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Le cadeau du Qatar à Trump, bien plus qu’un avion…

Le petit État du Golfe, premier bailleur de fonds étranger des universités US, mène une vaste campagne d’influence et entretient des liens étroits avec l’entourage de Trump

Le président Donald Trump accueillant l'émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, à la Maison Blanche, à Washington, le 9 juillet 2019. (Crédit : Alex Brandon/AP)
Le président Donald Trump accueillant l'émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, à la Maison Blanche, à Washington, le 9 juillet 2019. (Crédit : Alex Brandon/AP)

L’annonce cette semaine que le président américain Donald Trump compte accepter un Boeing 747 offert par la famille régnante du Qatar a ravivé l’attention sur la campagne d’influence que mène l’émirat depuis plusieurs décennies aux États-Unis, au cours de laquelle il a investi des milliards dans une base militaire américaine, des antennes universitaires et des activités de lobbying à Washington.

Premier bailleur de fonds étranger des universités américaines, le Qatar aurait versé plus de 6 milliards de dollars à des établissements américains au cours des cinq dernières années, selon un article publié jeudi dans le Wall Street Journal.

Une grande partie de ces fonds a été dirigée vers des universités affiliées à Georgetown, Cornell ou Northwestern, notamment à travers leurs campus installés à Doha, la capitale du Qatar, où l’émirat héberge également depuis longtemps des dirigeants du groupe terroriste palestinien Hamas.

Depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre en cours à Gaza, les investissements du Qatar dans l’enseignement supérieur américain font l’objet d’un examen plus approfondi.

Les manifestations liées à la guerre ont secoué les campus universitaires américains, entraînant arrestations, menaces d’expulsion et controverses autour de la liberté d’expression, dans un climat où des militants anti-Israël expriment régulièrement leur soutien au Hamas et à d’autres groupes terroristes impliqués dans l’attaque.

La secrétaire américaine à l’Éducation, Linda McMahon, a publiquement critiqué le Qatar le mois dernier, après un décret signé par Trump visant à renforcer la surveillance des financements étrangers dans les universités.

Des personnes brandissent des pancartes alors qu’elles protestent contre l’arrestation de Mahmoud Khalil, ancien étudiant militant anti-israélien de l’université de Columbia, lors d’une manifestation intitulée « Fight for Our Rights » sur le campus de l’université de Washington à Seattle, Washington, le 15 mars 2025. Illustration (Crédit : Jason Redmond/AFP)

Le gouvernement qatari finance également le réseau Al Jazeera, y compris sa filiale anglophone AJ+, qui fait actuellement l’objet d’une procédure judiciaire aux États-Unis pour déterminer si elle doit s’enregistrer comme agent étranger. L’an dernier, Israël a interdit Al Jazeera sur son territoire, affirmant que certains de ses employés travaillaient pour le groupe terroriste.

Des liens étroits avec l’entourage de Trump

Depuis son arrivée mercredi au Qatar, Trump n’a cessé de vanter les mérites de l’émirat et de ses dirigeants, qui lui ont réservé un accueil somptueux. Il n’est pas le premier à être séduit par l’offensive de charme qatarie.

Un long article publié mercredi dans The Free Press estime qu’à partir de 2017, année où Trump est entré à la Maison Blanche pour la première fois, le Qatar aurait déboursé quelque 225 millions de dollars en lobbying et relations publiques à Washington.

Le président américain Donald Trump (G) s’entretient avec l’émir du Qatar, cheikh Tamim bin Hamad al-Thani, au début d’un dîner d’État au palais Lusail à Doha, le 14 mai 2025. (Crédit : Brendan SMIALOWSKI/AFP)

Parmi les bénéficiaires de ces contrats figure Pam Bondi, actuelle procureure générale des États-Unis, qui a représenté le Qatar en tant que lobbyiste. Son cabinet aurait facturé à l’émirat 115 000 dollars par mois jusqu’en 2020, selon le Wall Street Journal.

La cheffe de cabinet de Trump, Susie Wiles, a dirigé un cabinet de lobbying ayant représenté l’ambassade du Qatar. Le directeur du FBI, Kash Patel, a lui aussi travaillé comme consultant pour l’émirat, selon le journal.

