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L’Arabie saoudite supprime de plus en plus les contenus anti-Israël des manuels scolaires

Le sionisme n'est plus un mouvement "raciste", ce qui indique des avancées vers une "paix chaleureuse" similaire à celle mise en place avec les EAU, selon un expert

Des supporters de football devant une grande bannière représentant le roi d'Arabie saoudite Salman bin Abdulaziz, au centre, et le prince héritier Mohammed bin Salman, à droite, lors d'un match de qualification de la région Asie en vue de la Coupe du monde opposant la Palestine et l'Arabie saoudite dans la ville d'al-Ram, en Cisjordanie, le 15 octobre 2019. (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP / File)
Des supporters de football devant une grande bannière représentant le roi d'Arabie saoudite Salman bin Abdulaziz, au centre, et le prince héritier Mohammed bin Salman, à droite, lors d'un match de qualification de la région Asie en vue de la Coupe du monde opposant la Palestine et l'Arabie saoudite dans la ville d'al-Ram, en Cisjordanie, le 15 octobre 2019. (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP / File)

Les conclusions d’une étude consacrée aux manuels scolaires saoudiens font état de progrès continus dans la manière dont le royaume présente Israël et le sionisme aux enfants et aux adolescents – une tendance positive qui s’est amorcée il y a quelques années.

Ainsi, les manuels publiés pour l’année scolaire 2023-2024 n’enseignent plus que le sionisme est un mouvement européen « raciste » et ils ne nient plus la présence historique des Juifs dans la région, selon cette étude qui a été publiée, la semaine dernière, par l’organisation à but non-lucratif IMPACT-se, qui examine les programmes scolaires au Moyen-Orient et dans les pays du Maghreb.

« C’est une petite avancée qui témoigne d’un changement de narratif à l’égard d’Israël, un progrès qui témoigne de la volonté de faire preuve de plus de tolérance et d’ouverture », indique Nimrod Goren qui est à la tête du Mitvim – Institut israélien de politiques étrangères régionales au Times of Israel.

Les désignations d’Israël en tant « qu’état ennemi » ont été supprimées mais les références faites à « l’occupation israélienne » sont toujours là – et le programme met toujours l’accent sur l’attachement de l’Arabie saoudite à la cause palestinienne.

Le nom « Israël » ne figure toujours pas sur les cartes mais le nom « Palestine », qui intégrait, dans le passé, tout le territoire israélien, a été enlevé, a souligné l’étude.

« Ce qui indique que si les Saoudiens avancent vers la normalisation, ils le font conformément au modèle qui avait été adopté par les Émirats arabes unis et Bahreïn », ajoute Goren, qui fait référence aux liens diplomatiques établis avec ces deux monarchies du Golfe dans le cadre des Accords d’Abraham, en 2020.

Comparaison de manuels scolaires saoudiens montrant la suppression du nom « Palestine » des cartes du territoire d’Israël. (Crédit : IMPACT-se, autorisation)

Une « paix chaleureuse » avec les Saoudiens

Les relations avec les Émirats et avec Bahreïn se sont traduites par la mise en place d’une coopération culturelle et par des contacts entre les populations – une dite « paix chaleureuse », qui contraste avec « la paix froide » qui régit les liens tissés par Israël avec la Jordanie et l’Égypte, deux pays où l’opinion publique est largement hostile à l’État juif.

L’ouverture de l’Arabie saoudite – une ouverture graduelle – a commencé il y a environ une décennie, explique Goren. « Le processus ressemble à ce que les EAU et Bahreïn ont fait au cours des dix années qui ont précédé les Accords d’Abraham, avec une initiative lente, qui s’est faite petit à petit, qui a reflété la tolérance et la normalisation des engagements entre les deux pays, ce qui a beaucoup joué sur la perception du public qui s’y est habitué », commente-t-il.

