Gilles Devers, avocat français à l’origine des plaintes contre Israël auprès de la CPI, est mort
Surnommé « L’avocat français du Hamas », il s'est éteint à l’âge de 68 ans après 15 ans de combat pour traîner Israël devant les tribunaux internationaux
L’avocat lyonnais Gilles Devers, engagé de longue date dans une bataille juridique contre Israël au nom de la cause palestinienne auprès des instances internationales, est mort le 26 novembre 2024, soit cinq jours après que la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêts contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ex-ministre de la Défense Yoav Gallant.
À partir de 2009, Gilles Devers avait transmis des dizaines de signalements au bureau du procureur de la CPI au nom de Palestiniens qui se disaient victimes de la politique israélienne en Cisjordanie et à Gaza notamment, précise le journal Le Monde.
En 2014, celui que Le Monde a appelé « l’avocat français du Hamas » avait convaincu le groupe terroriste palestinien qui dirige de facto la bande de Gaza de soutenir l’adhésion de l’État de la Palestine à la CPI pour faciliter les démarches.
Gilles Devers avait également déclaré qu’il souhaitait « lever une armée d’avocats, pour un pays sans armée » et était parvenu à rassembler des centaines de spécialistes du droit pour soutenir son initiative visant à engager des poursuites contre Israël devant les instances internationales.
En novembre 2023, il avait soumis à la CPI un dossier réclamant une enquête pour « génocide » à Gaza, alors que la riposte terrestre d’Israël contre le Hamas à Gaza, déclenchée par le pogrom du 7 octobre 2023 perpétré par le groupe terroriste dans le sud d’Israël, avait débuté le 27 octobre 2023.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 251 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 40 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 17 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Le Hamas est accusé de gonfler le nombre des victimes civiles et d’y inclure les Palestiniens tués par les roquettes tirées par les factions terroristes qui retombent dans la bande. Le Hamas ne fait pas non plus de distinction, dans ce bilan, entre les civils et les terroristes.
On estime que 101 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza. 105 civils ont été libérés au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre, et quatre otages ont été remis en liberté avant la trêve. Huit otages, dont une soldate, ont été secourus vivants par les forces israéliennes, et les corps de 37 otages ont également été récupérés, dont au moins trois ont été tués par erreur par l’armée lors d’un incident tragique en décembre.
Le 30 janvier 2024, l’université Lumière-Lyon II avait annoncé avoir annulé une conférence de Gilles Devers intitulée « Crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocide ? Israël au tribunal ! », sur demande de la préfecture et « pour des raisons de sécurité ».
Le fils de Gilles Devers, Manuel Devers, a précisé qu’il poursuivrait les dossiers initiés par son père.
Le Collectif 69 de soutien au peuple palestinien, une association lyonnaise, a rendu hommage à Gilles Devers dans un communiqué publié sur son site. « Par la délivrance de mandats d’arrêt des criminels israéliens, ce travailleur acharné et déterminé a vu se concrétiser une étape déterminante de son combat pour la justice. Le Droit, rien que le droit, était le leitmotiv de ce grand Monsieur », peut-on notamment lire.