Le directeur de la cérémonie des J.O. menacé en raison de son identité sexuelle et de ses fausses origines israéliennes
Une enquête pour menaces et propos haineux proférés en ligne contre Thomas Jolly a été ouverte ; l'icône LGBTQ+ de la cérémonie d'ouverture fait aussi l'objet de cyber-harcèlement

Le parquet de Paris a annoncé vendredi que la police avait ouvert une enquête pour incitation à la haine à la suite d’une plainte déposée par le directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, Thomas Jolly, pour des menaces de mort et des insultes visant son identité sexuelle et ses « racines israéliennes supposées à tort ».
Le parquet de Paris a indiqué dans un communiqué que Jolly avait déposé une plainte mardi, quatre jours après la cérémonie d’ouverture, pour menaces de mort, « injures publiques » et « diffamation ».
Jolly a déclaré avoir été « la cible de messages de menaces et d’insultes sur les réseaux sociaux critiquant son orientation sexuelle et ses origines israéliennes supposées à tort », selon le communiqué. L’Office Central de Lutte contre les Crimes contre l’Humanité et les Crimes de Haine (OCLCH) a été chargé de l’enquête.
La plainte de Jolly a été déposée après que la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris a suscité une tempête d’indignation, y compris de furieuses déclarations de Donald Trump, à la suite d’une scène litigieuse mettant en scène des drag queens et d’autres artistes.

Bien que Jolly ait répété à maintes reprises qu’il ne s’était pas inspiré de « La Cène », les critiques ont interprété une partie du spectacle comme une moquerie du tableau de Léonard de Vinci représentant Jésus-Christ et ses apôtres.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a exprimé son « soutien indéfectible » à Jolly face aux menaces et au harcèlement.
Avec sa cérémonie d’ouverture, « Jolly a porté haut nos valeurs », a déclaré Hidalgo dans un communiqué vendredi. « C’est une fierté et un honneur pour Paris de pouvoir compter sur son talent pour magnifier notre ville et dire au monde qui nous sommes. »
« Paris sera toujours du côté des artistes, de la création et donc de la liberté », a ajouté Hidalgo.
Le metteur en scène a déposé une plainte à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), « expliquant être la cible sur les réseaux sociaux de messages de menaces et d’injures critiquant son orientation sexuelle et ses origines israéliennes supposées à tort », a confirmé le parquet de Paris.
Les chefs d’accusation retenus dans sa plainte sont « menaces de mort en raison de son origine, menace de mort en raison de son orientation sexuelle, injure publique en raison de son origine, injure publique en raison de son orientation sexuelle et diffamation ».
Interrogé par l’AFP, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris a indiqué lui « apporter son soutien […] ainsi qu’aux auteurs et artistes de la cérémonie face aux attaques dirigées contre eux ».
« Nous condamnons fermement les menaces et le harcèlement dont ils sont victimes », a-t-il ajouté.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, a de son côté apporté « (son) indéfectible soutien à Jolly face aux menaces et harcèlement dont il est victime depuis plusieurs jours ».
« A l’occasion de la cérémonie d’ouverture, Thomas Jolly a porté haut nos valeurs. Ce fut pour Paris une fierté et un honneur de pouvoir compter sur son talent pour magnifier notre ville et dire au monde ce que nous sommes », a-t-elle poursuivi dans un communiqué.
Barbara Butch, DJ populaire et icône LGBTQ+ qui s’est produite dans le spectacle, a également déclaré avoir subi un torrent de menaces en ligne. Elle a déposé une plainte pour abus et harcèlement en ligne, sur laquelle la police enquête également.
« Auteurs à l’étranger »
Alors que la créativité de la cérémonie, qui s’est tenue le 26 juillet, a été saluée par de nombreux spectateurs, ce tableau intitulé « Festivité », alimente une polémique dans des milieux conservateurs et d’extrême droite à l’étranger comme en France.
Commençant par l’image d’un groupe attablé, dont plusieurs drag queens célèbres (Nicky Doll, Paloma et Piche), il a été interprété par certains comme une parodie moqueuse du dernier repas de Jésus avec ses apôtres, la Cène, telle que représentée par Léonard de Vinci, ce que les organisateurs démentent, Jolly expliquant avoir voulu représenter une « grande fête païenne reliée aux dieux de l’Olympe ».
L’ex-président américain et candidat à la Maison Blanche Donald Trump l’a qualifiée de « honte », tandis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté le pape François à « élever la voix » à ses côtés contre la « propagande perverse » diffusée selon lui par la cérémonie.
Sollicité par l’AFP, l’entourage du directeur artistique n’avait pas répondu dans l’immédiat.
« Beaucoup de messages » haineux ont été rédigés « en anglais », a noté l’une d’entre elles. Si l’origine géographique des messages n’avait pas encore été identifiée vendredi, « il y a sans doute des auteurs à l’étranger », a avancé cette source, soulignant que l’enquête était encore à ses débuts.
Outre les critiques, une vague de messages haineux a déferlé sur les réseaux. De nombreux messages aux propos violents visent la personne même de Jolly, a souligné l’une des sources proches du dossier.