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Deux infirmiers australiens suspendus après avoir dit qu’ils tueraient des patients israéliens

C'est sur les réseaux sociaux, avec un influenceur israélien, qu'un infirmier a dit avoir déjà envoyé des "chiens israéliens" en enfer, et une autre qu'elle les tuerait

Illustration : Des manifestants anti-israéliens déploient des banderoles après avoir escaladé le toit du Parlement australien à Canberra, le 4 juillet 2024. (Capture d'écran Australian Broadcast Corporation ABC / AFP)
Illustration : Des manifestants anti-israéliens déploient des banderoles après avoir escaladé le toit du Parlement australien à Canberra, le 4 juillet 2024. (Capture d'écran Australian Broadcast Corporation ABC / AFP)

Deux infirmiers d’un hôpital de Sydney ont été suspendus de leurs fonctions pour avoir menacé de refuser de soigner voire de tuer des patients juifs dans une vidéo sur TikTok, ce qui leur a valu une enquête des services de police, ont fait savoir les autorités.

Les deux infirmiers en question auraient par la suite exprimé des regrets et assuré que leurs propos, que le Premier ministre Anthony Albanese a qualifiés de « répugnants », n’avaient rien de sérieux.

Dans la vidéo en question, on voit l’utilisateur de TikTok Max Veifer en train de parler à un homme et une femme portant des blouses blanches. Selon les médias, il s’agit d’Ahmad Rashad Nadir et de Sarah Abu Lebdeh.

« Cela me gêne beaucoup que vous soyez Israélien… Vous allez vous faire tuer et vous allez aller en enfer », a déclaré Nadir dans leur chat vidéo lorsque Veifer lui a indiqué qu’il venait d’Israël.

Interrogée sur les raisons qui pourraient le faire tuer, Abu Lebdeh a répondu : « Ce pays, c’est la Palestine, pas le vôtre », des paroles suivies par un déluge d’insanités. Abu Lebdeh a assuré qu’elle ne soignerait pas de patients juifs et qu’elle les tuerait même. Nadir, avec un geste menaçant, a déclaré qu’il avait déjà envoyé à « Jahannam » – le terme pour désigner l’enfer islamique en arabe – de nombreux « chiens israéliens » venus à l’hôpital.

Veifer aurait utilisé une application qui connecte de manière aléatoire des utilisateurs de TikTok pour des chats vidéo. Certains propos d’Abu Lebdeh sont remplacés par des bips sonores dans cette vidéo.

Reuters n’a pas été en mesure de contacter les deux infirmiers.

[Le Premier ministre] Albanese a indiqué que la police fédérale australienne avait offert « son aide » à la police de l’État de Nouvelle-Galles du Sud.

« J’ai vu cette vidéo antisémite. C’est motivé par la haine et c’est répugnant. Ce sont des propos ignobles, des images répugnantes : c’est honteux », a déclaré Albanese devant le Parlement.

Le ministre de la Santé de l’État de Nouvelle-Galles du Sud, Ryan Park, a indiqué que les infirmiers ont été « immédiatement suspendus », dans l’attente des conclusions de l’enquête.

« De toute évidence, l’enquête est en cours. Je ne veux pas les laisser penser qu’ils retravailleront un jour dans les services de santé de la Nouvelle-Galles du Sud », a déclaré Park aux journalistes lors d’une conférence de presse avec la secrétaire à la Santé de la Nouvelle-Galles du Sud, Susan Pearce.

Il a ajouté que le comportement de ces infirmiers, dont il se dit qu’ils travaillent dans un hôpital de Bankstown, était « vil, répugnant et épouvantable ».

« Les infirmiers ont un conseil de l’ordre et une éthique qu’ils doivent respecter. Et qui a manifestement été enfreinte au cas présent « , a déclaré Park, selon le journal britannique The Guardian.

Il aurait ajouté que les premiers éléments de l’enquête n’avaient pas permis de découvrir des problèmes de sécurité liés aux patients pris en charge par l’hôpital ces 12 derniers mois.

Park a tenu à présenter ses excuses à la communauté juive, en ajoutant que Pearce et lui étaient « sincèrement navrés ».

Pearce, que le Guardian a décrite comme étant « au bord des larmes », a déclaré : « Jamais je n’aurais imaginé me trouver ici avec deux membres du personnel du système de santé de la Nouvelle-Galles du Sud ayant tenu des propos atroces à propos des membres de notre communauté, et en particulier de notre communauté juive. Je vous présente mes sincères excuses. »

« Le ministre a raison – ceux qui ont ces opinions n’ont rien à faire en tant qu’employés de notre système de santé », a déclaré le Conseil des députés juifs de Nouvelle-Galles du Sud dans un message sur X.

Par voie de communiqué, le président de la Fédération sioniste d’Australie, Alon Cassuto, a déclaré : « Que des professionnels de santé, qui prêtent serment – à commencer par celui de ne pas nuire – menacent de tuer, d’envoyer des patients juifs en enfer au sein-même de nos hôpitaux, a de quoi faire frissonner de peur tous les Australiens ».

