Israël en guerre - Jour 405

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De plus en plus de firmes européennes se retirent de financements liés à Israël

Les investissements directs en Israël ont chuté de 29 % en 2023, les agences de notation ayant souligné l'impact imprévisible de la guerre sur les investissements dans le pays

Des militants anti-Israël aux côtés de groupes de défense du climat lors d'une manifestation devant l'Armadillo SEC, lieu de l'assemblée générale annuelle (AGA) de Barclays, à Glasgow, le 9 mai 2024. (Crédit : Andy Buchanan/AFP)
Des militants anti-Israël aux côtés de groupes de défense du climat lors d'une manifestation devant l'Armadillo SEC, lieu de l'assemblée générale annuelle (AGA) de Barclays, à Glasgow, le 9 mai 2024. (Crédit : Andy Buchanan/AFP)

LONDRES, Royaume-Uni – Plusieurs des plus grandes sociétés financières européennes ont réduit leurs liens avec des entreprises israéliennes ou avec des personnes ayant des liens avec le pays, selon une analyse des documents déposés par Reuters, alors que la pression de la part de militants et de gouvernements monte pour mettre fin à la guerre à Gaza, où Israël combat le groupe terroriste palestinien du Hamas depuis le pogrom perpétré par ce dernier le 7 octobre 2023 sur le sud d’Israël.

Si les banques et les compagnies d’assurance font souvent état de leurs objectifs en matière d’environnement et de gouvernance, elles sont moins enclines à divulguer leur exposition potentielle à la guerre.

UniCredit a placé Israël sur une liste « interdite » lorsque la guerre a éclaté en octobre de l’année dernière, a déclaré une source au fait du dossier, confirmant une étude de l’organisation néerlandaise à but non lucratif PAX.

Bien que conforme à la politique de la banque italienne en matière de défense, qui consiste à ne pas financer directement les exportations d’armes vers n’importe quel pays impliqué dans un conflit, cette décision va au-delà des lignes directrices italiennes sur les exportations d’armes vers Israël.

UniCredit a refusé de commenter cette décision et le ministère israélien des Finances a également refusé de s’exprimer à ce sujet.

En outre, le gestionnaire d’actifs norvégien Storebrand et l’assureur français AXA ont vendu des actions de certaines entreprises israéliennes, dont des banques.

Le directeur-général de Palantir Alex Karp lors d’une réunion des dirigeants des entreprises technologiques sur les risques de l’intelligence artificielle au sénat américain, à Washington, le 13 septembre 2023. (Crédit : J. Scott Applewhite/AP)

Bien que les documents déposés par les entreprises ne donnent qu’un aperçu de ces risques, ils montrent que les entreprises ont procédé à des réajustements.

« Nous ne savons pas si cela représente le début d’un changement dans le secteur, un changement qui reconnaît le pouvoir qu’ont les banques de choisir où allouer des capitaux et où ne pas les allouer », a déclaré Martin Rohner, directeur exécutif de la Global Alliance for Banking on Values, qui se concentre sur le financement durable.

« Investir dans la production et le commerce d’armes est fondamentalement opposé aux principes du développement durable », a ajouté Rohner.

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a assuré lors d’une conférence de presse la semaine dernière que, malgré les difficultés rencontrées par l’économie israélienne, les entreprises continuaient à lever des fonds. « Je rencontre des investisseurs étrangers et ils croient en notre économie », a-t-il déclaré.

Selon Reuters, la base d’investisseurs d’Israël s’est rétrécie depuis l’incursion de l’armée israélienne dans la bande de Gaza l’année dernière, en réponse aux massacres commis par le Hamas au cours duquel quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle. De plus, le pays ressent les effets de l’augmentation des coûts d’emprunt.

L’approche adoptée par Storebrand, qui a cédé une participation d’une valeur d’environ 24 millions de dollars dans Palantir, en invoquant le risque de violations du droit humanitaire international et des droits de l’homme, témoigne des effets potentiellement plus vastes de cette décision.

Le groupe américain Palantir, qui fournit des technologies à l’armée israélienne, n’a pas répondu à une demande de commentaire.

Le rapport annuel d’investissement de Storebrand indique qu’à la fin de l’année 2023, 24 entreprises, dont des sociétés israéliennes, avaient été exclues de ses portefeuilles en raison de leurs activités en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

La Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction des Nations unies, examine actuellement une affaire accusant Israël d’avoir commis un « génocide » dans le cadre de sa guerre contre le Hamas à Gaza, une accusation qu’Israël nie fermement, affirmant qu’il cible les infrastructures terroristes dans le but d’empêcher une future attaque du type de celle du 7 octobre.

