Israël en guerre - Jour 291

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Analyse

Comment les déchets d’un pays peuvent se transformer en joyaux pour le Hezbollah

La crise des ordures causera beaucoup de tort aux ennemis traditionnels du groupe et pourrait conduire à un changement du système électoral

Avi Issacharoff est notre spécialiste du Moyen Orient. Il remplit le même rôle pour Walla, premier portail d'infos en Israël. Il est régulièrement invité à la radio et à la télévision. Jusqu'en 2012, Avi était journaliste et commentateur des affaires arabes pour Haaretz. Il enseigne l'histoire palestinienne moderne à l'université de Tel Aviv et est le coauteur de la série Fauda. Né à Jérusalem , Avi est diplômé de l'université Ben Gourion et de l'université de Tel Aviv en étude du Moyen Orient. Parlant couramment l'arabe, il était le correspondant de la radio publique et a couvert le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak et l'actualité des pays arabes entre 2003 et 2006. Il a réalisé et monté des courts-métrages documentaires sur le Moyen Orient. En 2002, il remporte le prix du "meilleur journaliste" de la radio israélienne pour sa couverture de la deuxième Intifada. En 2004, il coécrit avec Amos Harel "La septième guerre. Comment nous avons gagné et perdu la guerre avec les Palestiniens". En 2005, le livre remporte un prix de l'Institut d'études stratégiques pour la meilleure recherche sur les questions de sécurité en Israël. En 2008, Issacharoff et Harel ont publié leur deuxième livre, "34 Jours - L'histoire de la Deuxième Guerre du Liban", qui a remporté le même prix

Un Libanais agite un drapeau national alors qu'il tente de franchir les barbelés séparant les manifestants du palais gouvernemental lors d'un rassemblement de masse contre une classe politique considérée comme corrompue et incapable de fournir les services de base le 29 août 2015 sur la place des Martyrs de Beyrouth. (AFP PHOTO / STR)
Un Libanais agite un drapeau national alors qu'il tente de franchir les barbelés séparant les manifestants du palais gouvernemental lors d'un rassemblement de masse contre une classe politique considérée comme corrompue et incapable de fournir les services de base le 29 août 2015 sur la place des Martyrs de Beyrouth. (AFP PHOTO / STR)

Il est difficile d’imaginer un meilleur scénario politique pour le Hezbollah.

Des dizaines de milliers de jeunes Libanais : sunnites, chrétiens, druzes et d’autres prennent d’assaut les rues de Beyrouth et demandent non seulement le retrait des ordures, mais aussi de l’ancienne élite politique.

« Changez le système », scandent-ils.

C’est la même demande que le Hezbollah émet depuis plus de vingt ans – depuis longtemps radiée par des Libanais, qui attribuent ces intentions communautaires à l’appel du groupe terroriste chiite pour une réforme, qu’ils perçoivent comme influencée par Téhéran.

Mais la crise des ordures qui inonde les rues de la capitale, initiée par tous ces jeunes manifestants appartenant à un large éventail de groupes ethniques et religieux libanais, souligne à quel point l’ancien système gourvernemental est lourd et corrompu.

Le système actuel est basé sur le Pacte national de 1943 et poursuivi par l’accord de Taëf de 1989, qui a mis fin à la guerre civile.

Ne vous méprenez pas : le Hezbollah fait actuellement partie du gouvernement et du système politique. Mais le groupe estime qu’il est commode d’utiliser la crise des ordures pour soulever les nombreuses difficultés causées par « le système » – garder le silence sur la dissidence, la corruption et le manque d’autorité de l’Etat.

L’exemple le plus manifeste de la forte volonté du Hezbollah d’exploiter la protestation des ordures s’est produit la semaine dernière, quand le ministre de l’Environnement Mohammad Machnouk a présenté la proposition gouvernementale pour un retrait d’urgence des déchets.

Les ministres du Hezbollah se sont levés et ont quitté au beau milieu la réunion du cabinet, la qualifiant de « farce ».

Le pacte inter-confessionnel libanais est censé assurer une répartition des fonctions publiques les plus convoitées du pays selon des lignes ethniques et religieuses. En pratique, cela se traduit par un président chrétien, un Premier ministre sunnite et un président du Parlement chiite. Même d’autres postes tels que le chef d’état-major de l’armée (chrétien) sont censés être affectés selon l’appartenance ethnique.

Mais ces dernières années, le Hezbollah a réussi à créer une majorité faisant blocage avec l’ennemi devenu allié Michel Aoun, chef du « Mouvement patriotique libre » chrétien maronite, ancien Premier ministre, président par intérim et commandant de l’armée du Liban.

Et depuis lors, le pays est presque totalement paralysé.

Il n’y a pas de président et le Parlement est incapable de nommer un successeur ; le gouvernement est chancelant, mais il n’y a aucun remplacement ; et le mandat de gouvernance du Parlement a été prolongé à l’infini en raison de l’incapacité du pays à organiser des élections.

Au cours des dernières années, le Liban a effectivement cessé de fonctionner comme un État et s’est plutôt transformé en un État vassal du Hezbollah.

Pourtant, le Hezbollah a perdu son soutien au Liban en raison de son implication dans la guerre civile syrienne comme bailleur de fonds du président Bashar al-Assad.

Il est douteux que la crise des ordures puisse lui rendre sa gloire d’antan, tant que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, continuera d’être perçu comme un émissaire iranien.

Mais l’incapacité d’éliminer les ordures le long des rues de Beyrouth causera beaucoup de tort aux ennemis traditionnels et locaux du groupe, et pourrait éventuellement conduire à un changement dans le système électoral, exactement selon les vœux du Hezbollah.

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