La Licra se désolidarise de la Grande mosquée de Paris
La convention signée il y a trois ans visait à "lutter en commun contre le racisme, le racisme antimusulman et l’antisémitisme", mais elle est "à présent caduque"
Appels à la responsabilité et accusations voilées : le torchon brûle entre la Grande mosquée de Paris et la Licra, qui vient de rompre un partenariat avec l’institution religieuse.
Cette convention signée il y a trois ans avec le recteur de la Grande mosquée Chems-eddine Hafiz visait à « lutter en commun contre le racisme, le racisme antimusulman et l’antisémitisme », mais elle est « à présent caduque », a affirmé la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) jeudi soir dans un communiqué.
Tout a commencé après une interview au Figaro le 17 mai de l’ancien patron de Charlie Hebdo Philippe Val, qui, « oui », se revendiquait islamophobe en estimant qu’on « peut être phobique d’une religion quand elle commence à essayer d’exister par la terreur ».
Le recteur de la Grande mosquée a rapidement annoncé son intention de porter plainte contre Philippe Val pour ce discours « irresponsable mais également dangereux ».
Une décision commentée « avec stupeur » jeudi par la Licra, pour qui « la critique des idées, des opinions et des croyances » est « garantie par les principes républicains ».
La Licra s’est également dite « profondément étonnée » de la « réception enthousiaste » réservée le 22 mai par M. Hafiz à la candidate LFI aux européennes Rima Hassan à la Grande mosquée de Paris, alors que selon l’association son discours « ne contribue en rien à une recherche de la paix ».
« Dans le contexte actuel exacerbé par l’identitarisme, le racisme et l’antisémitisme, il importe de faire preuve de tempérance et de responsabilité », a ajouté l’association anti-raciste, qui a évoqué à mots couverts une « instrumentalisation des mots et des idées » et annoncé la fin du partenariat.
La réponse n’a pas tardé du côté de la Grande mosquée : dans un communiqué vendredi, elle « invite la Licra à rester sur le chemin de la lutte universelle, équilibrée et juste, contre toute forme de haine et de racisme, sans hiérarchie dans le malheur des hommes ».
Revenant sur son annonce d’action en justice, M. Hafiz a ajouté que « la libre critique des idées et des convictions n’autorise pas l’essentialisation et la stigmatisation d’une composante de notre communauté nationale ».
Quant à Rima Hassan, le recteur a vanté son « combat en faveur des droits des réfugiés dans le monde » qui « ne devrait pas être étranger à une institution luttant de manière indifférenciée pour les droits de l’homme ».