« Nous sommes reconnaissants au gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud de son action rapide, mais c’est malheureusement un nouveau cas de cette haine systémique des Juifs qui s’est infiltrée partout dans la société australienne. »

La police de l’État de Nouvelle-Galles du Sud a déclaré que son groupe de travail sur l’antisémitisme menait l’enquête et que les personnes impliquées apportaient leur concours aux détectives.

Le journal The Australien a cité mercredi le témoignage d’un oncle d’Abou Lebdeh qui aurait dit que sa nièce était « désolée » de ses propos.

« J’essaie de la calmer », aurait déclaré l’homme devant la maison d’Abu Lebdeh. « Elle est infirmière depuis Dieu sait combien de temps. Elle n’a jamais fait de mal à qui que ce soit. »

Il a assuré qu’elle ne représentait aucune menace pour les Israéliens.
« Jamais de la vie », aurait assuré l’oncle, dont le nom n’est pas cité par le journal.

Selon cette publication, Abu Lebdeh aurait obtenu son diplôme d’infirmière il y a de cela cinq ans.

L’homme aurait annoncé l’intention d’Abu Lebdeh de faire une déclaration « quand elle sera prête, mais il est impossible de lui parler maintenant : elle est en pleine crise de panique, une crise d’angoisse. Nous pourrions appeler les secours pour elle, cette fois. »

Plus tôt, des proches d’Abu Lebdeh auraient agressé un journaliste de The Australian en train de filmer devant la maison, précise le journal.

Entre-temps, Nadir a présenté ses excuses « à la communauté juive et tous ceux que j’ai pu offenser » et expliqué que ses propos n’étaient qu’une blague, peut-on lire dans le journal.

« Quoi qu’il se soit passé, ce n’était qu’un malentendu et une grosse erreur », a-t-il déclaré au journal. « Tout était faux, vous voyez ce que je veux dire ? »

Selon le journal, Nadir est né en Afghanistan et a été naturalisé australien il y a de cela quatre ans.

Veifer, qui publie régulièrement des vidéos sur TikTok, principalement à propos du Moyen-Orient, compte 102 000 abonnés et ses vidéos ont été aimées par 4,2 millions d’utilisateurs. Parmi elles, on trouve des rencontres avec d’autres usagers des réseaux sociaux.

Organisations juives et chercheurs spécialistes de l’antisémitisme ont constaté un très fort regain d’actes antisémites en Australie depuis le pogrom commis par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023 – jour où près de 3 000 terroristes ont envahi l’État juif pour y tuer 1 200 personnes et faire 251 otages – qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza. On compte par exemple des incendies criminels contre des synagogues et centres communautaires à Sydney et Melbourne, des graffitis antisémites et anti-Israël sur des immeubles, des maisons ou encore des voitures dans des zones à forte population juive. Le mois dernier, un rassemblement néonazi a également eu lieu près du parlement de Melbourne.

Le Premier ministre australien Anthony Albanese (à gauche) dans la synagogue Adass Israel incendiée, en compagnie du rabbin Shlomo Kohn à Melbourne, le 10 décembre 2024. (Service du Premier Ministre et du gouvernement / AFP)

Les actes antisémites qui se sont produits dans les deux plus grandes villes – Sydney et Melbourne –, qui abritent 85 % de la population juive australienne, ont davantage attiré l’attention en raison de leur gravité, de leur rareté et de leur caractère public.

Les attaques qui ont frappé des quartiers dans lesquels vivent des Juifs se sont attirées une vague de condamnations – et un débat tendu et complexe sur les responsabilités dans ces affaires.

Mais dans un exceptionnel mouvement transpartisan, les députés fédéraux australiens ont adopté à la quasi-unanimité, la semaine dernière, des lois sur les crimes de haine.

En proie à des attaques quasi quotidiennes ces derniers mois, les membres de la communauté juive australienne estime qu’une nouvelle limite a été franchie.

« La communauté juive australienne a connu des épisodes difficiles, ces derniers temps », a déclaré Dionne Taylor, émissaire australienne du groupe de défense pro-israélien ISRAEL-is. « Nous avons eu l’incendie criminel de la synagogue Adass à Melbourne, en décembre, la caravane chargée d’explosifs à Sydney le mois dernier – si elle avait explosé, cela aurait sans doute été la pire attaque de toute l’histoire australienne. Et aujourd’hui, ceci. »

« Dans les groupes de discussion, les gens se demandent s’ils doivent craindre de donner des détails facultatifs sur leur religion, lorsqu’ils vont à l’hôpital », explique Taylor. « Une autre membre du groupe, une infirmière juive de l’hôpital de Bankstown, dit avoir peur de se rendre à son travail. C’est terrible. »

Dionne Taylor (Autorisation)

En Australie, les familles juives sont inquiètes à l’idée de la prochaine rentrée scolaire, toute proche, maintenant que les vacances d’été touchent à leur fin, confie Taylor, mère de deux enfants.

« Les écoles juives, ici, ont toujours eu des gardes armés, mais désormais il y a aussi des policiers », ajoute Taylor.

Dans la perspective de cette rentrée scolaire, l’Université Macquarie de Sydney a mis en place une « salle sécurisée » pour accueillir les étudiants juifs pourchassés par des antisémites, précise-t-elle.

« Le simple fait que cela existe est tout bonnement terrifiant. »

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