Israël en guerre - Jour 339

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Dans les principales implantations, les rassemblements anti-refonte se multiplient

Désillusionnés par le gouvernement pour lequel ils ont voté, des groupes de plus en plus nombreux de manifestants descendent dans les rues de certains bastions d'extrême-droite

Des manifestants contre la refonte du système judiciaire, à Maale Adumim. (Autorisation)
Des manifestants contre la refonte du système judiciaire, à Maale Adumim. (Autorisation)

Maale Adoumim est l’une des plus grandes implantations de Cisjordanie et possède une branche très active du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir. Mais lorsqu’un groupe de résidents a décidé d’organiser sa propre version des manifestations anti-refonte du système judiciaire qui ont saisi le pays au cours de l’année dernière, les manifestants n’étaient pas préparés à ce qui allait suivre, a admis l’organisatrice Gilat Goldberg.

« Au début, c’était difficile. Nous n’étions qu’une centaine de personnes, et les militants d’Otzma Yehudit nous ont confrontés, forts de 200 personnes munies de pancartes, au son de chants et de terribles injures », a-t-elle déclaré au Times of Israel.

« Nous protestions contre la refonte, mais eux protestaient contre notre présence », a-t-elle ajouté, faisant l’éloge des forces de police locales qui, selon elle, ont toujours « protégé notre droit de manifester » et veillé à ce qu’il n’y ait pas de violence.

« Puisqu’ils voulaient que nous arrêtions et que nous ne nous sommes pas avoués vaincus, les militants d’Otzma Yehudit ont disparu au bout de quelques semaines », a déclaré Goldberg.

Les manifestations ont alors changé de nature.

« Au début, nous devions faire beaucoup de bruit [contre eux], mais par la suite, c’est devenu plus calme, avec des haut-parleurs et de la musique. C’est devenu plus naturel pour les manifestants, et plus équilibré, avec des personnes religieuses et laïques », a-t-elle déclaré.

Les rassemblements à Maale Adoumim, qui compte environ 40 000 habitants, ont commencé il y a environ deux mois et font partie d’un petit groupe de manifestations anti-refonte régulières qui ont lieu dans les grandes implantations de Cisjordanie. À Efrat, la principale implantation du Gush Etzion, au sud de Jérusalem, qui compte quelque 12 000 habitants, des rassemblements ont lieu depuis janvier. Plus récemment, le mouvement s’est étendu à Ariel, qui compte 20 000 habitants, dans le nord de la Cisjordanie, entre autres localités.

Des pancartes portant l’inscription suivante « les religieux pour un large accord », indiquant un soutien en faveur d’une solution de compromis à la crise judiciaire d’Israël, brandies lors d’une manifestation contre la refonte du système judiciaire dans l’implantation de Maale Adumim, en Cisjordanie. (Autorisation)

Les manifestations de masse, qui ont vu des centaines de milliers de personnes descendre dans les rues ces 36 dernières semaines, ont commencé au début de l’année en réponse à l’annonce du projet de refonte du système judiciaire et à la limitation de l’indépendance de la Cour suprême d’Israël, actuellement prônées par le gouvernement d’extrême-droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu. La coalition au pouvoir est largement considérée comme la plus radicale de l’histoire d’Israël. La présence de députés extrémistes tels que Ben Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui occupent tous deux des postes ministériels majeurs, est un facteur supplémentaire qui explique les manifestations.

Les manifestations dans les implantations attirent beaucoup moins de monde que celles des grandes villes, mais comprennent un pourcentage raisonnable de participants qui avaient voté pour le Likud ou l’un des autres partis de la coalition lors des élections législatives de l’année dernière, selon plusieurs sources qui se sont entretenues avec le Times of Israel.

« Ce n’est pas le même genre de manifestations qu’à Tel Aviv », explique Ori Kaplan, militant averti, en décrivant les rassemblements des résidents d’implantations auxquels ils s’est rendu. « Il y avait des résidents d’implantations religieux – dont certains ultra-orthodoxes – sur la droite. Je ne suis pas du tout comme ça, mais je me suis rapproché d’eux. »

Kaplan, ingénieur en brevets et membre de « l’élite laïque ashkénaze », est un fidèle du leader du mouvement de protestation, Moshe Radman, et a travaillé avec Yalla Tikvah (« Allons-y, Espoir ! »), l’un des groupes de coordination qui aide à organiser les rassemblements nationaux, pour documenter certaines des manifestations qui ont lieu en Cisjordanie et dans d’autres régions moins centrales. Yalla Tikvah est une opération financée par le crowdfunding qui a recueilli plus de 1,5 million de shekels.

Kaplan a déclaré qu’il était « très surprenant » de rencontrer des « personnes de qualité de l’autre bord politique » qui protestent également contre la refonte judiciaire radicale, et a souligné que ses rencontres à Efrat et ailleurs l’ont transformé : un homme différent avec un cercle social élargi.