La même Cour a statué en juillet que la domination militaire d’Israël sur la Cisjordanie, y compris la construction d’implantations, était illégale.

Israël a rejeté ces deux décisions qui, combinées à la pression croissante des activistes et des gouvernements, ont néanmoins un impact sur les décisions d’investissement.

AXA, l’un des plus grands assureurs européens, la banque britannique Barclays et l’assureur allemand Allianz sont de plus en plus souvent la cible des militants.

Des activistes de groupes climatiques et de solidarité avec la Palestine manifestent devant le SEC Armadillo, lieu de l’assemblée générale annuelle (AGA) de Barclays, à Glasgow, le 9 mai 2024. (Crédit : Andy Buchanan/AFP)

« La demande croissante de transparence et de contrôle ne peut qu’inciter les institutions financières à intensifier et à élargir leur auto-évaluation de leurs associations commerciales avec des entreprises ou des États liés à l’armement », a déclaré David Kinley, professeur et titulaire de la chaire de droit des droits de l’homme à la faculté de droit de Sydney.

Le Fonds d’investissement stratégique irlandais (ISIF) s’est retiré de six entreprises israéliennes, vendant des participations qui s’élevaient à environ 3 millions d’euros, y compris certaines des plus grandes banques israéliennes, a déclaré un porte-parole à l’agence Reuters.

Au début de l’année, le fonds irlandais de 15 milliards d’euros a déclaré que le profil de risque de ces investissements ne correspondait plus à ses paramètres d’investissement.

Le fonds norvégien fort de 1 800 milliards de dollars, le plus important au monde, pourrait céder des parts d’entreprises qui soutiennent les opérations d’Israël en Cisjordanie et qui violent ses normes éthiques à l’égard des entreprises.

Les investissements de guerre dans les banques israéliennes font également l’objet d’un examen minutieux.

Les Nations unies les ont incluses en 2020 dans une liste d’entreprises ayant des liens avec les implantations de Cisjordanie, dans le cadre de leur mission d’examen des conséquences sur les droits des Palestiniens.

Une étude du cabinet de recherche Profundo, commandée par le groupe de veille des entreprises Ekō, montre qu’AXA a vendu la quasi-totalité de ses participations dans des actions de banques israéliennes plus tôt cette année, ne conservant qu’une participation marginale dans la Banque Leumi.

Reuters a vérifié les données auprès de LSEG (London Stock Exchange Group). Un représentant de la Banque Leumi n’a pas souhaité répondre à une demande de commentaire.

Un porte-parole d’AXA a refusé de dire si la société avait réduit ses participations, ajoutant qu’elle n’était pas investie dans les banques ciblées par les activistes. La liste de l’ONU fait partie des critères qu’AXA prend en compte dans ses décisions d’investissement, a-t-il ajouté.

Une ligne claire

Les investissements directs étrangers en Israël ont chuté de 29 % en 2023 pour atteindre leur niveau le plus bas depuis 2016, selon les données de l’ONU sur le commerce et le développement (CNUCED).

Alors que les chiffres de la CNUCED pour 2024 ne sont pas disponibles, les agences de notation ont signalé la préoccupation suscitée par l’impact imprévisible de la guerre sur l’investissement en Israël.

Bien que les États-Unis restent le principal soutien militaire et financier d’Israël, l’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont reconnu un État palestinien, le président français Emmanuel Macron a appelé à l’arrêt des exportations d’armes, ajoutant qu’Israël semait la « barbarie » et la Grande-Bretagne a suspendu certaines licences.

Lorsqu’il s’agit de politique internationale, « il devrait incomber aux gouvernements d’adopter une ligne claire », a déclaré Richard Portes, professeur d’économie à la London Business School, avant d’ajouter : « Faire porter le fardeau aux entreprises privées, où cela s’arrête-t-il ? »

Pour illustrer la manière dont les militants anti-Israël s’en prennent directement aux entreprises, Barclays a subi la pression d’une campagne en Grande-Bretagne, qui l’a incitée à retirer son parrainage des festivals de musique d’été, tandis que le Financial Times a rapporté en août qu’elle avait envisagé de se retirer d’une vente d’obligations d’État israéliennes.

Barclays a déclaré dans un communiqué qu’elle restait « pleinement engagée » dans son rôle de négociant principal et que ces activités fluctuaient d’un trimestre à l’autre. La banque est sortie des cinq premiers négociants d’obligations israéliennes au cours des deuxième et troisième trimestres, après s’être classée troisième en 2023.

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