Plus de 6 millions de shekels récoltés pour Yarden Bibas en 24 heures
L'ex-otage, dont l'épouse et les 2 petits garçons ont été assassinés en captivité, a fait preuve d'une force extraordinaire, mais un "long, complexe et douloureux chemin" l'attend, dit son père
La famille de l’ex-otage Yarden Bibas a lancé un appel aux dons pour l’aider à réunir les fonds nécessaires à sa rééducation et à honorer la mémoire de son épouse Shiri et de ses jeunes fils Kfir et Ariel, enlevés lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2003 et qui ont été assassinés en captivité.
Plus de 31 000 personnes ont déjà contribué, permettant d’engranger plus de 6,3 millions de shekels en un jour, indique lundi le site de la collecte.
Les fonds, collectés par l’intermédiaire de la fondation Lehosheet Yad (Tendre la main) permettront d’apporter « un soutien professionnel, une aide en matière de santé mentale et des ressources financières pour retrouver progressivement un sentiment de normalité », a écrit Eli, le père de Yarden, sur la version anglaise de la page de la campagne.
« Le rétablissement de Yarden sera long, complexe et douloureux. Au-delà de la douleur insupportable, il doit reconstruire sa vie à partir de rien, physiquement, émotionnellement et financièrement. Il n’a ni maison, ni stabilité, et chaque jour apporte son lot de nouveaux défis inattendus. »
Dans un appel vidéo publié jeudi, la sœur de Yarden, Ofri Bibas Levy, a déclaré : « Nous avons besoin de votre aide pour essayer de guérir Yarden et pour réaliser son souhait d’immortaliser les souvenirs de Shiri et des garçons. »
« Il est important pour nous, dans la façon dont nous choisissons de commémorer leurs souvenirs, de nous souvenir d’eux tels qu’ils étaient avant le 7 octobre – de gentils enfants heureux, une famille extraordinaire et heureuse », a-t-elle déclaré.
S’adressant à Ynet, Ofri a expliqué que la famille allait commémorer Shiri, Ariel et Kfir d’une manière qui « fera du bien aux autres, en particulier aux enfants, éventuellement dans le domaine de l’éducation […] L’idée aurait du sens à la fois pour Ariel et Kfir, et pour Shiri, qui était une éducatrice dans l’âme. Cela lui ressemble, en tant que personne et en tant que mère ».
« Yarden ne demande rien pour lui-même. Nous demandons pour lui », a-t-elle souligné.
« Le gouvernement apporte une aide financière, principalement sous forme d’allocations, mais d’après ce que nous avons compris, elles sont pour la plupart soit ponctuelles, soit limitées à un an. »
« Il n’a pas encore commencé à réfléchir à son expérience en captivité ; il le fera à un moment donné, mais nous ne pouvons pas anticiper à quel point ce sera difficile. C’est un long processus, il y aura des hauts et des bas », a-t-elle ajouté.
« Nous voulons laisser Yarden choisir ce qui est bon pour lui et ne pas être contraints de prendre des décisions en fonction de contraintes financières. »
« Quiconque a eu le privilège de passer cinq minutes avec lui a pu constater à quel point il est drôle et plein d’autodérision », a-t-elle déclaré.
« L’humour est un moyen de gérer la situation, même l’humour noir. »
« Il y a eu des nuits où nous avons tellement ri que nous en avions mal au ventre », a-t-elle raconté.
« Nous avions peur qu’il en ressorte brisé, anéanti. Mais il en est ressorti avec une force qu’il n’avait pas auparavant », a déclaré Ofri.

« Cela nous étonne chaque jour et nous donne la force de nous battre pour lui. »
Ofri a indiqué que Yarden écoute de la musique, voit ses amis, se promène avec son père le matin et s’efforce de ne pas rester dans sa chambre durant la journée.
« Il rencontre des gens qu’il est important pour lui de voir et de remercier », a-t-elle précisé.
« C’est important pour lui de rencontrer ces gens en personne. Parfois, c’est trop, nous essayons de trouver un équilibre, et il sait aussi comment fixer des limites. »
« Yarden essaie de penser de manière pratique […] Il cherche à s’installer là où il sera plus proche de ses amis et de sa famille, là où il y aura plus d’options professionnelles » a-t-elle indiqué.
« Il n’a pas l’intention de rester à la maison. Yarden regarde vers l’avenir. »
Yarden, Shiri et les garçons ont été enlevés de leur domicile dans le kibboutz Nir Oz. Ils faisaient partie des 251 otages que les terroristes du Hamas ont pris lors de leur assaut dans le sud d’Israël, qui a déclenché la guerre menée contre le groupe terroriste palestinien à Gaza.
Yarden Bibas, 35 ans, avait été libéré le 1ᵉʳ février après 484 jours de captivité, deux semaines après qu’Israël eut conclu un accord de cessez-le-feu et de libération des otages avec le groupe terroriste.