Le sous-titre indiquant « parce que je suis très préoccupé », concernant Yisrael Malchiel, un résident de Tekoa, interviewé lors d’une manifestation contre la refonte judiciaire à Efrat, en Cisjordanie. (Autorisation)

Dans l’une des vidéos de Yalla Tikvah, Yisrael Malchiel, un résident religieux de l’implantation voisine de Tekoa, explique (lien en hébreu) comment il s’est senti obligé de venir à la manifestation d’Efrat parce qu’il est « troublé par ce qui se passe dans notre pays ». Il ne veut pas être associé à la volonté du gouvernement de remanier en profondeur le système judiciaire « en mon nom, en tant que personne religieuse, en tant que résident d’implantation », de la manière dévastatrice dont cela a été fait, sans dialogue, a-t-il déclaré.

Lors des élections législatives de 2022, 50 % des habitants d’Efrat avaient voté pour la liste commune du parti HaTzionout HaDatit menée par Smotrich et Ben Gvir (une fusion entre le parti de Smotrich et Otzma Yehudit, celui de Ben Gvir qui avait été démantelée immédiatement après les élections), et 30 % avaient voté pour le Likud, entre autres partis de la coalition. « Il s’agit donc d’un lieu essentiellement religieux et de droite », a déclaré Avidan Freedman, l’un des principaux organisateurs de la manifestation.

Freedman, 43 ans, est un enseignant originaire de Montréal et de New York qui a immigré à Efrat il y a 11 ans avec sa famille. Il est également un militant qui a co-fondé Yanshoof (« Hibou » en hébreu), une ONG qui cherche à endiguer les ventes d’armes israéliennes à des « régimes meurtriers ».

Il a expliqué qu’à l’origine des manifestations contre la refonte à Efrat, il y avait un groupe de 10 à 15 résidents qui s’étaient rassemblés dans le cadre des manifestations dite de « Balfour », les rassemblements de 2020-2021 qui avaient eu lieu devant la résidence officielle de Netanyahu, rue Balfour à Jérusalem, pour s’opposer à son maintien au pouvoir alors qu’il faisait l’objet d’une enquête criminelle. Deux ou trois semaines après le début des manifestations contre la refonte judiciaire, en janvier de cette année, ils ont décidé de créer leur propre version.

« Nous ne savions pas combien viendraient [au premier rassemblement], mais 50 personnes se sont présentées et, au fil des semaines, nous sommes passés à 100, voire même à 150 personnes », a déclaré Freedman. « Les gens sont venus et il était évident pour nous que le projet touchait une corde sensible. L’action a touché des personnes qui avaient voté pour le gouvernement ou qui se considéraient comme étant de droite, mais qui ne soutenaient pas Itamar Ben Gvir. »

Freedman a déclaré que, bien que les habitants d’Efrat aient manifesté une certaine réticence, en particulier sur les réseaux sociaux, la plupart des habitants ont accepté le projet. Il a sèchement noté qu’il n’a pas été évincé de sa synagogue, où la grande majorité des gens « ne sont pas d’accord avec moi ». Les manifestations sont également soutenues par quelques « rabbins importants » du courant sioniste religieux, dont certains ont participé aux rassemblements en dépit de l’opposition.

« Il est clair qu’un groupe important est opposé à ce qui se passe. De nombreuses personnes qui manifestent ici sont en faveur de la refonte judiciaire, mais ne sont pas en faveur de la refonte dans sa version actuelle », a-t-il déclaré, soulignant que les résidents d’autres implantations du Gush Etzion participent également aux manifestations.

Freedman a ajouté qu’il convenait de noter que Moshe Koppel, le fondateur du Kohelet Policy Forum – l’institution de droite qui a formulé les fondations idéologiques qui soutiennent la refonte, tout en déclarant par la suite qu’elle encourageait un compromis partiel – vit à Efrat, comme « beaucoup d’autres » associés à Kohelet.

Dans la ville d’Ariel, au nord de la Cisjordanie, les manifestations ont été lancées par l’activiste Me Eran Reichman, un avocat qui y vit depuis 2006.

Participant actif aux manifestations « Balfour » plusieurs années auparavant, Reichman a expliqué qu’il assistait chaque semaine aux manifestations « Kaplan » du samedi soir à Tel Aviv. À un moment donné, il s’est lassé de voyager si loin et s’est rendu compte « qu’il serait pratique et efficace de manifester à Ariel – un bastion du Likud ».

Un rassemblement anti-refonte dans l’implantation d’Ariel, en Cisjordanie. (Autorisation)

Il y a sept ou huit semaines environ, Reichman s’est tenu seul, après Shabbat, avec une pancarte, à Ariel. Il a ensuite rendu son action publique sur Facebook. « Une semaine plus tard, il y avait sept personnes, puis 25, et maintenant, chaque semaine, nous sommes 30 à 40 personnes », a-t-il déclaré au Times of Israel.

« À Ariel, les gens pensaient que les manifestations de Tel Aviv et de Jérusalem n’étaient pas liées [aux nôtres] (…). Nous [les manifestants] comprenons que les rassemblements ne sont pas une question de ‘droite ou gauche’, mais de pouvoir et de la manière dont il est contrôlé. »

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