Israël en guerre - Jour 530

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Des dossiers saisis à Gaza révèlent un complot entre l’Iran, le Hezbollah et le Hamas visant à détruire Israël

Une nouvelle étude, basée sur des documents classifiés, établit que le groupe terroriste était passé, dans les années antérieures au 7 octobre 2023, d'un plan de défense à un plan d'offensive sur plusieurs fronts

Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh (à gauche) et le chef du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Sinwar, lors d'un rassemblement marquant le 30e anniversaire du groupe terroriste palestinien, dans la ville de Gaza, le 14 décembre 2017. (Crédit : Khalil Hamra/AP)
Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh (à gauche) et le chef du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Sinwar, lors d'un rassemblement marquant le 30e anniversaire du groupe terroriste palestinien, dans la ville de Gaza, le 14 décembre 2017. (Crédit : Khalil Hamra/AP)

Dans les années qui avaient précédé sa prise d’assaut du sol israélien, le 7 octobre 2023, le Hamas avait mis au point un plan concret dont l’objectif était la destruction de l’État juif en pleine coordination avec le Hezbollah et l’Iran, selon des documents classifiés qui ont été diffusés par le Centre d’information Mair Amit sur le renseignement et le terrorisme.

Les documents du Hamas révèlent qu’avant le 7 octobre, l’Iran avait joué un rôle essentiel dans le financement de ce plan du Hamas ; que le groupe terroriste basé à Gaza avait exhorté à lancer une attaque coordonnée sur plusieurs fronts et que son chef Yahya Sinwar pensait que sa force militaire pourrait faire s’effondrer Israël.

Le pogrom dévastateur qui avait été commis par le Hamas – qui avait pris la nation par surprise – avait consisté en une invasion terrestre, maritime et aérienne coordonnée et il avait marqué une escalade significative dans son objectif de longue date de détruire Israël. Malgré des années de renforcement des capacités militaires du groupe terroriste à Gaza et malgré des années de changements stratégiques, les services de renseignement israéliens n’avaient pas anticipé l’ampleur et la soudaineté de l’attaque, laissant les forces de sécurité dans un état de grave impréparation.

Extrait d’un document du Hamas intitulé « The Movement’s Strategy 2013-2017 », non daté. (Crédit : Centre d’information Meir Amit sur le renseignement et le terrorisme)

Avant 2019, les opérations militaires du Hamas étaient principalement conçues de façon défensive et elles se focalisaient sur la nécessité de renforcer ses infrastructures, dans la bande, pour mieux résister à de futurs conflits, comme le souligne un document du Hamas intitulé « La stratégie du mouvement 2013-2017 ».

Le document évoque également la possibilité de mettre en œuvre « un plan réaliste » visant à « mettre en place la résistance populaire en Palestine » en lançant une intifada en Cisjordanie ou en « mobilisant… des forces… pour mener le djihad », ainsi qu’à « poursuivre les Juifs et le personnel militaire dans les forums internationaux ».

Des Palestiniens se dirigent vers le poste-frontière de Nahal Oz avec Israël, à l’est de la ville de Gaza, le 7 octobre 2023 (MAHMUD HAMS / AFP)

Cependant, un changement significatif de discours avait eu lieu en 2019, avec une révolution dans la pensée du Hamas qui était survenue en 2021, comme le montrent les dossiers internes récupérés à Gaza.

En 2019, le groupe terroriste avait commencé à mettre l’accent sur la coordination avec les forces al-Quds iraniennes et avec le Hezbollah dans le cadre d’un « accord de défense conjointe », selon un document qui avait été rédigé par le bureau du chef du bureau politique du Hamas de l’époque, Sinwar. Ce document présente les plans d’une guerre sur plusieurs fronts contre Israël, avec pour objectif ultime la « libération d’al-Quds [Jérusalem] ».

Trois scénarios d’attaque

L’opération « Gardien des murs », en 2021, avait marqué un tournant dans l’évolution stratégique du Hamas, selon Itai Brun, ancien chef de la division de la recherche sur le renseignement au sein de l’armée israélienne.

