Israël n’est pas préparé à une guerre contre le Hezbollah, selon le PDG de NOGA
Le directeur de la société chargée de planifier les systèmes électriques du pays a averti qu'Israël serait inhabitable après 72 heures sans courant - propos jugés "irresponsables"
Israël n’est pas préparé aux préjudices que subiraient ses infrastructures électriques si une guerre totale éclatait avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, a averti jeudi le directeur de la société responsable de la planification des systèmes électriques du pays, bien qu’il ait par la suite qualifié cette remarque « d’irresponsable ».
« Nous ne sommes pas dans une bonne situation et nous ne sommes pas préparés à une véritable guerre. Nous vivons dans un fantasme », a déclaré Shaul Goldstein, qui dirige la société israélienne Independent System Operator Ltd, connue sous ses initiales en hébreu NOGA.
« Nous ne pouvons pas promettre de l’électricité en cas de guerre dans le nord. Après 72 heures sans électricité, il sera impossible de vivre ici. Nous ne sommes pas préparés à une véritable guerre », a déclaré le PDG de NOGA lors d’une conférence dans la ville de Sderot, dans le sud du pays, alors qu’on lui demandait s’il pouvait garantir la continuité de l’approvisionnement en électricité en cas d’urgence.
« Si Nasrallah décide de neutraliser le réseau électrique israélien, il lui suffit de prendre le téléphone et d’appeler le responsable du réseau électrique de Beyrouth, qui est [essentiellement] identique à celui d’Israël », a affirmé Goldstein.
Après que ses commentaires ont commencé à faire la Une des journaux, Goldstein a cherché à revenir sur certains d’entre eux, déclarant à la chaîne publique Kan « j’ai tenu des propos irresponsables, ce que je n’aurais pas dû faire ».
Cette mise en garde survient alors que l’on craint de plus en plus que la situation à la frontière nord d’Israël ne dégénère en une véritable guerre entre Israël et le Hezbollah, soutenu par l’Iran. Le groupe terroriste chiite libanais posséderait quelque 150 000 roquettes qu’elle pourrait utiliser pour cibler les infrastructures israéliennes.
Les déclarations de Goldstein ont été condamnées par des représentants du gouvernement ainsi que par d’autres dirigeants du secteur de l’énergie.
Meïr Shpilger, PDG de la Compagnie israélienne d’Electricité, chargée de la mise en œuvre des projets de NOGA, a qualifié les propos de Goldstein « d’irresponsables [et] détachés de la réalité », l’accusant de semer inutilement la panique.
« L’État d’Israël ne sera pas laissé dans l’obscurité. Les chances qu’une panne d’électricité dure plusieurs jours sont très faibles », a réagi sur X le ministre de l’Énergie, Eli Cohen.
« Nous nous préparons à tous les scénarii », a ajouté Cohen. « L’État d’Israël a la capacité de produire de l’électricité à partir d’une grande variété de sources. Nous avons des plates-formes de gaz, des réserves de carburant diesel, d’énormes réserves de charbon et nous produisons également de l’électricité à partir d’énergies renouvelables. »
« Nos réserves de sources d’énergie sont réparties dans des sites classés et protégés. Nous avons pris de nombreuses autres mesures pour assurer un approvisionnement régulier en énergie, mais il est impossible de les détailler », a-t-il déclaré.
« S’il y a une panne d’électricité de quelques heures en Israël, il y aura une panne d’électricité de plusieurs mois au Liban », a averti Cohen.
NOGA a publié une déclaration dans laquelle elle prend ses distances avec son propre PDG, affirmant que l’évaluation de Goldstein n’était pas représentative de l’entreprise.
Depuis le 8 octobre, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens, affirmant agir en soutien à Gaza dans le cadre de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas qui s’y déroule.
Jusqu’à présent, les affrontements à la frontière ont causé la mort de dix civils du côté israélien, ainsi que celle de quinze soldats et réservistes de Tsahal. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés.
Le Hezbollah a signalé que 349 de ses terroristes ont été tués par Israël depuis le 8 octobre, principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Au Liban, 71 membres d’autres groupes terroristes, un soldat libanais et au moins 60 civils, dont trois journalistes, ont été tués.
Ces dernières semaines, les échanges de tirs à la frontière avec le Liban se sont intensifiés, le Hezbollah tirant des centaines de roquettes sur Israël et l’armée israélienne tuant des terroristes du Hezbollah, y compris, récemment, un commandant de haut rang.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a menacé mercredi Israël d’une « guerre totale », ajoutant que le groupe terroriste chiite ne cherchait pas une escalade complète avec Israël mais qu’il continuerait à soutenir le Hamas.
« En cas de guerre totale, aucun endroit d’Israël ne serait épargné par les armes du groupe, a averti Nasrallah, affirmant que le Hezbollah se battrait « sans règles » et « sans plafonds », ajoutant que « l’ennemi sait bien que nous nous sommes préparés au pire […] et qu’aucun endroit […] ne sera épargné par nos missiles. »
Les déclarations de Nasrallah ont été faites le lendemain de l’annonce par l’armée israélienne de l’approbation par les généraux des plans de bataille pour une opération au Liban, alors que l’envoyé spécial américain Amos Hochstein s’est rendu à Jérusalem et à Beyrouth dans le but de désamorcer la situation.
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