Des militants d’extrême-droite filment un “raid” anti-Soros contre un centre juif de Budapest
La vidéo montre de jeunes hommes tagguer des graffitis haineux et défigurer des affiches du milliardaire juif

Des militants d’extrême-droite ont ciblé un centre communautaire juif qui sert de siège à plusieurs associations ethniques et de défense des réfugiés à Budapest, la capitale de Hongrie. Ils se sont filmés en train de défigurer des affiches du milliardaire juif George Soros.
La vidéo a été filmée la semaine dernière devant le centre communautaire Aurora par des membres du Mouvement de jeunesse des soixante-quatre comitats, un groupe d’extrême-droite, et a été publiée par des médias ultra-nationalistes, dont la radio Szent Korona.
Sept hommes habillés de noirs et portant les cheveux très courts, dans le style skinhead néo-nazi, sont vus marcher dans le huitième arrondissement de Budapest, un quartier pauvre où vivent beaucoup d’immigrants et de Roms.
Les hommes ont placardé des affiches « Stop à l’opération Soros » sur le tableau des messages d’Aurora, centre fondé en 2014 par Marom, un groupe juif associé au mouvement conservateur (massorti). Aurora est le siège de plusieurs autres associations, dont le Centre de presse rom, Budapest Pride, une association de défense des droits des homosexuels, Migszol, qui défend les droits des réfugiés, et l’agence Zold Pok pour le militantisme social.
https://youtu.be/ZtXtSuoAWqg
Aurora n’a pas été fondé par Soros, un homme d’affaires et philanthrope juif américain qui est né en Hongrie et s’est opposé au gouvernement en finançant plusieurs associations libérales et pro-démocratie en Hongrie.
Dans un texte publié sur son site internet sur le « raid sur Aurora », le mouvement de jeunesse d’extrême-droite affirme que le centre juif promeut des « cercles déviants, accueille Budapest Pride » et est « évidemment toujours ouvert aux bureaux du Centre de presse rom ». Les groupes extrémistes hongrois ciblent régulièrement la minorité des Roms.
Les activistes ont peint des slogans anti-Soros sur le trottoir devant l’entrée d’Aurora.
Le compte-rendu de l’opération par le mouvement de jeunesse se termine par un message menaçant, dans lequel il informe les associations présentes dans le centre qu’elles sont « loin d’être intouchables ». Si le temps le permet, « nous dirons à nouveau bonjour », ont écrit les auteurs, ajoutant un sourire et un clin d’œil.
Adam Schonberger, le président de Marom, a déclaré que l’action du mouvement d’extrême-droite était la première visant à intimider Aurora. L’organisation a alerté les autorités de l’incident, a-t-il indiqué.
En mars, Nick Griffin, l’ancien dirigeant du parti britannique d’extrême-droite, le Parti national britannique, avait donné une conférence anti-Soros à Budapest, pendant laquelle il avait passé de longues minutes à parler d’Aurora. Il a démontré une « connaissance détaillée époustouflante » de l’endroit, selon le site d’information 444. Griffin citait largement un article publié en février sur le centre.

Ces dernières semaines, le gouvernement hongrois du Premier ministre Viktor Orban, politicien de centre droit, a intensifié ses discours contre Soros, qui financent depuis des années l’opposition à Orban et les causes pro-démocratie qui ne sont pas populaires auprès des partisans du parti d’Orban, Fidesz.
En mars, Orban avait promis de fermer une université fondée par Soros, l’Université d’Europe centrale, et a présenté une législation à cet effet.
Le mois dernier, Orban a déclaré à la radio Kossuth que Soros était responsable d’une tentative pour limiter la souveraineté de la Hongrie, dans le cadre d’une « campagne internationale bien établie, qui est en cours depuis plus d’une décennie et qui peut être liée au nom de George Soros. » Il a ajouté que cette campagne était « extrêmement dangereuse ».
La semaine dernière, Frans Timmermans, politicien hollandais de centre droit qui est le premier vice-président de la Commission européenne, a semblé être d’accord pendant une conférence de presse avec un journaliste qui suggérait que les propos d’Orban étaient antisémites.