Des hommes armés du Hamas filmés en train d’accuser leurs chefs d’accaparer l’aide humanitaire
Le groupe terroriste aurait puni ses détracteurs en frappant leurs épouses ; Israël aurait fait visionner des séquences à des représentants de Biden dans une tentative vaine de rejeter les pressions américaines en faveur d'un renforcement de l'assistance

Dans des communications non-cryptées à la radio qui avaient été interceptées par Israël au début de l’année 2024, des membres subalternes du Hamas, à Gaza, accusent leurs chefs de s’accaparer l’assistance humanitaire. En représailles, les dirigeants du groupe terroriste avaient ordonné de violenter les épouses des hommes armés qui les avaient critiqués.
Ces enregistrements ont été diffusés dimanche par la chaîne d’information N12. Le reportage a indiqué que des responsables israéliens avaient fait écouter ces enregistrements à leurs homologues de l’administration Biden – une tentative vaine de contrer les pressions exercées par la Maison Blanche en faveur du maintien de l’entrée quotidienne d’environ 250 camions d’aides humanitaires dans la bande de Gaza alors que l’accord de trêve conclu au mois de novembre 2023, un accord qui avait ouvert la porte à la remise en liberté de certains otages, venait de s’effondrer.
Israël accuse depuis longtemps le Hamas de voler les aides humanitaires à destination des civils. Citant ces enregistrements, la chaîne a noté que si l’aide parvenait aux chefs du Hamas, elle restait hors de portée des hommes armés, sur le terrain.
Dans cette séquence, un membre du Hamas, très irrité, s’écrie : « Dites aux chefs de Khan Younès qu’on va vous passer à tabac ».
« Vous ne vous occupez que de vous-mêmes, il n’y a pas de leadership », ajoute-t-il.
Même si les aides affluent, les combattants du Hamas se plaignent, dans l’enregistrement, de la diminution des réserves et de l’augmentation du nombre de victimes.
« La situation est très difficile pour nous. Nous n’avons eu aucune allocation depuis longtemps. Qu’est ce que les chefs ont à répondre à ça ? », interroge-t-il. « Ils ont tout pris, tout volé. Bientôt, on n’aura plus rien à manger ni à boire. »

Dans un autre extrait diffusé, un homme à la voix identique déclare que « concernant l’argent dont on a parlé hier, il ne reste presque rien. Nous avons acheté des cigarettes, une partie [de l’argent] a servi à couvrir nos dépenses. Nous voulons pouvoir apporter de la farine ».
« C’est urgent, s’il vous plaît », ajoute-t-il. « Je suis responsable de 170 âmes, je vous ai dit qu’il y avait 20 blessés… il y avait eu quelques boîtes [de nourriture]… nous sommes allés [chercher des provisions] et il n’y avait plus rien ».
Ceux qui avaient ainsi accusé le Hamas de s’être accaparé l’assistance humanitaire avaient rapidement été informés du fait que leurs épouses avaient été agressées dans une mosquée de Rafah, selon N12. Au moment où les enregistrements avaient été réalisés, la ville la plus au sud de la bande de Gaza était prise d’assaut par les Gazaouis déplacés, venus du nord de la bande de Gaza. Un grand nombre d’entre eux s’étaient abrités dans des mosquées.
Dans l’enregistrement radio, les membres du Hamas, sur le terrain, accusent les chefs du groupe terroriste de s’en être pris à leurs épouses . « Je jure que les coups vont pleuvoir », crie ainsi l’un d’entre eux.
« C’est inacceptable à nos yeux. Nous rachèterons notre peuple par notre âme et par notre sang », poursuit-il, en disant à propos des dirigeants : « Ce ne sont pas des hommes. Ils devraient tous se couvrir la tête ».

Un autre critique ajoute : « Transmettez notre message au plus haut placé dans la bande de Gaza ».
Une troisième voix répond à l’accusation : « Les gars, calmez-vous, les chefs n’ont rien à voir avec ces incidents, ils surveillent les choses depuis le début ».
Le premier homme ne se laisse pas décourager : « Amer, épargne-moi ces histoires ».
« Tout le monde doit comprendre que notre honneur est plus important que le salut de notre âme. Notre sang ne vaut rien quand il s’agit de nos âmes », dit-il. « Malgré la situation, c’est quelque chose qui nous brûle de l’intérieur. La guerre est secondaire – la guerre, les roquettes, rien ne nous a fait peur jusqu’à présent. Mais là, c’est ce qui nous tue – c’est une question d’honneur, bande de chiens ».
Gaza recevait environ 500 camions par jour avant que la guerre ne soit déclenchée, le 7 octobre 2023 – ce jour-là, des milliers de terroristes placés sous la direction du Hamas avaient pris d’assaut le sud d’Israël, massacrant plus de 1200 personnes et kidnappant 251 personnes qui avaient été prises en otage à Gaza.

Après cette attaque sanglante, Israël avait pratiquement coupé l’aide apportée à la bande de Gaza. Environ 250 camions avaient commencé à entrer chaque jour pendant la semaine de trêve qui avait eu liu au mois de novembre 2023 – un cessez-le-feu qui avait ouvert la porte à la libération de 105 femmes et enfants en échange de 240 prisonniers palestiniens. Après l’effondrement de l’accord, les aides avaient continué d’affluer, à la demande de Washington.
Un responsable de la sécurité qui a été cité par la chaîne N12 a indiqué que « les Américains nous ont beaucoup aidés au début de la guerre, mais à un moment donné, ils nous ont lié une main. Non seulement l’aide humanitaire n’a pas nourri les civils gazaouis, mais elle a en fait relancé le Hamas, et dans ce sens, nous avons aidé ces terroristes à se remettre sur pied ».