« Des ombres d’enfants » : Pour la première fois, l’ONU face au sort des enfants otages
Selon l'ambassadeur Danon, qui accuse l'ONU d'apathie et a parlé des abus sexuels en captivité, c'est la première fois que le Conseil de sécurité aborde la question des otages
A la demande d’Israël et de ses alliés, une réunion s’est tenue mercredi au Conseil de sécurité des Nations unies autour de la question des otages – un sujet jamais mis à l’ordre du jour depuis la pris d’otages le 7 octobre dernier – et des conséquences effroyables de la captivité sur les petits otages israéliens détenus par l’organisation terroriste du Hamas à Gaza.
C’est donc à la demande de l’ambassadeur à l’ONU Danny Danon et des ambassadeurs des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France que cette réunion a eu lieu, suite à l’assassinat par le Hamas de six otages israéliens en fin de semaine dernière. Les corps ont été retrouvés samedi et l’autopsie a révélé qu’ils avaient été exécutés à bout portant un ou deux jours avant.
Le Hamas a enlevés 251 otages en marge d’un pogrom au cours duquel des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont envahi le sud d’Israël depuis la bande de Gaza et tué 1 200 personnes avec une extrême brutalité aggravée d’agressions sexuelles, ce qui a déclenché la guerre en cours.
Danon a présenté cette réunion du Conseil de sécurité comme la toute première consacrée officiellement en ces lieux à la question des otages, là où l’ordre du jour officiel parle de « Situation au Moyen-Orient, dont la question palestinienne », les interventions des diplomates s’étant pour l’essentiel étendues sur les accusations pesant sur Israël dans sa conduite de la guerre.
Lors de cette réunion, le Dr Efrat Bron Harlev de l’hôpital pour enfants Schneider, à Petah Tikva, dans le centre d’Israël, a témoigné de son expérience dans le traitement d’enfants israéliens ayant passé plus d’un mois en captivité à Gaza avant d’être libérés à la faveur d’une trêve d’une semaine en novembre dernier.
« Quand ils sont arrivés, ils ne ressemblaient pas à des enfants. Ils ressemblaient à des ombres d’enfants. Aucune expression sur leurs visages – ils n’étaient pas heureux, ils ne pleuraient pas, ils étaient pour la plupart très silencieux. [Ils nous posaient des questions telles que : ‘Sommes-nous autorisés à regarder par la fenêtre ? Puis-je sortir du lit ?' »
Soon, I’ll speak at the Security Council's first official discussion on the hostage situation and present our demand to condemn Hamas and call for the immediate release of all hostages. We won’t rest till they are home!
Watch the discussion live >> https://t.co/G6ePawM2QC pic.twitter.com/iGFavOL0ux— Danny Danon ???????? דני דנון (@dannydanon) September 4, 2024
Après son témoignage, le Conseil a entendu Yuli Novak, cheffe de l’organisation israélienne de gauche de défense des droits de l’homme B’Tselem, qui a condamné les actions israéliennes dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, affirmant qu’elles relevaient d’un « régime d’apartheid cruel et injuste ».
Sur les réseaux sociaux, Danon a dit que le Conseil avait insisté pour que Novak prenne la parole après Harlev pour une question « d’équité ».
Danon a diffusé des images des six otages tués, tirées de vidéos tournées par leurs ravisseurs et publiées en ligne à titre de propagande cette semaine. A l’appui de chaque photo, il a donné une brève description de chaque otage, de leur histoire et de ce qu’ils aimaient.
L’ambassadeur d’Israël a également évoqué les abus sexuels auxquels le Hamas soumet les otages israéliens en captivité, se référant au témoignage explicite d’Amit Soussana, « traînée hors chez elle par des terroristes du Hamas et jetée dans l’enfer. »
« Elle était détenue dans une chambre d’enfant, enchaînée au sol et à la merci de son garde. Il entrait dans la pièce, soulevait sa chemise, la touchait, la tripotait et l’avilissait de toutes les manières imaginables. Un matin, alors qu’elle essayait de se laver enchaînée dans une salle de bain, son garde a fait irruption, une arme à la main, l’a frappée à plusieurs reprises, traînée jusqu’à la chambre puis violée », a évoqué Danon.
Il a également repris les propos de l’ex-otage Maya Regev, qui « a témoigné que toutes les femmes détenues par le Hamas avaient été abusées sexuellement – absolument toutes ».
Danon a accusé le Conseil de sécurité d’apathie face aux abus sexuels endurés par les otages.
« Si vous vous souciez vraiment du peuple palestinien et que vous voulez vraiment mettre fin à cette guerre que le Hamas a commencée, alors vous rédigerez et adopterez une résolution désignant le Hamas comme organisation terroriste et condamnant le Hamas pour sa prise d’otages », a-t-il déclaré.
Cette réunion au Conseil de Sécurité, à New York, a eu lieu le jour où la rescapée du 7 octobre, Sabine Taasa, dont le mari et le fils de 17 ans ont été tués lors du pogrom commis par le Hamas, témoignait devant des experts de l’ONU à Genève pour leur demander de cesser de blâmer Israël pour la guerre et de se concentrer sur le traumatisme infligé aux enfants israéliens.
Danon s’en est pris aux pressions dont Israël fait l’objet pour faire des concessions au Hamas dans le cadre des négociations en vue d’un accord de cessez-le-feu et de libération des otages, déclarant au Conseil de Sécurité : « Le Hamas a rejeté absolument toutes les propositions, et pourtant c’est sur nous que la communauté internationale continue de faire pression. »
Danon a ajouté qu’Israël était bien déterminé à ramener ses otages et prêt à conclure un accord.
Quatre-vingt-dix-sept des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps d’au moins 33 personnes dont la mort a été confirmée par l’armée israélienne.
Le Hamas a libéré 105 civils à la faveur d’une trêve d’une semaine, fin novembre, sans oublier les quatre otages libérés un peu avant. Huit otages vivants ont été secourus par des soldats, auxquels s’ajoutent les corps de 37 otages retrouvés, dont trois tués par erreur par l’armée alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés de plein gré dans la bande de Gaza, respectivement en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats israéliens tués en 2014.