Espagne : la Fédération des communautés juives dénonce une « montée de l’antisémitisme »
La FCJE a demandé au chef de la diplomatie espagnole un renforcement du plan national contre l'antisémitisme adopté en 2023 afin de "l'adapter à la situation actuelle"
La Fédération des communautés juives d’Espagne (FCJE) a dénoncé lundi une « montée de l’antisémitisme » dans le pays, lors d’une rencontre avec le ministre des Affaires étrangères, à qui elle a demandé de prendre des mesures pour l’enrayer.
« Les représentants officiels des communautés juives espagnoles ont fait part au ministre de leur inquiétude face à la grave montée de l’antisémitisme en Espagne, qui se manifeste dans des écoles, des universités, des médias, etc. », a indiqué la Fédération dans un communiqué.
Elle a demandé au chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, un renforcement du plan national contre l’antisémitisme adopté en 2023 afin de « l’adapter à la situation actuelle et pour pouvoir faire face efficacement à la montée de l’antisémitisme qui atteint des sommets jamais vus au cours des dernières décennies », indique le texte.
Le ministre a quitté la réunion sans faire de déclaration.
Selon la FCJE, depuis l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, les juifs d’Espagne sont la cible d’un nombre croissant « d’attaques, d’insultes, de menaces et d’intimidations ».
La Fédération a également critiqué l’utilisation par un ministre du gouvernement de Pedro Sanchez du slogan « Du fleuve à la mer » dans une exposition au musée Reina Sofía de Madrid, qui fait référence aux frontières palestiniennes avant la création d’Israël en 1948 et qui, selon elle, « implique la disparition d’Israël et de ses habitants ».
Fin mars, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a publié une déclaration commune avec ses homologues irlandais, maltais et slovène, dans laquelle ils se disaient « prêts à reconnaître la Palestine » lorsque cela pourra « apporter une contribution positive » à la résolution du conflit israélo-palestinien.
Géographiquement proche du Maghreb, l’Espagne s’est tournée vers les pays arabes durant la dictature de Franco (1939-1975) afin de contourner son isolement en Occident – une diplomatie dite de « substitution » longtemps cultivée par Madrid, rappelle Juan Tovar, professeur à l’université de Burgos.
Ce n’est qu’en 1986, en outre, que le pays a établi des relations officielles avec Israël. La conséquence de tensions nées de l’opposition de l’Etat hébreu à l’entrée dans l’ONU de l’Espagne au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en raison de sa proximité avec l’Allemagne nazie, rappelle Isaías Barreñada, professeur à l’Université Complutense de Madrid.
Madrid est ensuite allé jusqu’à jouer les médiateurs, accueillant ainsi en 1991 une Conférence de paix, avec pour la première fois l’ensemble des parties arabes en conflit direct avec l’Etat hébreu: Palestiniens, Syriens, Jordaniens et Libanais.
Deux ans après cette conférence, les accords d’Oslo, à travers lesquels Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) se reconnaissaient mutuellement, étaient signés à Washington.
Mais globalement, l’Espagne reste perçue par de nombreux acteurs comme pro-arabe et est l’un des pays de l’UE les plus critiques à l’égard de la manière dont l’armée israélienne mène ses opérations militaires à Gaza.