« Les Émirats, par exemple, ont joué la carte de la tolérance avec la construction de la Maison de la famille abrahamique », note Goren, faisant référence à un bâtiment d’Abou Dhabi, inauguré en 2023, qui abrite à la fois une mosquée, une église et une synagogue dans la capitale. « Ce qui a été un point d’entrée qui a ouvert la porte à une meilleure perception des Israéliens et des Juifs ».

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken visite la synagogue Moses ben Maimon à la Abrahamic Family House, à Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis, le 14 octobre 2023. (Crédit : AP Photo/Jacquelyn Martin, Pool)

Ce renforcement de la tolérance religieuse semble être la voie qui a été choisie par l’Arabie saoudite pour préparer l’opinion publique à l’ouverture d’un nouveau chapitre dans les relations avec Israël.

L’étude des textes scolaires saoudiens a permis de découvrir que l’antisémitisme avait été pratiquement éradiqué des programmes du royaume. Ces dernières années, les élèves saoudiens étaient exposés à certains contenus de haine et d’incitations à la haine ou à la violence, a précisé l’étude. « Parmi les exemples qui ont été supprimés, la description des Juifs comme étant des traîtres et les versets du Coran enseignant que les Juifs se transformaient en singes », selon IMPACT-se.

Les contenus problématiques faisant la promotion du jihad violent et du martyre ont aussi disparu des manuels, ces dernières années, a fait remarquer l’étude. A la place, c’est une interprétation non-violente du jihad qui est dorénavant promue, où le jihad est présenté comme un combat individuel visant à toujours s’améliorer et non plus comme la lutte armée contre les non-musulmans.

Israël commet « des massacres génocidaires continus »

L’un des changements les plus spectaculaires à être survenu dans l’attitude des Saoudiens à l’égard de l’État juif a eu lieu dans la sphère religieuse et dans les relations entretenues avec le monde juif plus largement. Ainsi, une délégation de Juifs américains a visité le royaume en 2022 et le ministre des Communications, Shlomo Karhi, avait pu organiser un office de prière à Ryad, quelques jours avant le 7 octobre.

De plus, en 2022, Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire-général saoudien de la Ligue islamique mondiale (LIM) et ancien ministre de la Justice du royaume, avait pris la tête d’une délégation musulmane venue visiter le camp de concentration d’Auschwitz.

Une délégation inter-religieuse au Auschwitz avec le chef de la Ligue mondiale musulmane Mohammed al-Issa, le 23 janvier 2020. (Yaakov Schwartz/ Times of Israel)

Toutefois, les avancées vers la normalisation avec Israël ne doivent pas être confondues avec un abandon de la cause palestinienne, une problématique qui émeut encore beaucoup une grande partie de l’opinion publique saoudienne. Le royaume a émis des communiqués répétés qui critiquaient l’État juif depuis le début de la campagne militaire israélienne à Rafah, soulignant son soutien en faveur des civils palestiniens.

La semaine dernière, dans ce qui a été peut-être la condamnation la plus forte d’Israël depuis le commencement du conflit, le ministère des Affaires étrangères saoudien a accusé Israël de se livrer à « des massacres génocidaires continus » à la suite d’une frappe de Tsahal, à Rafah, qui a fait des dizaines de morts au sein de la population civile.

Au fil des années, l’Arabie saoudite s’est montrée de plus en plus souple sur ses demandes soumises à l’État juif dans le cadre d’un accord portant sur l’établissement de relations diplomatiques entre Jérusalem et Ryad. Si l’Initiative de paix arabe de 2002 stipulait que l’établissement d’un état palestinien était une condition préalable indispensable à la normalisation, les négociations qui ont été menées, l’année dernière, avant le 7 octobre faisaient pour leur part référence à « l’ouverture d’une voie » menant à la création d’un tel état – ou, tout du moins, à la prise « d’initiatives irréversibles ».

« Ce sont des demandes totalement différentes qui sont faites au titre de la normalisation », indique Goren. Pour sa part, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est, jusqu’à présent, refusé à s’engager à ouvrir une voie crébible qui entraînerait à terme la formation d’un état palestinien dans le cadre de ces pourparlers de normalisation.

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