Israël en guerre - Jour 472

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La joie des Israéliens de voir leurs otages libérés est tempérée par le prix à payer

Les partisans de l’accord de Gaza disent qu’il est "mauvais", mais que pour rester fidèle à ses valeurs, Israël doit l’accepter, même s'il implique la libération de terroristes

Le prisonnier palestinien libéré Ateya Abu Moussa, détenu par Israël depuis 20 ans, est accueilli par ses parents et amis à son arrivée à la maison de sa famille à Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza, le 14 août 2013. (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)
Le prisonnier palestinien libéré Ateya Abu Moussa, détenu par Israël depuis 20 ans, est accueilli par ses parents et amis à son arrivée à la maison de sa famille à Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza, le 14 août 2013. (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)

JTA – Le 18 octobre 2011 a marqué un jour historique pour Israël, lorsque, cinq ans après son enlèvement par des terroristes du Hamas, le soldat israélien Gilad Shalit a été libéré de sa captivité à Gaza.

À son arrivée sur le sol israélien, Shalit a été photographié en uniforme, saluant le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Cette image est devenue emblématique, et symbole du succès d’un mouvement de protestation inlassablement mené par ses parents pour obtenir sa liberté.

En évoquant le nouvel accord de cessez-le-feu annoncé mercredi entre Israël et le Hamas, la politicienne israélienne Einat Wilf a repensé à cet épisode marquant. En 2011, en échange de la libération de Shalit, Israël avait relâché 1 027 prisonniers sécuritaires palestiniens, parmi lesquels Yahya Sinwar, futur architecte du pogrom du Hamas du 7 octobre 2023.

« Beaucoup d’entre nous ont ressenti un soulagement après l’accord Shalit, et nous savons comment cela s’est terminé », a déclaré Wilf, ancienne députée centriste qui vient d’annoncer sa candidature aux prochaines élections israéliennes. « Mille vingt-sept terroristes. Pouvons-nous être sûrs que ce qui s’est passé ne se reproduira pas ? »

Aujourd’hui, la majorité des Israéliens soutiennent l’accord de cessez-le-feu, qui, s’il est entièrement appliqué, mettrait fin à une guerre de 15 mois avec le Hamas et permettrait de libérer progressivement les 98 otages encore détenus par le groupe terroriste.

Cependant, les inquiétudes soulevées par Wilf trouvent également un écho auprès de nombreux Israéliens. En effet, en contrepartie des otages, Israël a accepté de libérer plus d’un millier de Palestiniens emprisonnés pour terrorisme, certains d’entre eux susceptibles de commettre de futures attaques.

Le malaise suscité par la libération de terroristes condamnés, y compris ceux ayant tué des Israéliens, se fait sentir même parmi les partisans les plus convaincus de l’accord. Lors d’une conférence de presse jeudi, Udi Goren, cousin de l’otage Tal Haimi dont la dépouille est retenue par le Hamas, a qualifié l’accord de « très mauvais » et dit être pleinement conscient des dangers liés à la libération des prisonniers par Israël. Malgré cela, il a réaffirmé son soutien à l’accord.

Gilad Shalit salue le Premier ministre Benjamin Netanyahu après son atterrissage sur une base aérienne du centre Israël le jour de sa libération des geôles du Hamas, le 18 octobre 2011. (Crédit : Armée israélienne)

« Est-ce que [cet accord] me plaît ? Non », a-t-il déclaré à propos de la libération imminente des prisonniers. « Il s’agit de terroristes djihadistes fous et meurtriers. Y a-t-il une autre solution ? Non, il n’y en a pas. Et c’est ainsi que fonctionnent les négociations. Il faut donner quelque chose pour obtenir quelque chose. Et parce que nous sommes, en fin de compte, une démocratie occidentale qui accorde de l’importance à la vie, nous accepterons toutes les contreparties nécessaires pour récupérer notre peuple. »

Les sondages réalisés au cours des derniers mois montrent invariablement qu’une majorité d’Israéliens est favorable à un accord qui mettrait fin à la guerre en échange de la libération de tous les otages. Bien que ces sondages ne mentionnent pas toujours explicitement la libération des prisonniers sécuritaires palestiniens, cette clause a été largement couverte par les médias israéliens et mise en avant par de nombreux opposants à l’accord.

