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Le Brésil refuse d’entériner la nomination de Dayan au poste d’ambassadeur

Brasilia est mécontente du fait que l'annonce a été faite sans informer le ministère des Affaires étrangères

Dani Dayan participe à la Conférence sur la démocratie d'Israël à Tel Aviv, le 17 février 2015. (Crédit : Amir Levy / Flash90)

Le Brésil n’acceptera pas le dirigeant des implantations, Danny Dayan, comme le prochain ambassadeur d’Israël, a déclaré un responsable à Brazilia.

Selon le protocole diplomatique, le Brésil ne répondra tout simplement pas à la demande d’Israël datant d’il y a un mois pour confirmer la nomination de Dayan, en attendant que Jérusalem comprenne le message et propose un envoyé différent pour sa capitale, a ajouté le fonctionnaire cette semaine.

Dayan a été nommé comme envoyé en août et sa candidature a été approuvée par le cabinet israélien en septembre mais le Brésil a maintenu un silence glacial sur la nomination au lieu d’émettre la confirmation habituelle.

Le pays sud-américain rejette Dayan non seulement à cause de son poste au sein du conseil de Yesha, un comité représentant les implantations israéliennes en Cisjordanie mais aussi en raison de la façon peu orthodoxe dont sa nomination a été annoncée, a ajouté le responsable, qui a accepté de témoigner sous couvert d’anonymat, n’étant pas autorisé à évoquer publiquement la question.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé la nomination de Dayan comme le nouvel ambassadeur d’Israël au Brésil le 5 août, un an seulement après que l’envoyé actuel, Reda Mansour, a pris ses fonctions à Brasilia.

Selon des sources diplomatiques à Jérusalem, l’épouse de Mansour ne voulait pas déménager à Brasilia, et il a donc décidé d’informer Jérusalem qu’il voulait démissionner.

Dès que Netanyahu – qui est également ministre des Affaires étrangères – a su que Mansour avait l’intention de quitter le poste en décembre, il a nommé publiquement Dayan, sans en informer le ministère brésilien des Affaires étrangères de ce qui s’était passé.

Que se passera-t-il après ?

Les fonctionnaires du ministère israélien des Affaires étrangères ont refusé de commenter l’affaire officiellement. Mais dans des conversations privées, ils décrivent différents scénarios de ce qui pourrait désormais se passer.

Certains diplomates disent que si le Brésil n’accepte pas formellement Dayan à la fin du mois, Jérusalem comprendra le message. D’autres disent qu’ils sont convaincus que Dayan, d’origine argentine, pourra encore obtenir le feu vert et déménager dans la résidence de l’ambassadeur à Brasilia.

Un haut responsable a déclaré au Times of Israel qu’un fonctionnaire brésilien très haut placé avait déclaré il y a quelques mois à Jérusalem que la nomination de Dayan passerait.

Il faisait probablement référence à une conversation que le ministre de la Défense Moshe Yaalon aurait eu avec son homologue brésilien, Jaques Wagner, à la fin du mois de septembre, au cours de laquelle Yaalon a tenté de convaincre le gouvernement de confirmer la nomination de Dayan.

Immédiatement après que Netanyahu a annoncé la nomination de Dayan en août, certaines personalités de gauche brésiliennes et des Israéliens – dont un groupe d’anciens diplomates de haut rang – ont fait du lobbying auprès du gouvernement à Brasilia contre l’acceptation de la nomination de Dayan.

La présidente du Brésil Dilma Rousseff (Crédit photo: EVARISTO SA / AFP)

Ils ont fait valoir que si le Brésil acceptait Dayan, cela pourrait être interprété ou présenté comme une approbation tacite de l’entreprise d’implantation d’Israël. La présidente Dilma Rousseff du Brésil aurait informé Jérusalem qu’elle désapprouvait la nomination de Dayan.

Wagner, qui est juif, aurait dit à Yaalon que « le processus de nomination de Dayan doit continuer », a annoncé le quotidien israélien Haaretz à la fin du mois de septembre. Depuis lors, Wagner a été promu chef de cabinet de la présidence, un des postes les plus élevés du Brésil.

Cependant, si Wagner avait vraiment soutenu la nomination de Dayan, ont affirmé des sources au Brésil, le ministère aurait depuis longtemps confirmé sa nomination.

Le cabinet israélien a approuvé la nomination de Dayan, le 6 septembre, ouvrant la voie pour le ministère des Affaires étrangères pour demander ce qu’on appelle dans le jargon diplomatique un agrément – la confirmation de l’envoyé d’un autre Etat dans la capitale d’un pays hôte.

Un agrément est généralement accordé dans les deux à trois semaines. Quand un agrément n’est pas reçu après deux mois, le gouvernement en question doit comprendre que son choix d’ambassadeur n’a pas été approuvé par le pays hôte.

Les gouvernements donnent rarement des réponses négatives aux demandes d’autres pays d’accréditer un ambassadeur nommé. Plutôt, ils ne se contentent pas de répondre à la demande d’agrément, signalant ainsi qu’ils désapprouvent et espèrent que le pays hôte retirer la candidature.

Dans le cas de Dayan, aucun agrément n’a été reçu.

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