Cette campagne militaire israélienne avait eu pour objectif de démanteler les infrastructures militaires du Hamas à Gaza dans le sillage d’une escalade des violences et de tirs de roquette en provenance de la bande.

Dans le mois qui avait suivi l’opération, Sinwar, Mohammed Deif, alors chef militaire du Hamas, et Marwan Issa, l’adjoint de Deif, avaient envoyé une lettre à Esmail Qaani, le commandant des forces al-Quds au sein du Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran, demandant la somme de 500 millions de dollars sur deux ans dans le but de financer l’effort de guerre du groupe terroriste : « Nous avons la conviction qu’à l’issue de ces deux années – ou pendant ces deux ans, si Allah le veut – nous parviendrons à déraciner [Israël] et qu’ensemble, nous changerons le visage de la région ».

Deif et Issa ont trouvé la mort au sein de l’enclave côtière lors de deux frappes aériennes distinctes de l’armée de l’air israélienne, l’an dernier. Sinwar, de son côté, a été tué par un obus de char de Tsahal, à Rafah, au mois d’octobre dernier.

Mohammed Deif, le commandant de la branche armée du groupe terroriste du Hamas, sur une photo diffusée par la Douzième chaîne le 27 décembre 2023. (Crédit : Capture d’écran Douzième chaîne ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Les documents indiquent que le Hamas était entièrement acquis à cette proposition en 2022 – Sinwar présentant un plan concret en vue d’un conflit sur plusieurs fronts avec Israël dans une lettre adressée au chef politique de l’époque, Ismail Haniyeh, qui a lui été assassiné à Téhéran au mois de juillet dernier, décrivant trois scénarios possibles.

Le premier – qui était privilégié par le Hamas de son propre aveu – envisageait une campagne militaire à grande envergure contre Israël qui impliquait tous les acteurs de « l’axe de la résistance », à l’exception de l’Iran.

Ce scénario anticipait une « confrontation soudaine sur tous les fronts » avec un calendrier « lié à une fête juive ». Il faisait spécifiquement référence à Pessah. Il faisait également état d’une « participation raisonnable du Yémen, de l’Irak et de la Syrie » et « d’opérations de guérilla au-delà des frontières jordaniennes », misant sur un déploiement de toutes les forces du Hezbollah.

Dans le deuxième scénario envisagé – le « scénario intermédiaire » – le Hamas était l’acteur au cœur de l’attaque. Le Hezbollah ne devait utiliser « qu’un quart ou un tiers de sa puissance, gardant ses forces restantes à des fins de campagne stratégique et de dissuasion », d’autres « forces de l’axe » s’engageant « sur les autres fronts ».

Une foule accueille des membres du Jihad islamique et du Hamas alors qu’ils arrivent pour la remise d’otages à la Croix-Rouge dans la ville de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, le 30 janvier 2025. (Crédit : AP Photo/Jehad Alshrafi)

Le troisième et dernier scénario, qualifié de « scénario de nécessité », plaçait la plus grande partie de la lutte sur les épaules du Hamas, le Hezbollah jouant simplement un rôle indirect en permettant « l’activation des forces [du Hamas] avec une efficacité croissante depuis le Liban ».

Le courrier écrit en 2022 évoquait également la possibilité d’établir une unité de combat du Hamas sur le territoire libanais avec un minimum de 250 hommes, qui auraient été susceptibles d’utiliser les réseaux opérationnels du Hezbollah pour mener des raids sur le sol israélien.

Dans sa réponse à Sinwar, Haniyeh avait écrit que l’Iran et le Hezbollah avaient finalement accordé leur préférence au premier scénario qui prévoyait un assaut coordonné sur plusieurs fronts contre Israël : « Le premier scénario a été approuvé lors de la discussion que nous avons eue avec nos alliés ; nous attendons son examen final qui aura lieu lors de réunions supplémentaires, en particulier avec les Iraniens, et nous suivrons les préparatifs nécessaires comme indiqué ci-dessus », disait la lettre.

