Jérusalem : Trump ouvre « les portes de l’enfer » pour les intérêts américains, dit le Hamas
Le président américain a annoncé que Jérusalem était la capitale d'Israël, affirmant que ce changement était « attendu depuis longtemps » et « nécessaire pour parvenir à la paix » ; l'ambassade américaine sera donc transférée à Jérusalem
Le président américain Donald Trump, qui s’apprêtait mercredi à reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, a estimé peu avant son discours très attendu qu’une décision sur ce sujet aurait du être prise « depuis longtemps ».
« Nous avons une annonce importante à faire (…) et je pense qu’elle aurait dû être faite depuis longtemps », a déclaré M. Trump.
« Beaucoup de présidents ont dit qu’ils feraient quelque chose et ils n’ont rien fait », a-t-il ajouté, dans une allusion à la promesse de plusieurs de ses prédécesseurs de déplacer l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.
Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, interviendra lors d’une allocution télévisée à la suite du discours de Trump.
Selon de hauts responsables palestiniens, Abbas « écoutera d’abord le discours de Trump et répondra ensuite », a rapporté Reuters.
Mercredi soir, les murs de la Vieille Ville de Jérusalem seront illuminés des couleurs du drapeau américain en signe de « reconnaissance » au président américain Donald Trump – qui devrait déclarer Jérusalem comme capitale d’Israël.

Nir Barkat, maire de Jérusalem, s’est félicité de cette très attendue « déclaration historique qui envoie un message clair au monde entier que les Etats-Unis se tiennent avec le peuple juif, avec l’Etat d’Israël et Jérusalem ».
L’annonce très attendue de Trump a conduit de nombreux dirigeants internationaux a prévenir que sa décision pourrait provoquer de violentes protestations et compliquer les efforts de paix au Moyen-Orient.
Le département d’Etat américain a demandé à tout son personnel diplomatique de reporter tout voyage non essentiel en Israël, à Jérusalem et en Cisjordanie jusqu’au 20 décembre, selon Reuters.
Donald Trump a reconnu mercredi « officiellement Jérusalem comme capitale d’Israël », rompant avec des décennies de diplomatie américaine et internationale.
Le président américain a revendiqué « une nouvelle approche » sur le conflit israélo-palestinien, assurant tenir une promesse que ses prédécesseurs ont « échoué » à respecter.
Trump a commencé son discours en plongeant au cœur de la question et en affirmant avoir les « yeux ouverts ».
« Nous ne pouvons pas prendre nos postes en faisant les mêmes erreurs que par le passé. » « Mon annonce marque une nouvelle approche », a-t-il dit.
Trump s’est penché sur la question du transfert de l’ambassade, notant que tous ses prédécesseurs avaient jusqu’alors renoncé à déplacer la mission diplomatique américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Il a déclaré que ces derniers avaient peut-être manqué de courage.
« Après deux décennies de dérogations, nous ne sommes pas plus proches » d’un accord de paix, a-t-il affirmé, ajoutant que continuer dans la même voie était une « folie ».
Trump a annoncé que Jérusalem était la capitale d’Israël, affirmant que ce changement était « attendu depuis longtemps » et « nécessaire pour parvenir à la paix ».
« Aujourd’hui, Jérusalem est le siège du gouvernement israélien. C’est là que sont la Knesset et la Cour suprême », a-t-il-dit, énumérant une liste d’établissement officiels.
Il a ajouté que, depuis des décennies, les responsables américains rencontrent leurs homologues israéliens à Jérusalem, comme lui l’a d’ailleurs fait.
Trump a appelé au « calme » et à la « tolérance » mercredi en annonçant par ailleurs que son vice-président Mike Pence se rendrait au Proche-Orient « dans les jours à venir ».
« Aujourd’hui nous appelons au calme, à la modération, et à ce que les voix de la tolérance l’emportent sur les pourvoyeurs de haine », a-t-il déclaré lors de son allocution.
