« Je vous l’avais bien dit ! » L’Ukraine déplore les refus de coopérer d’Israël contre les drones
Après l'attaque du Hezbollah contre une base militaire, Evgen Korniychuk rappelle que les pays combattent le même ennemi et salue la coopération plus étroite depuis le 7 octobre, mais souhaiterait plus
Au lendemain de l’explosion d’un drone tiré par le Hezbollah depuis le Liban sur une base militaire israélienne, tuant quatre soldats et en blessant des dizaines d’autres, l’ambassadeur d’Ukraine en Israël a déploré lundi le refus d’Israël d’accepter les offres passées de Kiev de collaborer à la lutte contre les drones de fabrication iranienne.
Evgen Korniychuk a confié au site d’information Ynet qu’en février 2023, il avait présenté au bureau du Premier ministre les restes d’un drone iranien tiré par la Russie sur Kiev, l’avertissant que, faute de coopération avec l’Ukraine, des drones similaires ne tarderaient pas à s’écraser sur Israël.
« Je n’aimerais pas dire à présent, ‘Je vous l’avais bien dit’, mais je vous l’avais bien dit », a indiqué Korniychuk, qui a déjà, par le passé, accusé Jérusalem de « prendre une position pro-Russe » suite au refus d’Israël de fournir à l’Ukraine certaines armes défensives après l’invasion de la Russie en 2022.
« Il est clair pour moi depuis longtemps que nous combattons le même ennemi », a-t-il déclaré, en référence aux liens étroits entre la Russie et l’Iran. « Je peux dire qu’après l’attaque du 7 octobre [2023], Israël s’est réveillé, mais le chemin est encore long. »
Selon Korniychuk, au cours des six derniers mois, l’Ukraine a intercepté entre 80 et 90 % des drones iraniens lancés par la Russie, qui a tiré entre 15 et 80 drones par jour en septembre.
Grâce à l’utilisation de drones explosifs, l’Ukraine a pu détruire les drones ennemis à un coût relativement faible.
Bien que la coopération dans ce domaine se soit intensifiée depuis le 7 octobre, Korniychuk a a exprimé le souhait que davantage d’efforts soient faits, notamment dans le domaine du renseignement.
Yehoshua Kalisky, chercheur à l’Institut d’études de sécurité nationale (INSS) de Tel Aviv, a toutefois expliqué à Ynet que l’Ukraine avait plus de flexibilité qu’Israël pour abattre les drones, car un pays densément peuplé ne peut pas se permettre de rater sa cible.
Israël, depuis le début de la guerre, a eu des difficultés à faire face à la menace des drones. Ceux qui ont franchi la frontière depuis Gaza le matin du 7 octobre 2023, opérés par le Hamas, ont désactivé les systèmes de surveillance électronique, ouvrant ainsi la voie à un assaut massif. Les drones lancés par le Hezbollah au Liban, ainsi que ceux des Houthis au Yémen, ont également causé des victimes en échappant aux défenses israéliennes.
Les chiffres publiés lundi montrent que depuis le début de la guerre, environ 1 200 drones ont été tirés sur Israël par des groupes terroristes soutenus par l’Iran, dont 221 ont réussi à franchir les défenses israéliennes.
L’Ukraine, également cible des drones iraniens depuis l’invasion russe de 2022, a proposé à Israël une coopération militaire et technologique dès février 2023. À cet effet, Korniychuk avait même apporté des fragments de drones aux principaux responsables israéliens dans le cadre de ses nombreuses tentatives pour convaincre l’État hébreu d’adopter une position beaucoup plus ferme en faveur de Kiev et contre Moscou. Mais Israël avait rejeté ces ouvertures.
En juin 2023, le chef de cabinet de Zelensky, Andriy Yermak, confiait au Times of Israel qu’Israël était « le seul capable de fournir des équipements pour contrer les attaques de drones iraniens ».
À l’époque, Korniychuk avait prédit sur N12 que « demain, [Israël] pourrait lui aussi être la cible d’une attaque de drones iraniens ».
En octobre 2022, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait indiqué à la chaîne que « nous combattons l’Iran tous les jours, 400 attaques de drones iraniens contre notre peuple, nos civils, nos infrastructures ».
« Nous avons partagé des informations avec Israël et demandé de l’aide pour les défenses aériennes… Nous pouvons nous unir contre ce mal. »
La Russie maintient une présence militaire en Syrie, le voisin hostile situé au nord d’Israël. La nécessité pour Israël de concilier ses intérêts sécuritaires et sa politique étrangère, tout en maintenant des relations à la fois avec Moscou et Kiev, a conduit à une réponse relativement prudente des gouvernements israéliens successifs à l’invasion russe de l’Ukraine.
Depuis le 7 octobre, la Russie critique régulièrement Israël, notamment au Conseil de sécurité des Nations unies, et a accueilli des dirigeants du Hamas, un geste largement interprété comme une extension de ses liens de plus en plus étroits avec l’Iran.