Le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, présidant une réunion avec les dirigeants des groupes terroristes palestiniens, dans son bureau de la ville de Gaza, le 13 avril 2022. (Crédit : Adel Hana/AP)

Dans les mois qui avaient précédé le 7 octobre, les dirigeants du Hamas avaient continué à discuter d’une possible attaque. Au mois d’avril 2023, Sinwar avait expliqué à Muhammad Nasser, membre du bureau politique du Hamas, que l’opération « Gardien des murs » avait été une « promenade de santé » pour Israël en comparaison avec les potentielles campagnes à venir, et que la prochaine attaque serait « d’une telle puissance qu’elle brisera l’ennemi en petits morceaux ».

Des discussions ouvertes sur la « libération »

Les documents sont conformes aux déclarations publiques qui avaient été faites par le Hamas et par ses alliés dans les années qui avaient précédé le pogrom du 7 octobre.

Lors d’une conférence qui avait été organisée à Gaza au mois de septembre 2021 et qui était intitulée « La promesse de l’au-delà – la Palestine après la libération », les factions palestiniennes avaient ouvertement discuté de la possibilité de gouverner l’ensemble du territoire israélien, « du fleuve jusqu’à la mer ».

Dans la déclaration qui avait été émise à la fin de la conférence figuraient les étapes nécessaires au lancement du nouvel État palestinien – précisant notamment la manière de traiter les Juifs et l’élimination des informateurs afin de « purger la Palestine et la patrie arabe et islamique de la racaille hypocrite qui répand la corruption dans le pays ».

Le secrétaire-général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors d’un discours télévisé pendant un rassemblement marquant la journée annuelle al-Quds (Journée de Jérusalem) dans un quartier du sud de Beyrouth, le 5 avril 2024. (Crédit : Anwar Amro/AFP)

De même, dans un discours prononcé au mois de mai 2023 à l’occasion de l’anniversaire du retrait militaire israélien du Sud-Liban, Hassan Nasrallah, alors chef du Hezbollah, avait déclaré : « Aujourd’hui, l’espoir est plus grand que jamais concernant la libération de la Palestine, du fleuve jusqu’à la mer, et concernant la prière dans la mosquée Al-Aqsa ».

Il avait également affirmé que « le front intérieur [d’Israël] est faible, il est fragile, anxieux, toujours prêt à faire ses valises et à partir ».

Nasrallah a lui été éliminé lors d’une frappe aérienne de Tsahal qui a pris pour cible le siège du Hezbollah à Beyrouth au mois de septembre dernier.

Si le Hamas redresse la tête, il essaiera probablement de recommencer

Le centre d’information Meir Amit a laissé entendre que les services de renseignement israéliens avaient peut-être considéré ces déclarations comme de simples fanfaronnades plutôt que comme des menaces crédibles.

L’étude conclut que si le Hamas et ses alliés ont essuyé de graves dommages dans le cadre de la guerre actuelle – la guerre avait commencé le 7 octobre – leur ambition de détruire Israël est restée intacte.

« À long terme, si le Hamas redresse la tête, il n’est pas improbable que le groupe terroriste considère à nouveau la destruction d’Israël comme un plan à mettre en pratique », note l’étude.

Des terroristes armés du Hamas se tenant en formation avant une libération d’otages, à Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza, le 8 février 2025. (Crédit : Abdel Kareem Hana/AP)

Cette évaluation a été rendue publique au terme d’un cessez-le-feu qui aura permis d’interrompre les combats dans la bande de Gaza pendant environ deux mois.

Le cessez-le-feu a pris fin mardi matin, alors que l’armée menait une vague de frappes aériennes dans la bande de Gaza sous les ordres du Premier ministre Benjamin Netanyahu – qui accuse le Hamas d’avoir refusé à plusieurs reprises de remettre en liberté des otages israéliens et qui a promis une riposte énergique.

De vives hostilités qui ont été relancées alors que des informations ont fait état du redressement du Hamas à Gaza. Le député du parti HaMahane HaMamlahti, Gadi Eisenkot, ainsi que ses collègues d’opposition qui siègent au sein de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, ont fait savoir qu’ils ont été informés du fait que « le Hamas compte plus de 25 000 membres et le Jihad islamique palestinien compte plus de 5 000 terroristes armés ».

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