Herzog espère combler le fossé Biden-Netanyahu lors de sa visite à Washington
Le président sera reçu en grande pompe dans la capitale américaine, contraste flagrant avec les critiques de la Maison Blanche sur les politiques d’implantations et la refonte judiciaire
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le président Isaac Herzog quittera le pays tôt mardi pour Washington, où il rencontrera le président américain Joe Biden et s’adressera à une session conjointe du Congrès.
Cette visite souligne l’absence flagrante d’invitation au Premier ministre Benjamin Netanyahu de la part de l’administration Biden, alors que les tensions entre les deux gouvernements restent vives sur un certain nombre de questions nationales et internationales.
En embrassant Herzog, le président américain, qui se revendique fièrement sioniste, veut montrer qu’il soutient Israël mais qu’il a de sérieuses réserves quant à la ligne dure de la coalition menée par Netanyahu.
Ce sera la deuxième visite de Herzog à la Maison Blanche en moins de neuf mois, alors que Netanyahu n’a toujours pas reçu d’invitation depuis son retour au pouvoir à la fin du mois de décembre.
D’après des informations de la Treizième chaîne, Herzog tentera de faire avancer la question d’une rencontre entre Netanyahu et Biden.
Les opposants au projet de réforme judiciaire du gouvernement Netanyahu tenteront, néanmoins, de faire comprendre à l’hôte de Herzog à quel point la question reste controversée en Israël.
Des manifestants auraient prévu de venir en bus de New York pour manifester devant le Capitole mercredi, jour où Herzog doit prononcer son discours.
D’après la Treizième chaîne, qui cite des sources diplomatiques, Netanyahu n’appréciait pas le voyage de Herzog.
Netanyahu aurait dit à l’ambassadeur Michael Herzog – le frère du président, qui est l’envoyé d’Israël à Washington – qu’il pensait que cette visite légitimerait la décision de la Maison Blanche de ne pas inviter le Premier ministre, selon le reportage.
Fin mars, Biden avait indiqué que, compte tenu de la frustration de Washington face à la refonte du système judiciaire, Netanyahu ne viendrait pas à la Maison Blanche « dans un avenir proche ».
Quelques jours plus tôt, l’ambassadeur d’Israël à Washington avait été convoqué au département d’État pour être réprimandé pour des manquements aux engagements concernant la politique à l’égard des Palestiniens.
Récemment, les responsables de l’administration ont davantage concentré leurs critiques sur les questions palestiniennes.
La semaine dernière, Joe Biden a déclaré lors d’une interview sur CNN que la coalition de Netanyahu comprenait certains des « membres les plus extrêmistes » qu’il ait jamais vus en Israël, et a déploré le fait qu’ils soutiennent une politique d’expansion illimitée des implantations et ne reconnaissent aucun droit palestinien sur le territoire.
Il est cependant important de rappeler que Biden n’a jamais ouvertement exclu la possibilité d’une visite de Netanyahu lors de cette interview, comme il l’avait fait en mars, et a plutôt préféré évoquer le voyage de Herzog. Biden a semblé, tout en critiquant la coalition de Netanyahu, compatir à la situation politique difficile du Premier ministre.
Pour Biden, Netanyahu « est en train d’essayer de trouver un moyen de résoudre les problèmes qui existent au sein de sa coalition ».
« Nous espérons que Bibi continuera à se diriger vers la modération », a-t-il ajouté.
Le bureau de Netanyahu a cherché à minimiser le fossé, déclarant la semaine dernière que « ce n’est pas un secret que nous avons des désaccords avec le gouvernement américain en ce qui concerne la création d’un État palestinien, le retour à l’accord nucléaire dangereux avec l’Iran et la position du Premier ministre Netanyahu contre la politique ‘sans surprise’ concernant les actions israéliennes contre l’Iran. Les liens entre Israël et les États-Unis se sont renforcés au fil des années et la coopération en matière de sécurité a atteint un niveau record sous le Premier ministre Netanyahu ».
La Maison Blanche ne semble toutefois pas désireuse d’arranger les choses.
Après la publication, la semaine dernière, d’un éditorial du chroniqueur du New York Times, Tom Friedman – reflétant probablement la politique de Joe Biden – dans lequel il affirmait que l’administration avait commencé à « réévaluer » ses liens avec le gouvernement Netanyahu, la Maison Blanche a publié une réponse plutôt tiède, déclarant qu’elle n’était pas engagée dans une réinitialisation « formelle », laissant ouverte la possibilité qu’elle ait commencé à réexaminer les relations de manière non officielle.
Herzog et Netanyahu se sont rencontrés jeudi dernier pour l’un de leurs briefings habituels, afin d’informer le président de la politique israélienne à l’égard de l’Iran, avant la rencontre de Herzog avec Biden. Herzog a profité de l’occasion pour exhorter Netanyahu à reprendre les négociations négociées par le bureau du président, en vue de parvenir à un compromis avec l’opposition sur la réforme du système judiciaire.
La Maison Blanche a déclaré dans un communiqué que la visite de Herzog « soulignera notre partenariat et notre amitié durables » et que Biden profitera de leur rencontre mardi pour « réaffirmer l’engagement inébranlable des États-Unis en faveur de la sécurité d’Israël ».
« Les deux dirigeants discuteront des possibilités d’approfondir l’intégration régionale d’Israël et de créer un Moyen-Orient plus pacifique et plus prospère », a ajouté la Maison Blanche.
Au début de l’année, Joe Biden a chargé ses collaborateurs d’essayer de négocier un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, mais des responsables américains ont récemment déclaré qu’un tel accord serait pratiquement impossible en raison de la politique actuelle d’Israël à l’égard des Palestiniens.
Mercredi, Herzog prononcera un discours devant une session conjointe du Congrès en l’honneur du 75e anniversaire de l’État d’Israël. Il rencontrera également la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, ainsi qu’une série de responsables interinstitutionnels au cours de ses deux jours à Washington. Il se rendra ensuite à New York jeudi, où il rencontrera des dirigeants de la communauté juive et restera dans la ville pour le Shabbat.
Outre Biden et Harris, Herzog rencontrera le secrétaire d’État Antony Blinken et le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan.
À New York, il rencontrera le chef des Nations unies, Antonio Guterres, la gouverneure de l’État de New York, Kathy Hochul, le maire de New York, Eric Adams, et des dirigeants de la communauté juive, dont certains lors d’une réception organisée par l’UJA-Fédération de New York.
Herzog a déclaré dimanche que Leah Goldin – dont le fils Hadar a été tué lors de la guerre de Gaza de 2014 et dont le corps est détenu par le Hamas – l’accompagnerait lors de la visite de cette semaine à Washington et à New York.
Mme Goldin sera présente lors des réunions de Herzog au Congrès et avec le secrétaire général de l’ONU, et abordera la question des Israéliens détenus à Gaza, selon un communiqué du bureau du président.
Jacob Magid a contribué à ce rapport.