Israël s’approprie 17 hectares de terres du Gush Etzion et les déclare « terres d’État »
Le maire du conseil régional, Yaron Rosenthal, a salué l’annonce, déclarant que le projet d’Hérodion qui se trouve au milieu des terres "apportera la prospérité à toute la région"
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a annoncé lundi que l’Administration civile, une agence du ministère de la Défense, venait de saisir 17 hectares de terres entourant le site archéologique d’Herodion, dans la région de Gush Etzion, en Cisjordanie, les déclarant ainsi « terres publiques », c’est-à-dire des terres qui n’appartiennent pas à des propriétaires privés et qui peuvent être utilisées à des fins diverses, y compris pour la construction de nouvelles implantations.
Smotrich, qui a autorité sur l’Administration civile dans le cadre de ses fonctions de vice-ministre au ministère de la défense, a expliqué qu’il œuvrait à l’avancement du processus de déclaration des terres publiques en Cisjordanie depuis l’année dernière, un processus qu’il a qualifié de « très important dans la campagne pour l’espace ouvert [en Cisjordanie] ».
Le maire du conseil régional de Gush Etzion, Yaron Rosenthal, s’est félicité de cette annonce, affirmant qu’elle servira de catalyseur pour transformer le site touristique et patrimonial d’Hérodion en un centre touristique international. Il a ajouté que ce projet « apportera la prospérité à toute la région » et constitue « un magnifique témoignage de notre lien historique avec cette partie du pays ».
Dans le cadre d’une initiative supplémentaire, trois bâtiments qui avaient été illégalement construits à proximité du village palestinien d’Al-Auja, en Cisjordanie – à une cinquantaine de mètres de l’endroit où avait eu lieu une attaque à l’arme à feu, jeudi – ont été démolis dans la journée de lundi, sur ordre de Smotrich.
Le bureau de ce dernier a confirmé auprès du Times of Israel qu’il avait demandé à l’Administration civile d’accélérer la mise en œuvre de la démolition de ces structures illégales à cause de l’attentat.
Le mois dernier, quelque 800 hectares de terres ont été déclarés terres publiques dans la vallée du Jourdain, ce qui représente la plus grande superficie depuis des dizaines d’années, selon des groupes opposés au mouvement d’implantation. Cette décision avait été condamnée par le président français Emmanuel Macron.
Et en février, 260 hectares ont été déclarés terres de l’État à l’est de Jérusalem-Est.
Malgré l’opposition de la communauté internationale, Israël a construit, lors des dernières décennies, des dizaines d’implantations dans toute la Cisjordanie. Plus de 490 000 Israéliens y vivent dorénavant, aux côtés des trois millions environ de Palestiniens installés sur le territoire.
L’administration Biden a fait savoir, au mois de février, que les implantations allaient « à l’encontre » du droit international après l’annonce, par Israël, de nouveaux plans de construction en Cisjordanie.
Smotrich a aussi juré, lundi, de « se battre avec toute ses forces » jusqu’à ce que toutes les sanctions occidentales appliquées aux résidents d’implantation soient levées, ajoutant qu’il « n’abandonnera pas » cette cause.
Les États-Unis et plusieurs nations européennes ont imposé des sanctions à des résidents d’implantation qui étaient accusés de se livrer à des violences contre les Palestiniens.
S’adressant aux journalistes avant la réunion hebdomadaire de son parti Hatzionout HaDatit, Smotrich a déploré « les sanctions sans précédent appliquées à des citoyens israéliens dont le seul péché est qu’ils se sont établis en Judée-Samarie, montant la garde sur les terres de notre pays ».
« Nous ne l’accepterons pas et je me battrai de toutes mes forces contre cela », a-t-il continué.
« Je suis heureux de vous informer que grâce à mon insistance et à mes demandes sans ambiguïté au Premier ministre et au ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer, le gouvernement américain a transmis un courrier qui réduit de manière spectaculaire les sanctions qui ont été prises et qui autorise les banques à restituer leurs comptes bancaires aux résidents d’implantation, des comptes qui avaient été totalement gelés », a-t-il poursuivi.
« Si ce n’est pas encore assez, c’est tout de même une avancée dans la bonne direction et nous n’abandonnerons pas tant que toutes les sanctions n’auront pas été levées », a-t-il poursuivi.
La semaine dernière, les États-Unis avaient fait savoir à Israël que les sanctions ne devaient pas obliger les banques israéliennes à fermer le compte bancaire des individus concernés.
Les violences des partisans du mouvement pro-implantation, après le massacre qui a été commis par le groupe terroriste du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre – 1200 personnes environ avaient été tuées et 253 personnes avaient été enlevées et prises en otage à Gaza – ont connu un pic. Mais elles étaient déjà en recrudescence avant l’assaut, notent les groupes de veille.
Au mois d’octobre, le Shin Bet avait, semble-t-il, signalé au gouvernement que cette augmentation des violences de la part des résidents d’implantation était susceptible d’entraîner une escalade du côté palestinien.