Dans la vidéo de l’appel aux dons, Eli, le père de Yarden, a déclaré : « Le jour où nous avons su que Yarden allait être libéré, le moment où je l’ai vu marcher sur ses deux jambes, j’ai soudainement pu recommencer à respirer. Cela a vraiment été… un moment de joie intense. »
Les dépouilles d’Ariel, 4 ans, et de Kfir, 9 mois, ont été restituées à Israël après une cérémonie de propagande du Hamas le 20 février, ainsi que celles du captif tué Oded Lifshitz et d’une femme de Gaza non identifiée que le groupe terroriste avait dit être celui de Shiri Bibas. Le corps de Shiri, 32 ans, n’a été restitué qu’un jour plus tard.
L’armée israélienne a déclaré par la suite que Shiri, Ariel et Kfir avaient été assassinés par leurs geôliers « de sang-froid » et « à mains nues », et que ces derniers avaient commis des atrocités pour tenter de dissimuler les preuves.
Des Israéliens se sont rassemblés en masse le long de la route pour rendre un dernier hommage à Shiri et aux garçons, beaucoup agitant des drapeaux orange en hommage aux cheveux roux d’Ariel et de Kfir.
S’exprimant lors des funérailles, Yarden a déclaré : « Je suis désolé de ne pas avoir pu vous protéger. »
Ofri a indiqué à Ynet que pendant les funérailles et la shiva – semaine de deuil traditionnelle -, « nous lui avons dit : ‘Tu peux aller dans ta chambre pour être seul un moment’. Il avait répondu : ‘Pas question. Les gens sont venus pour me soutenir et m’aider, ils sont venus pour me consoler, je vais m’asseoir là-bas et leur serrer la main.’ Il a dit qu’il aurait aimé pouvoir embrasser chacun d’entre eux. »
Elle a également reproché aux ministres de se dérober à leur responsabilité de ramener les otages.
« Le lendemain des funérailles, je me suis entretenue avec un ministre du gouvernement sur la suite des événements », a-t-elle raconté.

« Je lui ai dit : ‘J’ai participé au cortège et j’ai regardé la nation d’Israël dans les yeux. Les gens ne pleuraient pas seulement la famille Bibas. Ils passaient en revue ces seize mois de perte, de douleur et se demandaient quand ce cauchemar prendrait fin.’ Et il m’a répondu : ‘Je ne suis pas membre du cabinet.’ »
« Vous êtes ministre du gouvernement d’un parti élu », avait insisté Ofri.
« Mettez fin à la guerre. Plaidez en faveur de cela. Nous comprenons tous que c’est le moyen de ramener les otages. »
« C’est pourquoi je ne voulais pas qu’ils viennent à la shiva », a-t-elle ajouté.

« Ils parlent comme ils le faisaient il y a seize mois, en traînant les pieds comme si on avait le temps. »
Ofri a critiqué la gestion des pourparlers sur les otages par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’a accusé de violer la mémoire de sa famille à des fins de propagande.
Netanyahu a, dans une large mesure, retardé l’ouverture des négociations sur la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu, qui prévoit la libération par le Hamas des 24 otages encore en vie. Le camp de droite du Premier ministre a menacé de renverser le gouvernement s’il passait à la phase 2, qui exigerait le retrait total d’Israël de Gaza.
Au cours de la première phase de 42 jours, qui s’est achevée le 2 mars, le Hamas a relâché 33 femmes, enfants, hommes civils de plus de 50 ans et personnes considérées comme des « cas humanitaires », en échange de quelque 1 900 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël, dont plus de 270 condamnés à perpétuité pour le meurtre de dizaines d’Israéliens.
Cinquante-neuf otages sont toujours retenus à Gaza : 58 ont été enlevés lors du pogrom du 7 octobre ainsi que le corps du lieutenant Hadar Goldin, tué lors de la guerre de Gaza en 2014. Parmi les personnes dont la libération est prévue dans le cadre d’une deuxième phase figurent David Cunio, le meilleur ami de Yarden Bibas, et Ariel, le frère cadet de David.