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Face à l’antisémitisme en France, une nouvelle demande vers les écoles juives

L’explosion de l’antisémitisme dans les écoles françaises pousse de plus en plus de familles à scolariser leurs enfants dans des écoles juives

Un policier français montant la garde devant une synagogue, deux jours après que les mesures de sécurité ont été renforcées près des synagogues et des écoles juives, dans le centre de Paris, le 9 octobre 2023. (Crédit : Julien de Rosa/AFP)
Un policier français montant la garde devant une synagogue, deux jours après que les mesures de sécurité ont été renforcées près des synagogues et des écoles juives, dans le centre de Paris, le 9 octobre 2023. (Crédit : Julien de Rosa/AFP)

Pas un jour ne passe sans que Sarah (nom d’emprunt) ne s’inquiète pour sa fille. « J’ai une boule au ventre constamment lorsqu’elle quitte la maison pour aller à l’école », explique cette mère de famille. Depuis plusieurs mois, sa fille de 12 ans est régulièrement la cible d’intimidations et d’insultes à l’école. Des camarades qui lui crient « sale juive » ou « sale sioniste de merde », ou encore « tu massacres des gens, fais attention, ça sera bientôt ton tour ».

Pour sa mère, la situation est de plus en plus intenable. « Déjà, en tant qu’adulte, on a du mal à faire face à l’antisémitisme, alors comment peut-on infliger ça à un enfant ? ». Depuis les attaques du Hamas, de nombreuses familles juives affirment que leurs enfants vivent la même situation sur les bancs de l’école. Selon le ministère français de l’Éducation nationale, 1 670 actes antisémites (insultes, violences verbales ou physiques et autres inscriptions discriminatoires) ont été enregistrés sur l’année 2023-2024 dans les établissements scolaires allant de la maternelle au lycée.

Des chiffres en forte hausse, quand on les compare à l’année précédente, où 400 actes antisémites avaient été enregistrés dans les écoles. La nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, a récemment demandé aux recteurs « la plus grande vigilance et une remontée la plus précise des actes antisémites », appelant à des « sanctions justes et proportionnées ».

Mais son discours peine à effacer les inquiétudes des parents. « Ce sont de belles paroles, mais dans la réalité, qu’est-ce qui est concrètement fait contre ça ? On a le sentiment d’être abandonné depuis plus d’un an et de devoir vivre caché. Quand est-ce qu’on arrêtera de tolérer cela ? », se questionne Sarah, qui raconte que sa fille pleure souvent de cette situation.

Hausse des écoles juives

Face à cette montée de l’insécurité et des actes antisémites en France, de plus en plus de familles décident de scolariser leurs enfants dans des écoles juives. Même si le phénomène est difficile à quantifier, les statistiques ethniques et religieuses étant interdites en France, plusieurs organismes observent une même tendance.

« Les écoles juives sont devenues un refuge quasi obligatoire pour certains élèves qui n’arrivent plus à rester dans des écoles publiques. Si avant certains hésitaient, ils sont maintenant encouragés par le contexte », constate le directeur de l’action scolaire du Fonds social juif unifié (FSJU), Patrick Petit-Ohayon.

Patrick Petit-Ohayon, directeur de l’action scolaire du Fonds social juif unifié (FSJU) (Autorisation)

Trente-deux nouvelles classes ont été ouvertes au sein des écoles juives en France cette rentrée, contre vingt-deux en 2023 et 2022, selon FSJU, qui coordonne ce réseau d’établissements sous contrat et hors contrat avec les autorités françaises.

Un « record » selon Patrick Petit-Ohayon qui estime à environ six-cents le nombre d’arrivées d’enfants du public pour cette rentrée scolaire.

« Ce n’est pas la première fois que l’on voit cette tendance, on l’a déjà vu après l’attaque de l’Hyper Cacher à Paris ou encore les attentats à Nice », explique Anne Coffinier, présidente de l’association Créer son école, qui aide à la création d’établissements hors contrat.

« Mais c’est la première fois en 20 ans que je vois autant de nouvelles écoles juives en une seule rentrée ». Sur cent-seize ouvertures en cette rentrée, dix font partie du réseau confessionnel juif, contre une seule l’an dernier, selon les chiffres de cette association.

Sarah se renseigne attentivement pour déplacer sa fille vers un établissement juif.

« Nous ne sommes pas vraiment pratiquants, mais j’ai l’impression que c’est le seul endroit où elle pourra se sentir en sécurité. C’est triste de devoir en arriver là, mais on n’a pas le choix. Ce n’est pas sain pour une adolescente de grandir comme ça », explique la mère de famille.

Des défis

Cette nouvelle demande vers les écoles juives amène aussi son lot de défis, selon Patrick Petit-Ohayon. « Beaucoup de ces nouveaux élèves nécessitent, notamment les premiers mois, une sorte de mise à niveau des compétences et connaissances en enseignement juif. Ce qui signifie parfois des locaux supplémentaires pour des dédoublements ou des enseignants supplémentaires pour travailler un peu plus avec eux ».

Les actes antisémites ont aussi des conséquences psychologiques, notamment chez les enfants. Le FSJU a d’ailleurs lancé un dispositif
« Horizon Enfance » pour accompagner les jeunes qui se tournent vers les écoles juives. « Il faut vraiment tenir compte du fait que ces enfants ont pu vivre des choses difficiles. Avec ce dispositif, des spécialistes vont faire attention à leur équilibre et à la construction de leur identité ».

Depuis le 7 octobre, une explosion des actes antisémites est enregistrée en France. En un an, ils ont augmenté de 192 %. Au premier semestre 2024, 887 « faits antisémites » ont été commis, selon le ministère français de l’Intérieur qui indique que cette tendance « semble s’inscrire dans la
durée ».

Des chiffres et une division dans la société qui inquiètent Anne Coffinier.

Anne Coffinier, présidente de l’association Créer son école (Autorisation)

« Je trouve ça très préoccupant qu’en France on ne soit pas capable de vivre ensemble dans les écoles publiques. Les écoles hors contrat se retrouvent de plus en plus à devoir rendre un rôle de service public et récupèrent les pots cassés pour que les gens ne soient pas déscolarisés ».

Pour Sarah, le transfert de sa fille vers un établissement juif sera la dernière chance. « Si ça ne change rien, alors je pense que oui, nous ferons l’alyah [départ en Israël], car quel avenir pouvons-nous offrir à notre fille ici ».

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