De nouveaux dirigeants prennent la tête de l’UE – sans Borrell, le critique d’Israël
L'ex-Première ministre d'Estonie devrait prendre la tête de la politique étrangère européenne à la place de son prédécesseur - qualifié d'antisémite, samedi, par son homologue israélien
Ursula von der Leyen, la cheffe de la Commission européenne, a révélé mardi les noms des membres de la nouvelle équipe qui aura pour mission de diriger l’Union européenne (UE) pour les cinq prochaines années.
La Commission présentera un front contre la Russie avec une nouvelle mission de Défense qui va être confiée à l’ancien Premier ministre lituanien Andrius Kubilius, l’un des nombreux détracteurs de la Russie en Europe de l’Est à avoir été choisi pour occuper une fonction de premier plan.
L’ancienne Première ministre estonienne Kaja Kallas, qui avait déjà été désignée comme la nouvelle responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, est une autre de ces personnalités très critiques du Kremlin. Elle remplacera l’Espagnol Josep Borrell, dont le mandat a été marqué par des critiques pour le moins acerbes à l’égard d’Israël.
Kallas ne s’est pas exprimée ouvertement sur Israël de manière générale et elle s’est focalisée sur la menace que la Russie fait planer sur les États baltes comme sur le reste de l’Europe.
Elle avait en revanche fermement dénoncé l’attaque iranienne aux drones et aux missiles qui avait pris pour cible Israël au mois d’avril, indiquant qu’elle était « injustifiée ».
Kallas avait également blâmé le Hamas après le pogrom du 7 octobre – le massacre qui a déclenché la guerre en cours à Gaza.
« Le Hamas mène une campagne de terreur sans pitié et sans aucun égard pour la vie humaine, y compris pour la vie des Palestiniens », avait-elle dit au mois de novembre. « Israël a totalement le droit de se défendre. Mais il doit le faire en épargnant les vies innocentes et en respectant les dispositions du droit international ».
« Kallas sait pertinemment ce que sont les conséquences de la vie dans une région instable et des agressions étrangères », a commenté ELNET, une organisation qui tente de renforcer les liens entre Israël et l’Europe.
« Kallas a une connaissance approfondie des agressions étrangères, du terrorisme et de ce qu’Israël vit depuis le 7 octobre, alors que la menace russe plane sur l’Europe et que la menace iranienne déstabilise le Moyen-Orient, ce qui souligne la nécessité d’offrir un front uni face à ces défis communs », a poursuivi l’organisation dans un communiqué.
Sous l’autorité de Kallas, l’Estonie avait été l’un des plus fervents défenseurs de l’Ukraine après l’invasion russe, en février 2022.
Kallas, première femme Première ministre de toute l’Histoire de l’Estonie, a remis sa démission officielle en juillet pour remplacer Borrell à sa fonction.
Borrell que le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a accusé d’être « antisémite », samedi – le diplomate de premier plan avait exprimé son indignation face aux frappes israéliennes qui ont eu lieu dans le centre de la bande de Gaza, la semaine dernière. L’ONU a fait savoir qu’à cette occasion, six de ses employés avaient été tués.
Katz a ainsi accusé le haut fonctionnaire de l’UE « d’être un antisémite et un détracteur d’Israël qui s’efforce de manière constante de faire adopter des résolutions et des sanctions contre Israël au sein de l’UE – pour être ensuite bloqué par la plupart des États membres ».
« Il y a une différence entre les critiques légitimes et les désaccords politiques, qui sont normaux entre pays amis et la campagne antisémite et haineuse que Borrell mène contre Israël », a-t-il ajouté.
En juin, Borrell avait invité Katz à une réunion « ad hoc » du Conseil d’association UE-Israël – la première réunion de ce type depuis le mois d’octobre 2022. Katz avait refusé.
Au mois de mars, Borrell avait également affirmé que « la famine est utilisée comme arme de guerre à Gaza. Israël provoque la famine ».
Borrell avait également entretenu des relations conflictuelles avec le prédécesseur de Katz, Eli Cohen, qui l’avait accusé de faire un parallèle entre les opérations de Tsahal et les attaques terroristes palestiniennes. Il avait également fait savoir au haut-diplomate espagnol qu’Israël ne lèverait pas le petit doigt pour l’accueillir s’il souhaitait effectuer une visite officielle dans le pays.
Kallas et les autres commissaires vont prendre part à des auditions de confirmation au Parlement européen. Elles devraient débuter à Bruxelles dans les semaines à venir, et les législateurs pourraient alors rejeter certains candidats.
La nouvelle Commission ne devrait pas prendre ses fonctions avant décembre.
De son côté, le Hongrois Oliver Varhelyi, qui est actuellement le commissaire chargé du voisinage et de l’élargissement, se verra confier un rôle réduit dans le domaine de la santé et du bien-être animal.
Olivér Várhelyi est un ami fidèle d’Israël au sein de l’UE.
Lors d’une visite effectuée au mois de mai, Varhelyi avait estimé « qu’il est impossible de laisser le Hamas échapper au châtiment. Le Hamas ne doit pas rester à Gaza. Si ces hommes s’en sortent malgré ce qu’ils ont fait, alors le 7 octobre pourra arriver à n’importe qui et n’importe où. Le Hamas pourrait mettre un terme à la guerre dès demain et libérer tous les otages, mais il ne le fait pas ».
La fonction qu’il assumait sera partagée entre deux diplomates : la Croate Dubravka Suica supervisera la région méditerranéenne, et Marta Kos, originaire de Slovénie – et dont la candidature n’a pas encore été confirmée – prendra en charge les questions liées à l’élargissement de l’UE.