La Jordanie donne aux Palestiniens plus de pouvoir pour gérer le mont du Temple
Amman élargit le conseil du Waqf musulman de 11 à 18 membres, ajoutant des personnalités politiques et religieuses palestiniennes à l'organe qui administre le site de Jérusalem
La Jordanie a pris des mesures pour donner aux Palestiniens de Jérusalem un rôle plus important dans l’administration des institutions musulmanes sur le mont du Temple, en élargissant le conseil religieux du Waqf et en nommant dans ses rangs des dirigeants politiques et religieux de Jérusalem-Est.
Selon un rapport publié lundi dans le quotidien Haaretz, le gouvernement jordanien, qui contrôle le Waqf, a élargi son conseil de 11 à 18 membres la semaine dernière. Pour la première fois, des responsables de l’Autorité palestinienne et des chefs religieux ont été nommés dans cet organe, qui a toujours été composé de personnes proches de la monarchie jordanienne.
Ce changement est une volonté d’Amman de commencer à partager la responsabilité du lieu saint, qui est l’emplacement des temples juifs bibliques, et maintenant de la mosquée Al-Aqsa et du Dôme du Rocher, devenu ces dernières années un épicentre des tensions entre Israéliens et Palestiniens, ainsi qu’entre des alliances régionales concurrentes.
Cette initiative a également déclenché une nouvelle vague de violence et de tensions sur le lieu saint. Jeudi, le conseil élargi du Waqf s’est réuni pour la première fois sur le mont du Temple, près de la Porte de la Miséricorde, une zone fermée par les autorités israéliennes en 2003 parce que le groupe dirigeant la zone avait des liens avec le Hamas, et a maintenu fermée pour mettre fin aux travaux de construction illégale du Waqf dans cette zone qui, selon les autorités israéliennes, a conduit à la destruction des antiquités de périodes de présence juive dans la zone.
Cette initiative a également déclenché une nouvelle vague de violence et de tensions sur le lieu saint. Jeudi, le conseil élargi du Waqf s’est réuni pour la première fois sur le mont du Temple, près de la Porte de la Miséricorde, ou Porte dorée, une zone fermée par les autorités israéliennes en 2003 car le groupe qui gérait cette zone était lié au Hamas et est restée fermée pour mettre un terme au travaux illégaux du Waqf qui ont entraîné, de l’avis des officiels israéliens, la destruction d’antiquités datant de périodes de présence juive sur place.
Après la réunion de jeudi, les membres du conseil sont entrés dans le bâtiment fermé pour y prier.
La police israélienne a réagi en convoquant le chef du Waqf, Cheikh Azzam al-Khatib al-Tamimi, pour un interrogatoire, mais la convocation a été annulée par la suite, apparemment sous la pression de la Jordanie, selon Haaretz.
Quatre jours plus tard, lundi, le Waqf, peut-être en réponse aux convocations précédentes, a mobilisé les fidèles devant le bâtiment à côté de la Porte dorée et a lancé des prières de protestation devant les portes verrouillées du site. Plusieurs hommes palestiniens ont ensuite défoncé les portes et sont entrés.
Des policiers se sont précipités sur les lieux, déclenchant des affrontements et procédant à l’arrestation de cinq militants palestiniens.
Pendant les affrontements, la police a bouclé l’ensemble de l’enceinte du mont du Temple pendant environ trois heures le lundi après-midi.
Le bouclage a fait l’objet d’une protestation virulente de la part d’Amman, avec une lettre du ministère jordanien des Affaires étrangères à son homologue israélien qualifiant le bouclage de violation du statu quo et demandant la réouverture des portes et le retrait de toutes les forces israéliennes de sécurité.
Dans un communiqué en anglais, mardi, le bureau du président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a accusé Israël de tenter d’imposer une « division » du complexe de la mosquée.
La présidence de l’AP, disait le communiqué, « condamne vigoureusement la fermeture par Israël de la Porte dorée (Bab al-Rahmeh) avec ses cadenas et ses chaînes, mettant en garde contre les projets israéliens visant à imposer la division temporelle et spatiale de la mosquée ».
Elle tient « les autorités d’occupation israéliennes pleinement responsables de la détérioration générale et de la tension, et les met en garde contre ses politiques répressives et arbitraires qui ne peuvent qu’avoir des répercussions et alimenter les ressentiments du peuple palestinien ».
Les tensions persistantes sur le site expliquent en partie le fait que le conseil du Waqf a été élargi par la Jordanie, selon Haaretz. Amman a commencé à envisager cette décision à la suite des violentes manifestations qui ont suivi un attentat terroriste au cours duquel des hommes armés palestiniens ont tué des policiers israéliens gardant le mont du Temple à la mi-2017.
Israël avait installé des détecteurs de métaux à l’entrée du complexe à la suite de cet attentat, ce qui avait déclenché des semaines de protestations de la part des Palestiniens. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a finalement ordonné le retrait des détecteurs après que les alliés régionaux ont averti que la lutte pour le lieu saint renforçait la mainmise des factions islamiques dans la région.
La Jordanie estime que son influence sur le mont du Temple a été érodée par ces événements, tandis que les dirigeants palestiniens qui ont dirigé les manifestations ont vu leur influence augmenter.
La nouvelle composition du conseil du Waqf reflète ce changement. Parmi les nouveaux membres figurent des responsables de l’Autorité palestinienne, Hatem Abdel Kader et le gouverneur de l’AP à Jérusalem, Adnan al-Husayn ; les chefs religieux Akrama Sabri, considéré comme proche du parti AKP au pouvoir en Turquie, et le mufti de Jérusalem Muhammad Hussein ; et le président de l’Université Al-Quds à Jérusalem Est, Imad Abu Kishk.
Ces dernières années, les craintes des Palestiniens au sujet des plans israéliens visant à modifier l’accord en vigueur depuis 52 ans sur le mont du Temple – où le Waqf exerce un contrôle administratif et la police israélienne un contrôle de sécurité – sont devenues quotidiennes dans le discours politique palestinien et dans les médias. De multiples attaques à la voiture-bélier, coups de couteau et coups de feu ont été imputés par des agresseurs palestiniens aux efforts présumés d’Israël pour modifier le statu quo sur le site, selon lequel les Juifs peuvent le visiter sans toutefois y prier.
Ces dernières années, les militants israéliens de droite ont contesté l’interdiction de prier, mais le gouvernement israélien a fermement et à plusieurs reprises déclaré son intention de respecter l’ancien accord.
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