En 2018, le WSJ rapportait que le Qatar, qui employait alors 23 cabinets de lobbying aux États-Unis, collaborait avec une liste de 250 « influenceurs pro-Trump », parmi lesquels l’éminent avocat juif Alan Dershowitz. L’émirat avait invité à Doha quelque 24 d’entre eux, dont Mike Huckabee, aujourd’hui ambassadeur des États-Unis en Israël.

Le quotidien précisait également que des responsables qataris avaient organisé une rencontre avec Steve Witkoff, un homme d’affaires et partenaire de golf de longue date de Trump, sans aucune expérience politique à l’époque.

Aujourd’hui, Witkoff est l’envoyé spécial de Trump au Moyen-Orient, et il a salué le rôle du Qatar dans la facilitation des négociations entre le Hamas et les médiateurs en vue d’un cessez-le-feu et de la libération des otages.

En 2023, le fonds souverain du Qatar a racheté à Witkoff l’hôtel Park Lane de New York pour 623 millions de dollars.

La famille Trump est elle-même impliquée dans d’importantes opérations immobilières avec le Qatar. Il y a quelques semaines, Eric Trump, fils du président, a conclu un accord avec une entreprise publique qatarie pour la construction d’un club de golf de 790 000 m² au nom de la Trump Organization.

L’envoyé spécial de la Maison Blanche, Steve Witkoff, s’entretient avec des journalistes après une cérémonie de signature entre le président Donald Trump et l’émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, à l’Amiri Diwan à Doha, au Qatar, le 14 mai 2025. (Crédit : AP Photo/Alex Brandon)

Israël traverse, lui, son propre « Qatargate », un scandale dans lequel des proches de Benjamin Netanyahu sont soupçonnés d’avoir mené des campagnes de communication illégales pour le compte du Qatar.

Trump: Le Qatar investit dans une base américaine et achète des Boeing

Les efforts d’influence du Qatar vont de pair avec ses investissements dans la sécurité régionale, en particulier sa coopération militaire avec les États-Unis. L’émirat héberge la base aérienne d’Al-Udeid, plus grande installation militaire américaine au Moyen-Orient.

D’après le département d’État américain, le Qatar a déjà investi 8 milliards de dollars dans cette base depuis 2003. Elle a servi pendant des années de point de départ pour les opérations américaines en Irak et en Afghanistan.

Dans une interview accordée à Tucker Carlson en mars, Steve Witkoff a affirmé que « les Qataris paient pour chaque dollar », soulignant que « Les États-Unis ne financent rien concernant cette base aérienne. C’est assez inhabituel. »

Les Qataris « financent tout. Ils ne demandent pas grand-chose », aurait ajouté Witkoff, avant de rapporter une conversation qu’il a eue avec Michael Erik Kurilla, le général à la tête du CENTCOM. « Je lui ai demandé ce qu’il pensait des Qataris. Il m’a répondu : ‘Ce sont des gens exceptionnels’. Les personnes bien informées savent donc qu’il s’agit de gens bien, honnêtes », a-t-il affirmé.

S’adressant jeudi aux troupes américaines sur la base d’Al-Udeid, Trump a annoncé que le Qatar investirait 10 milliards de dollars supplémentaires dans cette installation au cours des prochaines années.

Le président américain Donald Trump s’adresse aux troupes sur la base aérienne d’Al-Udeid, au sud-ouest de Doha, le 15 mai 2025. (Crédit : Brendan SMIALOWSKI/AFP)

Par ailleurs, il a été annoncé jeudi que le Qatar avait passé commande de 160 avions commerciaux auprès de Boeing – un nombre record.

Cet accord est distinct de la proposition controversée faite à Trump d’accepter un Boeing 747 personnel en cadeau de la part de la famille régnante qatarie. Ce projet a déclenché une vive polémique aux États-Unis, certains y voyant une possible violation de la Constitution.

Jeudi, le Premier ministre qatari a nié toute tentative d’influence sur Trump à travers ce geste, affirmant que le Qatar cherchait simplement à aider un allié.

« Le Qatar a toujours été un partenaire fiable des États-Unis. Il a toujours répondu présent pour les aider, parce que nous croyons qu’une amitié doit être mutuellement bénéfique, et non à sens unique », a déclaré Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani.

Interrogé lundi par des journalistes, Trump a défendu avec véhémence l’arrangement, déclarant qu’il serait « stupide » de refuser un tel cadeau.

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