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Iran : des ONG critiquent « l’impunité » de Raïssi et certains messages de condoléances

L'ancien dictateur aurait supervisé des exécutions massives de prisonniers en 1988, puis d'avoir commis nombre de violations des droits humains en tant que chef du pouvoir judiciaire et, plus tard, en tant que président

Une photo fournie par la présidence iranienne montre le président Ebrahim Raissi s'exprimer avant de monter dans un avion en partance de l'aéroport international Mehrabad, à Téhéran, et à destination de l'Arabie saoudite pour assister à un sommet, le 11 novembre 2023. (Crédit : Présidence iranienne/AFP)
Une photo fournie par la présidence iranienne montre le président Ebrahim Raissi s'exprimer avant de monter dans un avion en partance de l'aéroport international Mehrabad, à Téhéran, et à destination de l'Arabie saoudite pour assister à un sommet, le 11 novembre 2023. (Crédit : Présidence iranienne/AFP)

Des ONG de défense des droits humains et des opposants iraniens regrettent que la mort du président iranien Ebrahim Raïssi signifie qu’il n’a jamais dû rendre des comptes devant la justice pour les crimes qu’il a commis selon eux pendant des décennies dans le pays.

Après avoir rapidement gravi les échelons dans les années qui ont suivi la Révolution islamique de 1979, M. Raïssi a été accusé par des militants d’avoir supervisé des exécutions massives de prisonniers en 1988, puis d’avoir commis nombre de violations des droits humains en tant que chef du pouvoir judiciaire et, plus tard, en tant que président.

« Raïssi était un homme à tout faire pour Khameneï dont le régime est confronté à des crises innombrables surtout après le soulèvement de 2022. De ce point de vue, il est un personnage irremplaçable pour le guide suprême », écrivait dimanche un porte-parole du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI).

Raïssi figurait sur la liste noire américaine des responsables iraniens sanctionnés pour « complicité de graves violations des droits humains ».

« Ebrahim Raïssi était un symbole de l’impunité judiciaire pour les criminels et de l’absence de responsabilité au sein du système de la République islamique », a déclaré à l’AFP Mahmood-Amiry Moghaddam, directeur de l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège.

Il « aurait dû être poursuivi pour crimes contre l’humanité et répondre, dans le cadre d’un procès équitable, des innombrables atrocités qu’il a commises au cours de ces quatre décennies », a ajouté Moghaddam.

Shadi Sadr, cofondatrice de l’ONG Justice for Iran, qui fait campagne pour que les responsables des violations des droits des Iraniens rendent des comptes, a critiqué certains messages de condoléances de personnalités telles que le président du Conseil européen, Charles Michel, après la mort de M. Raïssi et de son ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.

« De telles initiatives sont perçues comme une trahison par les innombrables victimes des violations des droits de l’homme, ce qui accentue la déception de la population iranienne à l’égard de la communauté internationale », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue libanais Abdallah Bouhabib, à Beyrouth, le 13 octobre 2023. (Crédit : Hussein Malla/AP Photo)

Crimes contre l’humanité

D’autres ONG parmi lesquelles Amnesty International accusent depuis longtemps M. Raïssi d’être membre du « comité de la mort » composé de quatre personnes, qui a approuvé l’exécution de milliers de prisonniers politiques en 1988, pour la plupart des membres présumés du mouvement d’opposition des Moudjahidine du peuple iranien (MEK), interdit en Iran.

M. Raïssi, considéré avant sa mort comme un successeur possible du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a nié catégoriquement toute implication personnelle, tout en saluant la décision de procéder aux exécutions.

En septembre 2020, un groupe de sept rapporteurs spéciaux des Nations unies a écrit au gouvernement iranien pour lui demander de rendre des comptes sur les exécutions, déclarant que « la situation pourrait s’apparenter à des crimes contre l’humanité ».

M. Raïssi a été promu procureur général de Téhéran en 1989, puis, en 2004, chef adjoint du pouvoir judiciaire, poste qu’il a occupé pendant dix ans, englobant la période des grandes manifestations de 2009.

Il est devenu chef du pouvoir judiciaire en 2019 et président en 2021, tandis qu’en 2022, son gouvernement a mis en œuvre une répression sévère des manifestations menées par des femmes, qui a fait des centaines de morts, selon des ONG.

Début 2024, une mission d’enquête indépendante des Nations unies a indiqué que le gouvernement iranien avait commis des crimes contre l’humanité en raison de la « répression violente » des manifestations et de la discrimination à l’égard des femmes.

Des dissidents iraniens manifestent contre le discours prononcé par le président Ebrahim Raissi aux Nations unies, à New York City, le 20 septembre 2022. (Crédit : Luke Tress/Times of Israel)

Pilier du système

« La sympathie à son égard est une insulte à ses victimes et à la nation iranienne, dont le seul regret est qu’il n’ait pas vécu assez longtemps pour assister à la chute de la République islamique et être jugé pour ses crimes », a déclaré Reza Pahlavi, fils du chah déchu d’Iran et figure de proue de l’opposition.

« M. Raïssi était un pilier d’un système qui emprisonne, torture et tue les personnes qui osent critiquer les politiques de l’Etat », a déclaré Hadi Ghaemi, directeur exécutif du Centre pour les droits de l’homme en Iran, basé à New York.

« Sa mort lui a permis d’échapper à l’obligation de rendre compte de ses nombreux crimes et des atrocités commises par l’Etat sous son règne », a-t-il ajouté.

Ce militant a mis en garde contre le risque d’une escalade de la répression à l’encontre de la société civile iranienne, alors que les dirigeants iraniens, sous la houlette de M. Khamenei, cherchent à garder le contrôle du pouvoir après la perte soudaine de M. Raïssi.

« Ce qui est crucial maintenant, c’est que la communauté internationale ne permette pas à la République islamique d’exploiter ce moment pour réprimer et brutaliser davantage le peuple iranien », a déclaré M. Ghaemi.

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