Devançant l’État, Frères d’armes rénovent les maisons endommagées le 7 octobre
L'association reprend le projet lancé par le petit-fils de la cofondatrice assassinée de Kfar Aza, qui dit qu'il est inutile d'attendre l'État avec tant de bénévoles prêts à aider
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Le premier quartier en bordure de Gaza qui sera entièrement rénové après le pogrom du 7 octobre 2023 sera celui de Kfar Aza, grâce à l’initiative d’Omri Ronen, 32 ans, petit-fils de Nira, cofondatrice du kibboutz assassinée ce jour-là, et de l’organisation Frères et sœurs d’Armes.
Omri Ronen est né dans le kibboutz. Lorsqu’il était jeune, sa famille a déménagé à Kochav Yair, dans le centre d’Israël, mais elle revenait régulièrement à Kfar Aza pour rendre visite à leurs proches, dont les grands-parents d’Omri.
Le 7 octobre, sa grand-mère Nira, 86 ans, veuve et cofondatrice du kibboutz, a été assassinée à son domicile aux côtés d’Angie Aguirre, son aide-soignante philippine.
Après presque 200 jours de service dans une unité spéciale de réserve de Tsahal, Ronen – marié et père d’un garçon de huit mois – s’est rendu à Kfar Aza avec son père et y a constaté qu’aucune reconstruction n’avait commencé.
Dans la maison de sa grand-mère, il a trouvé une note en arabe laissée par l’un de ses assassins dans l’agenda de celle-ci, disant : « Tu mourras ici. Tu ne resteras pas ici. »
« Non seulement nous ne sommes pas morts, mais nous sommes vivants et nous sommes là pour rester », a affirmé Ronen au Times of Israel.
Il a contacté les dirigeants du kibboutz et a plaidé pour que la reconstruction commence le plus tôt possible, sans attendre les autorités. Après quelque temps, ils lui ont donné leur feu vert.
Ayant protesté contre les projets de refontes judiciaires controversés du gouvernement avec Frères et Sœurs d’Armes, il lui a semblé naturel d’entreprendre ce projet au sein de ce groupe.
Avec l’accord du kibboutz, Ronen a choisi Green Floors, un quartier de 16 unités construit dans les années 1970 pour y loger les membres du kibboutz âgés de 17 et 18 ans (le père et la tante de Ronen y ont tous deux vécu). Par la suite, d’autres jeunes du kibboutz et d’ailleurs y ont été logés.
Personne n’a été tué dans ce quartier le 7 octobre, contrairement au quartier voisin, dont l’avenir n’est pas encore décidé.
« Je voulais que le quartier des jeunes soit le premier à être rénové parce que les jeunes sont la vie du kibboutz », a expliqué Ronen.
« Le kibboutz était le projet de vie de mon grand-père et de ma grand-mère, c’est pourquoi je suis si déterminé à le poursuivre. »
Les appartements du Green Floors étaient criblés de balles et de mortiers, les portes et fenêtres brisées et les intérieurs vandalisés par les terroristes du Hamas, a expliqué Ronen. Un des logements a même été incendié.
Suite à leur appel aux volontaires lancé par l’intermédiaire de Frères et Sœurs d’armes, ils ont reçu près de 6 000 réponses de bénévoles.
« Frères et Sœurs d’armes m’accompagne depuis le début. Ils sont incroyables », a confié Ronen. « Nous nous trouvons dans une situation sans précédent. L’État ne sait pas comment la gérer. Frères d’armes sait comment organiser et faire avancer les choses. Tout le monde est bénévole. Même les matériaux sont donnés. »
Le projet de deux mois a débuté pendant la fête de Souccot. Si tout se passe comme prévu, le premier soir de Hanoucca, le 25 décembre, 16 jeunes qui vivaient dans le kibboutz avant le 7 octobre recevront les clés de logements entièrement rénovés et meublés, avec pergolas et aménagements extérieurs.
À ce jour, environ 1 000 personnes de tous horizons se sont rendues sur le chantier, dont certaines sans expérience en construction, prêtes à apprendre sur place. Chaque jour, une personne différente supervise les travaux (le jour de la visite de cette journaliste, c’était l’architecte Roy Gordon).
Les volontaires vont des jeunes effectuant une année de service communautaire avec le mouvement HaShomer HaHadash (qui vise à renforcer les valeurs sionistes) aux octogénaires.
Ronen souhaite étendre le projet à d’autres communautés en bordure de Gaza et de la frontière nord avec le Liban, pour relancer la croissance et démontrer aux autorités que c’est possible. « Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’attendre l’État d’Israël », a-t-il déclaré. « Les gens font la queue. Ils veulent donner. Cela renforce leur résilience et les tire de leur désespoir en les engageant dans des actions sionistes. Ils sont heureux de venir aider. »
« Nous avons démonté toutes les unités pour n’en garder que les structures », a-t-il poursuivi. « Maintenant, nous reconstruisons. »
« Le message est que, même brisés, nous reconstruirons en mieux, plus beau, et nous résisterons au terrorisme. Nous sommes là pour rester. »