Écosse : deux candidats aux élections suspendus pour antisémitisme
Un candidat du SNP s'est excusé pour un post mettant sur le même plan le traitement des Palestiniens et la Shoah. Un travailliste est mis en cause pour des publications Facebook
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

Le Parti national écossais (SNP) et le parti travailliste écossais ont chacun suspendu l’un de leurs candidats aux élections générales à venir au Royaume-Uni en raison de publications jugées antisémites sur les réseaux sociaux, a fait savoir jeudi The Guardian .
Les accusations d’antisémitisme ont joué un rôle dans la campagne électorale britannique en amont du scrutin du 12 décembre, avec le principal parti d’opposition du Labour qui a été accusé de ne pas avoir suffisamment agi pour déraciner le sentiment anti-juif dans ses rangs.
Neale Hanvey, candidat du SNP pour Kirkcaldy et le Cowdenbeath, a présenté jeudi ses excuses pour des publications datant d’il y a deux ans.
Dans un courrier relayé sur son compte Twitter, Hanvey a admis avoir partagé, au mois d’août 2016, un article de l’agence de presse Sputnik – soutenue par le Kremlin – au sujet du financier juif hongrois George Soros, disant qu’il lui avait été dit depuis qu’il « contenait une image considérée comme un trope antisémite ».

Selon The Guardian, l’article était illustré à l’aide d’une image de Soros manipulant des marionnettes à l’effigie des leaders mondiaux.
Hanvey a écrit : « je présente des excuses sans réserve pour les offenses causées » et noté que si cela n’avait pas été son intention de blesser, il acceptait toute la responsabilité de ce « manque de jugement grave ».
Il a également admis avoir, à une autre occasion, fait « le parallèle entre le traitement des Palestiniens et celui, inconcevable, réservé aux Juifs en Europe pendant la Seconde guerre mondiale ».
Cette comparaison était « dénuée de toute sensibilité, pénible et profondément offensante » ainsi qu’en contradiction directe avec la définition de l’antisémitisme telle qu’elle a été établie par l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance), une norme largement acceptée.
Il a écrit soutenir pleinement la décision de sa suspension.
« Même si je ne me considère en aucun cas comme antisémite, en réfléchissant, je me suis rendu compte que le langage que j’ai utilisé l’était – et c’est clairement inacceptable », a continué Harvey.
Une représentante du SNP, Kirsten Oswald, a confirmé la suspension du candidat Harvey auprès du Guardian.
« L’antisémitisme n’a pas sa place en Écosse et n’a pas sa place au sein du SNP », a commenté Oswald. « Neale Hanvey ne peut plus être candidat du SNP et son adhésion a été suspendue en attendant une action disciplinaire. Tous les soutiens pour sa campagne lui ont été retirés », a-t-elle ajouté.
Le SNP a expliqué s’être entretenu de ce cas avec les responsables de la communauté juive, a dit le Guardian.
Même s’il est suspendu du parti, le nom de Harvey ne peut être supprimé aux urnes et le candidat ne peut pas être remplacé, les nominations s’étant achevées le 14 novembre.
Jeudi également, le parti travailliste écossais s’est séparé de l’une de ses candidates, Safia Ali, en raison de publications antisémites présumés sur les réseaux sociaux.
Le parti travailliste écossais est une branche du Labour (britannique) qui siège au parlement écossais.
Labour's Safia Ali removed as candidate over anti-Semitism claims https://t.co/6avCzQaB2z
— BBC Politics (@BBCPolitics) November 28, 2019
« Safia Ali n’est plus la candidate choisie par le parti du Labour pour Falkirk », a expliqué un porte-parole de la formation au Falkirk Herald. « Nous sommes immédiatement passés à l’action dans ce dossier. Nous regrettons profondément que Safia Ali ait été sélectionnée ».
Le secrétaire-général du Labour écossais Michael Sharpe a déclaré au Herald qu’il « n’y a pas de place pour l’antisémitisme ou pour toute autre forme de racisme ou de fanatisme dans notre pays. C’est pour ça que le Labour passe à l’action de manière robuste pour déraciner la haine antijuive dans notre mouvement et dans la société au sens large ».
Une source du parti a dit au Guardian que les propos tenus par la candidate avaient échappé au processus de contrôle parce qu’ils avaient figuré sur un vieux compte Facebook qu’Ali n’utilise plus. Il n’y a pas eu davantage d’informations sur les contenus des posts.

Lundi, le grand-rabbin du Royaume-Uni, Ephraim Mirvis, dans une Opinion publiée par le Times, a vivement recommandé aux électeurs de prendre conscience de ce que le « nouveau poison » de l’antisémitisme s’était enraciné au sein du parti Travailliste et il a expliqué avoir peur pour le sort réservé aux Juifs du pays si son leader, Jeremy Corbyn, devait devenir Premier ministre.
Après avoir refusé de manière répétée de présenter des excuses à la communauté juive pour sa gestion de l’antisémitisme au sein de la formation au cours d’un entretien accordé mardi à la BBC, Corbyn a déclaré mercredi que son parti l’avait déjà fait.