Israël en guerre - Jour 414

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Opinion

Deux come-back très différents

L'opinion publique américaine s'est exprimée : Donald Trump est de retour au pouvoir ; mais pas le peuple israélien : Benjamin Netanyahu est pourtant plus puissant que jamais

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le président américain Donald Trump et le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 15 septembre 2020. (Crédit : Doug Mills/Pool/Getty Images/AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 15 septembre 2020. (Crédit : Doug Mills/Pool/Getty Images/AFP)

Le peuple américain s’est exprimé, haut et fort.

Le nouveau président Donald Trump a qualifié sa victoire électorale de « victoire politique jamais vue dans notre pays ».

Son vice-président, James David Vance, a salué « le plus grand retour politique de l’Histoire américaine ».

Il en va de même pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui s’est tout de suite empressé de publier un communiqué à ce sujet : « Félicitations pour le plus grand retour de l’Histoire ! »

Trump a réussi cet exploit extraordinaire – il est devenu le deuxième président américain battu à remporter un nouveau mandat à la Maison Blanche (132 ans après Grover Cleveland) – quelques heures seulement après que Netanyahu eut brusquement effectué un retour spectaculaire, en évinçant son seul dissident important de la coalition, le ministre de la Défense Yoav Gallant, et consolidant ainsi sa domination politique un an à peine après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas – le plus meurtrier de l’histoire du pays et le pire mené contre des Juifs depuis la Shoah – le 7 octobre 2023.

La veille, Netanyahu aurait chargé le ministre de la Justice, Yariv Levin, de trouver une « solution » pour son autre source d’irritation majeure : à savoir, la procureure générale Gali Baharav-Miara, principale conseillère juridique du gouvernement, qui continue de s’opposer à ses efforts visant à inscrire dans la loi l’exclusion inéquitable et discriminatoire des hommes ultra-orthodoxes – ou Haredim – du service militaire. Sa grande détermination à apaiser ses partenaires ultra-orthodoxes et à stabiliser ainsi sa coalition – au milieu d’une guerre multi-fronts, aux dépens de l’armée permanente et des réservistes trop sollicités – a été l’une de ses principales raisons de discorde avec Gallant, qui a refusé de soutenir un tel projet de loi, le considérant comme injuste, source de division et nuisible à l’effort de guerre.

À LIRE : Le renvoi de Gallant par Netanyahu est irresponsable, clivant et dangereux pour Israël

Le limogeage de Gallant – et son remplacement par Israel Katz, dont le bref mandat de ministre des Affaires étrangères restera dans les mémoires principalement pour une série de messages sur le réseau social X insultant les dirigeants mondiaux hostiles à Israël – implique qu’un néophyte est désormais en charge de Tsahal alors qu’Israël combat les groupes terroristes palestinien du Hamas et chiite libanais du Hezbollah et, en fin de compte, l’Iran.

Cela signifie également qu’il n’y a personne dans les forums décisionnels clés du cabinet, à l’exception des ministres d’extrême-droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, pour défier ou s’opposer à Netanyahu. Et personne ne s’opposera à ce que Netanyahu ne remplace les chefs de l’armée israélienne, des agences de sécurité intérieure du Shin Bet et de renseignement du Mossad – qui partagent tous la responsabilité des échecs du 7 octobre et qui l’auraient tous encouragé à conclure un accord de cessez-le-feu avec le Hamas à Gaza dans des conditions auxquelles lui-même et l’extrême-droite s’opposent.

L’éviction de Baharav-Miara, qui serait sans doute remplacée par une personne plus arrangeante, entraînerait le départ du seul conseiller juridique indépendant au sein du cabinet. Cela garantirait également la présence d’une personnalité plus clémente à la tête du ministère public, à un moment où Netanyahu est jugé dans trois affaires de corruption et où deux enquêtes de la police et du Shin Bet liées à la guerre sont en cours avec de potentielles répercussions significatives pour le bureau du Premier ministre.

Contrairement au retour historique de Trump, celui de Netanyahu a été réalisé sans recours à l’électorat depuis que le plus grand désastre de l’Histoire d’Israël s’est déroulé sous son mandat, sans qu’il n’ait reconnu sa responsabilité première dans les échecs qui ont permis l’assaut barbare et sadique commis par le Hamas, le 7 octobre 2023, sur le sol israélien, et sans qu’il ait autorisé la création d’une commission d’enquête d’État sur ce qui s’est passé de si désastreux. Son refus d’autoriser une telle enquête – cruciale pour clarifier ce qui s’est exactement passé et pour tirer des leçons essentielles afin d’éviter que quelque chose d’à peu près similaire ne se reproduise – est une autre des questions sur lesquelles Gallant et lui se sont ouvertement opposés.

En précisant les raisons de son licenciement, Gallant a cité une troisième raison : sa conviction qu’un accord de « trêve contre libération d’otages » est nécessaire et réalisable, et que l’actuel « abandon » des otages est impardonnable. Si cet abandon se poursuit, il constituera « une marque de Caïn sur le front de la société israélienne et de ceux qui s’engagent dans cette voie erronée ».

Sur ces trois questions, les sondages israéliens peu fiables indiquent que la majorité de l’opinion publique s’aligne sur Gallant. Sur la question de l’incapacité des Haredim à servir dans l’armée, une grande partie du parti de Netanyahu, le Likud, et les partis d’extrême-droite de sa coalition sont également de cet avis.

Et les sondages peu fiables sont tout ce dont nous disposons, étant donné que Netanyahu, qui a prêté serment en tant que Premier ministre après que son bloc dirigé par le Likud a remporté 64 des 120 sièges de la Knesset lors des élections législatives de novembre 2022, n’est pas tenu de se présenter à nouveau devant les électeurs israéliens avant octobre 2026.

Si Netanyahu peut maintenant trouver un moyen de répondre à la demande d’évasion de l’armée des ultra-orthodoxes, il n’y a aucune raison de croire que sa coalition de 68 membres – renforcée par le parti composé de quatre parlementaires issus du parti du nouveau ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, un rival devenu complice – s’effondrera avant cette date. Et il n’y a aucune raison, je tiens à le souligner, de croire qu’il ne serait pas réélu le moment venu.

Maintenant que Netanyahu n’est plus seulement Premier ministre, mais aussi, par le biais de tierces personnes, Katz et Saar, et que la procureure générale est dans sa ligne de mire, la prochaine crainte est qu’il ne relance l’effort législatif central des neuf premiers mois de son administration, à savoir un ensemble de projets de loi visant à soumettre largement le pouvoir judiciaire à la majorité politique – un projet qui n’a été bloqué qu’après que Gallant a mis en garde contre ses conséquences clivantes et qu’il a été temporairement démis de ses fonctions pour cette raison, et que le ministre de la Justice de Netanyahu a continué de défendre même en pleine guerre.

Le Premier ministre disposerait ainsi d’une autorité quasi-absolue en Israël, sans pour autant avoir obtenu un nouveau mandat de la part du peuple.

Il ne s’agirait pas seulement d’un retour, mais d’un dépassement considérable des pouvoirs qu’il détenait avant le pogrom du 7 octobre.

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