Des lettres entre responsables du Hamas révèlent l’erreur d’interprétation par Israël de l’issue des combats de 2021
De hauts responsables du Hamas ont déclaré que le réseau de tunnels n'était « pas du tout endommagé »

Des documents du Hamas retrouvés à Gaza et récemment publiés montrent qu’Israël s’est gravement mépris sur l’impact de son opération de 2021 à Gaza, que le groupe terroriste a considérée comme une victoire qui l’a encouragé à lancer le massacre du 7 octobre plus de deux ans plus tard, ont rapporté les médias israéliens.
À l’époque, l’opération « Gardien des murs » avait été présentée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu comme un « succès extraordinaire », et il s’était engagé à adopter une position beaucoup plus dure face aux tirs de roquettes du groupe terroriste.
Cependant, la chaîne d’information N12 a révélé samedi des lettres échangées entre Yahya Sinwar, alors chef du Hamas à dans la bande de Gaza, et Ismail Haniyeh, chef du groupe terroriste à l’époque, montrant que les deux hommes considéraient le conflit de 11 jours comme une défaite pour Israël.
Sinwar avait alors préconisé une stratégie consistant à proposer un cessez-le-feu à long terme, ou hudna, avec Israël, afin de l’isoler de la communauté internationale ou de créer des divisions au sein de la société israélienne.
Les deux dirigeants ont depuis été tués — Haniyeh lors d’une opération secrète en Iran en juillet 2024, et Sinwar par les troupes de Tsahal à Gaza plus tard dans l’année.
« Il est probable que cette démarche, qui serait acceptable pour la plupart des pays du monde, ne le serait pas pour l’occupation [Israël], ce qui renforcerait leur isolement et leur déconnexion. Si l’occupation décide d’aller dans cette direction [d’une hudna], celle-ci la déchirera de l’intérieur et conduira à une division interne et à une guerre civile », aurait déclaré Sinwar dans une lettre.

En réponse, Haniyeh avait félicité Sinwar pour sa « nette victoire » dans les combats.
« Le drapeau du mouvement Al Qassam est agité dans le monde entier et des millions de personnes acclament le cher d’état-major de la résistance, Muhammad Deif, qui a remporté une victoire divine et glorieuse », a écrit Haniyeh, faisant référence au chef de l’aile armée du Hamas, qui a également été tué par Israël en juillet 2024.
Sinwar avait répondu le 30 mai 2021 : « Loué soit Dieu qui nous a accordé la victoire, qui a humilié les dirigeants de l’ennemi. Nous sommes sur le point de détruire leur pays ».
Au cours de ces 11 jours de mai 2021, le Hamas et le Jihad islamique palestinien avaient tiré plus de 4 000 roquettes et obus de mortier sur Israël. Une douzaine de civils avaient été tués en Israël au cours des combats, ainsi qu’un soldat. Plus de 250 Palestiniens avaient été tués, dont environ la moitié, selon Tsahal, étaient des combattants.
Il avait déjà été révélé qu’à partir de cette date et jusqu’au 7 octobre 2023, le Hamas a mené une campagne de long terme pour convaincre Israël qu’il n’était pas vraiment intéressé par la guerre.
En outre, alors que Netanyahu avait affirmé, à la suite de l’opération Gardien des murs, que l’armée israélienne avait détruit « une partie considérable » des tunnels souterrains du Hamas — son « métro » — de hauts responsables du Hamas ont affirmé le contraire lors d’une réunion avec Hassan Nasrallah, alors chef du Hezbollah, et Esmail Qaani, commandant de la Force Quds du Corps des gardiens de la Révolution islamique, a rapporté N12.

« Le ‘métro’ n’a subi aucun dommage et seul le réseau de tunnels offensifs a été légèrement endommagé et sera bientôt réparé », avaient déclaré les responsables du Hamas lors de la réunion qui s’est tenue à Beyrouth le 26 juillet 2021, selon le rapport.
Plusieurs mois après le début de la guerre, de hauts responsables de la défense ont déclaré au New York Times que le réseau de tunnels du Hamas était bien plus étendu qu’ils ne l’avaient cru au départ.
Israël pensait que le Hamas avait été dissuadé de déclencher une guerre jusqu’au 7 octobre 2023, date à laquelle des terroristes ont fait irruption à la frontière de Gaza, tuant plus de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et emmenant 251 otages dans la bande de Gaza, dont 59 y sont encore.
Israël a alors lancé une vaste opération aérienne et terrestre à Gaza, promettant de ramener tous les otages et de démanteler le pouvoir du Hamas sur Gaza.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.