Bill Clinton : Les jeunes Américains choqués d’apprendre qu’Arafat a refusé un État palestinien
L'ex-président américain décrit l'accord de paix proposé au défunt dirigeant palestinien et dit qu'il ne faut pas se plaindre lorsqu'on refuse des "opportunités de paix uniques"
L’ancien président des États-Unis, Bill Clinton, a déclaré mercredi que les jeunes Américains d’aujourd’hui « n’arrivent pas à croire » que le défunt dirigeant palestinien Yasser Arafat a renoncé à un État palestinien lors des négociations de paix avec Israël menées sous sa médiation durant son mandat présidentiel.
« Je pense que ce qui s’est passé là-bas au cours des vingt-cinq dernières années est l’une des grandes tragédies du XXIe siècle », a déclaré Clinton au journaliste du New York Times Andrew Ross Sorkin, lors d’une interview accordée dans le cadre du DealBook Summit, lors de la promotion de son nouveau livre, Citizen: My Life After The White House (« Citoyen : Ma vie après la Maison Blanche »).
« Tous [les jeunes Américains] savent que bien plus de Palestiniens ont été tués que d’Israéliens. Lorsque je leur dis ce à quoi Arafat a renoncé, ils n’en reviennent pas », a déclaré l’ancien commandant en chef.
Arafat « a renoncé à un État palestinien avec une capitale à Jérusalem-Est, 96 % de la Cisjordanie et 4 % d’Israël, pour compenser les 4 % [de la Cisjordanie à annexer pour les implantations israéliennes] », a rappelé Clinton, répétant un compte-rendu des négociations de paix des Accords d’Oslo, sur lequel l’ex-président est revenu à maintes reprises dans des interviews et de récentes prises de position.
Les pourparlers, qui visaient à résoudre le conflit israélo-arabe par le biais d’une solution à deux États négociée, ont échoué six semaines seulement avant la fin du second mandat de Clinton.
« Je passe en revue tous les éléments de l’accord, et ils réagissent comme s’il n’avait jamais existé. Ils ne peuvent même pas imaginer que cela s’est produit », a poursuivi Clinton, décrivant ses conversations avec de jeunes Américains bouleversés par le nombre de morts à Gaza lors de la guerre actuelle.
L’ancien président américain a également rappelé le sacrifice consenti par le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, assassiné par un extrémiste juif en Israël pour avoir soutenu le processus de paix.
« Je leur dis que la première et la plus célèbre victime d’une tentative de création d’un État palestinien a été le Premier ministre Rabin, que je pense avoir aimé plus que tous les autres hommes », a déclaré Clinton, répétant une phrase qu’il a souvent utilisée pour décrire sa relation avec le défunt dirigeant israélien.
« Vous renoncez à ces opportunités de paix uniques. Ne venez pas vous plaindre vingt-cinq ans plus tard que toutes les portes sont restées closes et que toutes les possibilités n’ont pas été exploitées. Ce n’est pas possible », a-t-il noté.
Outre ses remarques sur le processus de paix, Clinton a également commenté la survie politique du Premier ministre Benjamin Netanyahu, notant qu’il était resté au pouvoir « plus longtemps que je ne l’aurais imaginé ».
Clinton a estimé que le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, au cours duquel plus de 1 200 personnes ont été tuées, en grande majorité des civils, et 251 personnes ont été prises en otage, avait profité à Netanyahu sur le plan politique, en détournant l’attention des controverses internes.