Trump a promis mercredi lors d’une allocution à la Maison Blanche de faire tout son possible pour respecter l' »engagement » américain en faveur d’un accord de paix israélo-palestinien, assurant que les Etats-Unis soutenaient une « solution à deux Etats ».
Après avoir reconnu lors du même discours Jérusalem comme capitale d’Israël, le président américain a également ordonné à son ministère des Affaires étrangères de « préparer le déménagement de l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem ».
« En 1995, le Congrès a adopté la loi sur l’ambassade de Jérusalem, exhortant le gouvernement fédéral à transférer l’ambassade américaine à Jérusalem et à reconnaître cette ville comme capitale d’Israël. Cette loi a été adoptée par une écrasante majorité bipartisane et a été réaffirmée par un vote unanime du Sénat il y a seulement six mois, » a déclaré Trump.
« Jérusalem n’est pas seulement au cœur des trois grandes religions ; c’est aussi le cœur de l’une des plus belles démocraties du monde. Au cours de ces sept dernières décennies, le peuple israélien a construit un pays où juifs, musulmans, chrétiens et croyants sont libres de vivre et de prier selon leur conscience et leurs croyances. »
« Les Etats-Unis restent profondément engagés dans la signature d’un accord de paix acceptable pour les deux parties. J’ai l’intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour parvenir à un tel accord. »
« Il y aura bien sûr des désaccords et des dissensions concernant cette annonce, mais nous sommes convaincus qu’au bout du compte, au fur et à mesure que nous surmonterons ces désaccords, nous arriverons à une meilleure compréhension et coopération. »
A la fin de son discours, Trump s’est dirigé vers une table et a signé un document devant les caméras. Le document est apparemment la dérogation de six mois qui retarde le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem, ce qu’il n’a pas mentionné dans son discours.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué mercredi comme un « jour historique » la reconnaissance par le président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël.
M. Netanyahu a aussi affirmé que la décision du président américain ne changerait rien en ce qui concerne les lieux saints des trois grandes religions monothéistes à Jérusalem, affirmant l’engagement israélien à maintenir le « statu quo ».

« Nous saluons cette décision courageuse du président Trump. En 1948, le président Truman a été le premier dirigeant mondial à reconnaître l’État d’Israël et aujourd’hui le président Trump a redressé un tort historique en reconnaissant Jérusalem comme notre capitale », a ensuite déclaré l’ambassadeur israélien Danny Danon.
« L’heure est venue pour tous les Etats membres de l’ONU de suivre l’exemple de nos amis américains et de reconnaître notre ancienne capitale, Jérusalem, capitale de l’Etat d’Israël », a conclu l’ambassadeur.
Le statut de Jérusalem ne peut être résolu que par une « négociation directe » entre Israéliens et Palestiniens, a déclaré mercredi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres en rappelant avoir toujours été « contre toute mesure unilatérale ».
« Il n’y a pas d’alternative à la solution de deux Etats » avec « Jérusalem comme capitale d’Israël et de la Palestine », a ajouté le patron des Nations unies, après l’annonce du président américain Donald Trump d’une reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale de l’Etat juif.
Le mouvement terroriste palestinien du Hamas a affirmé mercredi que la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël ouvrait « les portes de l’enfer pour les intérêts américains dans la région ».
Ismaïl Radouane, un haut responsable du Hamas s’exprimant devant des journalistes dans la bande de Gaza, a appelé les pays arabes et musulmans à « couper les liens économiques et politiques » avec les ambassades américaines, et à expulser les ambassadeurs américains.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a fustigé la décision de Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël.
« Nous condamnons la déclaration irresponsable de l’administration américaine déclarant qu’elle reconnaît Jérusalem comme la capitale d’Israël et qu’elle transférera l’ambassade américaine en Israël à Jérusalem », a-t-il écrit sur Twitter. « Cette décision est contraire au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations Unies. »