Denis Charbit : « Un des impératifs les plus importants dans la loi juive a toujours été la libération des captifs »
Au micro de France 24, le professeur de sciences politiques décrypte la colère de la société israélienne après la découverte des six corps d’otages assassinés par le Hamas
L’annonce de la mort de six otages israéliens, assassinés par des terroristes du Hamas, a été vécue comme un nouveau traumatisme par la société israélienne. À l’initiative de la Histadrout, un grand mouvement de grève a été lancé le 2 septembre dernier pour exiger un accord en vue de la libération des otages encore retenus dans la bande de Gaza.
Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l’Open University à Raanana, a analysé ce mouvement de colère au micro de France 24. Selon lui : « Pour les Israéliens, la libération des otages prime avant tout, ce qui signifie que s’il faut arrêter la guerre pour y parvenir, alors on arrête la guerre pour sauver des civils. Et si c’est la clé de cette seconde négociation en cours, alors on arrête les combats. D’autant plus que pour tous les Israéliens, il est très clair que la guerre ne va pas se terminer, même s’il y a un cessez-le-feu. »
Il insiste sur le sort des otages, une priorité pour la population : « Leur mort est insupportable et intolérable pour les Israéliens croyants et pratiquants. L’un des impératifs les plus importants dans la loi juive a toujours été la libération des captifs, c’est un devoir de solidarité élémentaire. C’est le contrat que l’État d’Israël passe avec chacun de ses citoyens, et que le gouvernement ne respecte pas. »
Concernant la situation politique, Denis Charbit estime que la colère populaire ne changera pas la ligne du gouvernement : « Personne n’a pensé que l’annonce de leur assassinat par le Hamas allait faire changer d’avis le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Cela aurait été une vraie surprise, presque un tremblement de terre, qu’il déclare, face aux manifestations de masse : ‘Ok, je vous ai compris, j’ai entendu votre émotion. Je renonce à ma revendication de maintenir l’armée israélienne sur le corridor de Philadelphi, à la frontière entre la bande de Gaza et l’Égypte’. »
Pour le chercheur, la réussite des opérations dans la bande de Gaza est ainsi une question de survie politique pour le Premier ministre : « Benjamin Netanyahu, qui a toujours prétendu être ‘M. Défense’, a failli le 7 octobre. Pour lui, le seul moyen de rétablir son image est de remporter une victoire totale sur le Hamas, bien que l’objectif d’éradication du mouvement islamiste palestinien s’avère difficile à réaliser. »
Denis Charbit publiera le 18 septembre 2024 l’ouvrage Israël, l’impossible État normal (Calmann-Lévy).