Israël a déjà libéré des prisonniers sécuritaires palestiniens à plusieurs reprises dans le cadre de négociations avec les dirigeants palestiniens et d’autres groupes. Lors des dernières négociations de paix israélo-palestiniennes, il y a plus de dix ans, le gouvernement Netanyahu avait libéré des dizaines de prisonniers palestiniens avant que les pourparlers ne soient interrompus après neuf mois.

En 2008, Israël a libéré cinq terroristes condamnés en échange des corps de deux soldats capturés par le Hezbollah. Plus récemment, lors du cessez-le-feu de novembre 2023, Israël a relâché des centaines de prisonniers sécuritaires palestiniens, ce qui avait permis de libérer plus d’une centaine d’otages kidnappés par le Hamas.

Les opposants à l’accord actuel mettent souvent en avant le souhait de parvenir à une « victoire totale » sur le Hamas. Une autre inquiétude largement partagée est que le prochain Yahya Sinwar pourrait se trouver parmi les prisonniers libérés, préfigurant un futur pogrom en Israël et la perpétuation d’un cycle sombre et violent.

Itamar Ben-Gvir, le ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, a juré de quitter la coalition si l’accord était conclu, invoquant ces mêmes craintes. De son côté, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a dénoncé, dans de nombreuses publications sur les réseaux sociaux, l’accord, s’opposant fermement à la libération des « archi-terroristes ». En juin, peu après l’annonce faite par Biden du cadre d’un accord de cessez-le-feu, Smotrich s’est insurgé contre « la libération en masse de terroristes qui reviendront, à Dieu ne plaise, assassiner des Juifs ».

Une minorité de familles d’otages opposées à l’accord de cette semaine s’est également fait l’écho de cette crainte. Le Forum Tikva, qui représente ces familles, a déclaré dans un communiqué que l’accord actuel « prépare le terrain pour le prochain pogrom et les futurs enlèvements d’Israéliens ».

L’organisation a ajouté que « comme tous les Juifs et Israéliens, nous avons ressenti excitation et soulagement pour chaque otage libéré ou secouru après longue et cruelle période de captivité par un ennemi maléfique. Cependant, cet accord met en danger les otages laissés derrière et Israël dans son ensemble ».

De nombreux Israéliens critiques de l’accord partagent des inquiétudes similaires.

« Un tel accord est dangereux pour l’État d’Israël, car il vise essentiellement à libérer des milliers de meurtriers de prison », a affirmé Nerya Shandorfi, une habitante de Jérusalem. « Nous voulons que tous les otages rentrent chez eux, mais pas à un prix qui ferait couler le sang juif. »

Certains défenseurs d’Israël à l’étranger ont également réagi avec prudence. Plusieurs grandes organisations juives ont salué l’accord mercredi, tandis que la Fédération juive du nord du New Jersey leur a emboîté le pas. Elle a toutefois dit « saluer prudemment » l’accord, tout en soulignant la libération de prisonniers palestiniens.

« Israël a payé un prix élevé pour ramener chez eux des civils innocents, dont des femmes et des enfants », a indiqué le communiqué. « En retour, le Hamas reçoit de nombreux terroristes qui ont du sang sur les mains. »

Gershon Baskin, militant israélien ayant joué un rôle clé dans les négociations de l’accord Shalit, a qualifié l’accord actuel de « mauvais accord » pour plusieurs raisons, tout en le considérant comme le meilleur compromis possible dans les circonstances.

Malgré les précédents douloureux, Baskin a exprimé sur X (anciennement Twitter) son espoir que cette libération de prisonniers ne mène pas à de nouvelles attaques.
« De nombreux prisonniers palestiniens seront libérés, mais ils ne rentreront pas tous chez eux », a-t-il écrit, faisant référence aux prisonniers qui devraient être expulsés à l’étranger. « J’espère qu’ils ne retourneront jamais à la violence. J’espère qu’Israël ne devra plus jamais les arrêter. »

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