garder la mainmise sur le processus de prise de décision au sein des forces de l’ordre, et avait promis aux officiers supérieurs qu’il serait bientôt de retour en poste.
Selon une source policière qui s’est confiée au journal Haaretz, Ben Gvir a déclaré à des officiers supérieurs : « Je reviendrai… J’ai l’intention de revenir au ministère et à la police pour terminer ce que j’ai commencé ».
Le ministre sortant a également laissé des instructions écrites aux chefs des agences de sécurité, détaillant ses politiques en matière d’armement civil, concernant le mont du Temple et les prisonniers de sécurité, et les invitant à poursuivre leur mise en œuvre.
Dans le même temps, le commissaire en chef de la police israélienne, Daniel Levy, a reporté de 42 jours une série de nominations aux postes de commandants de grands commissariats de police, « jusqu’à ce que la situation devienne plus claire ».
Selon Haaretz, cette décision a été prise en coordination avec le ministre sortant, qui avait nommé Daniel Levy chef de la police l’été dernier.
Au cours de son mandat, Ben Gvir a remanié les postes de hauts responsables de la police et de l’administration pénitentiaire, ce qui a conduit de nombreuses sources à conclure que la direction des agences lui resterait fidèle, quel que soit son remplaçant.

Un autre officier supérieur a déclaré à Haaretz que « l’esprit de Ben Gvir continuera à dominer [les forces de police] », notant que les gens lui doivent leurs nominations et leurs grades, et que « ce n’est pas quelque chose que l’on oublie rapidement ».
Avant de prendre officiellement congé de son poste, Ben Gvir a distribué aux chefs de la police israélienne, de l’administration pénitentiaire et des services d’incendie et de secours une brochure décrivant son programme (lien en hébreu).
Sur la première page du document, le ministre sortant exhorte les forces de sécurité à « préserver le caractère de l’État tout en renforçant l’application de la loi et la dissuasion », et appelle à une nouvelle augmentation du nombre de civils armés.
L’homme politique ultranationaliste a consacré une section spéciale du document à Jérusalem, où il a exhorté les forces de l’ordre à « renforcer la gouvernance sur le mont du Temple » dans l’intention de « garantir les droits fondamentaux et de prévenir la discrimination et le racisme » sur le site sacré.
Il a également demandé à l’administration pénitentiaire de continuer à « modifier la manière dont les prisonniers de sécurité sont détenus » dans le cadre de la campagne de prévention du terrorisme.
Au cours de ses dernières heures au gouvernement, Ben Gvir a également envoyé une lettre de dernière minute au ministre de l’Intérieur Moshe Arbel, l’exhortant à utiliser son pouvoir en vertu d’une nouvelle loi controversée pour expulser trois résidents de Jérusalem-Est dont les membres de la famille ont perpétré des attaques terroristes.
La lettre de Ben Gvir fait suite à une demande de la police de Jérusalem, le mois dernier, d’organiser une audience d’expulsion pour les trois personnes, qui ont été arrêtées après avoir exprimé leur sympathie à l’égard de groupes terroristes.
En vertu de la loi promue par le parti d’extrême-droite Otzma Yehudit de Ben Gvir, le ministre de l’Intérieur est investi du pouvoir d’expulser un parent au premier degré d’une personne ayant perpétré un attentat terroriste.

La loi s’applique aux personnes soupçonnées d’avoir eu connaissance à l’avance d’un attentat et qui ne l’ont pas signalé à la police ou qui ont « exprimé leur soutien ou leur identification à un acte terroriste ou publié des paroles d’éloge, de sympathie ou d’encouragement pour un acte terroriste ou une organisation terroriste ».
Le ministère de la Justice, le cabinet du procureur-général et les organisations juridiques israéliennes ont exprimé des inquiétudes quant à la législation et à sa validité constitutionnelle, puisqu’elle autorise expressément l’expulsion de citoyens israéliens.
Si Arbel décide de coopérer avec Ben Gvir, ce sera la première fois que la loi sera appliquée.
Sam Sokol a contribué à ce rapport.