Israël dénonce une « manipulation » du Hamas après l’annonce de la libération d’un otage en vie et de quatre tués
Netanyahu a convoqué ses principaux collaborateurs et ministres, samedi dans la soirée, pour entendre un compte-rendu des négociateurs israéliens, qui rentreront en Israël dès vendredi, selon son bureau

Dans un communiqué officiel, le groupe terroriste palestinien du Hamas a déclaré avoir accepté une proposition visant à remettre en liberté le soldat Edan Alexander, un citoyen américano-israélien, ainsi que les corps sans vie de quatre autres otages qui avaient la double nationalité israélo-américaine.
En réponse, le cabinet du Premier ministre israélien a fustigé le groupe terroriste pour avoir rejeté une proposition plus large de l’envoyé spécial américain Steve Witkoff, qu’Israël aurait acceptée, et a accusé le Hamas de se livrer à une guerre psychologique.
Le plan Witkoff, proposé par l’envoyé américain selon Israël, prévoirait la libération immédiate par le Hamas de cinq otages vivants et de dix morts, un cessez-le-feu jusqu’à la fin de Pessah et la libération de tous les autres otages si un accord est trouvé pour mettre fin à la guerre. Parallèlement, Israël serait également tenu de reprendre l’acheminement de l’aide humanitaire vers l’enclave palestinienne déchirée par la guerre.
« Si Israël a accepté la proposition Witkoff », a déclaré le cabinet du Premier ministre, « le Hamas maintient son refus et n’a pas cédé d’un millimètre ». Le cabinet du Premier ministre a ainsi accusé le Hamas de se livrer à une « manipulation et une guerre psychologique ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu réunira samedi soir ses principaux conseillers et ministres de premier plan pour entendre un compte-rendu des négociateurs israéliens, a indiqué son cabinet, et décider des prochaines étapes.
Selon le cabinet du Premier ministre, les négociateurs qui ont passé la semaine dernière à Doha à mener des négociations avec le Hamas sous médiation devaient rentrer vendredi.
L’annonce de cette réunion de samedi soir a entraîné la colère du Forum des familles des otages et disparus.
« Les familles des otages s’excusent de vous déranger pendant le Shabbat, mais leurs proches n’ont pas le temps d’attendre ! », a dit le forum.
« Vingt-quatre heures de captivité, ce sont 24 heures d’enfer, de tourments et d’abus, ce sont 24 heures de danger de mort et de disparition », a-t-il ajouté, implorant les ministres de se réunir avant samedi soir, citant le principe de Pikuah Nefesh de la loi juive, qui autorise la transgression des lois du Shabbat pour sauver des vies.

Eden Alexander, qui doit être libéré, était un soldat stationné à proximité de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023, lorsqu’il a été capturé par le Hamas. Né à Tel Aviv, il a grandi à Tenafly, dans le New Jersey, et a rejoint Golani comme soldat seul après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires en 2022. Il serait le seul otage américain encore détenu à Gaza.
Alexander, l’air décharné, apparaît dans une vidéo de propagande du Hamas diffusée en novembre, dans laquelle il appelle le gouvernement israélien à le rapatrier.
Dans la seconde partie de la vidéo, Alexander s’exprime en anglais et appelle la nouvelle administration Trump à œuvrer pour sa libération.

Le groupe terroriste palestinien n’a pas donné les noms des quatre otages tués qui avaient la double nationalité. Selon les autorités israéliennes, le Hamas détient les corps de Judith Weinstein et de son mari Gadi Haggai, d’Omer Neutra et d’Itay Chen.
Le Hamas a affirmé qu’il « confirmait qu’il est tout à fait prêt à entamer des négociations et à parvenir à un accord global sur les éléments de la deuxième phase ». Il a appelé « l’occupant [Israël] à s’acquitter pleinement de ses obligations ».
L’action du Hamas semblerait viser à semer la discorde entre Israël et les États-Unis. Le communiqué du Hamas indique que le groupe terroriste avait accepté une proposition officielle, évoquée lors de pourparlers directs avec l’envoyé américain pour les otages, Adam Boehler, ces dernières semaines.
Or, ces négociations ont exaspéré Jérusalem, qui n’a pas été pleinement informée. Israël n’a pas apprécié que Boehler discute de concessions israéliennes à son insu et a craint que cela n’incite Washington à abandonner les derniers otages israéliens après la conclusion d’un tel accord.
Mais la mission de Boehler est précisément de tenter de libérer les otages américains dans le monde entier, et sa démarche a été approuvée par l’envoyé américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, lorsque le principal volet des négociations a été bloqué par le refus d’Israël d’entamer des négociations de fond sur la deuxième phase de l’accord actuel. Cette phase prévoit la libération des 24 derniers otages encore en vie – une estimation –, la libération d’un grand nombre de terroristes et de détenus palestiniens, le retrait total de Tsahal de Gaza et un cessez-le-feu permanent. L’accord, entré en vigueur le 19 janvier, prévoyait que ces négociations débutent au seizième jour de trêve.
Les pourparlers directs de Boehler – interrompus après qu’Israël en a eu connaissance et en a divulgué l’existence aux médias, selon deux responsables américains – ne semblaient pas avoir abouti à une avancée significative. Les discussions ont repris leur cours initial, menées par Witkoff, avec la médiation du Qatar et de l’Egypte à Doha. Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a qualifié lundi les contacts directs de Boehler avec le Hamas de « situation ponctuelle » qui n’a pas porté ses fruits.
La décision soudaine du Hamas d’accepter la libération d’Alexander et des quatre otages américano-israéliens tués témoigne d’une tentative de division entre les États-Unis et Israël, mettant Jérusalem au défi de refuser la libération d’Américains.
Selon la chaîne d’information N12 – qui n’a pas cité ses sources – ni la famille d’Alexander ni les proches des défunts dont les corps sans vie devraient être restitués n’ont été avertis de quoi que ce soit.
Le reportage a aussi rappelé que les décisionnaires ont juré, depuis le pogrom du 7 octobre 2023, qu’aucun privilège ne serait accordé aux captifs ayant la double nationalité par rapport à ceux qui ne l’ont pas.
Il est toutefois arrivé que d’autres pays interviennent pour négocier en faveur de leurs citoyens otages. La Russie, en particulier, avait lancé des pourparlers directs, de son côté, concernant la libération de trois binationaux russo-israéliens pendant la trêve d’une semaine qui avait eu lieu à la fin du mois de novembre 2023.
Dans un communiqué précédent, le Forum des otages et des familles disparues s’était dit favorable à toute possibilité de rapatriement d’otages. S’adressant à Netanyahu, il s’est dit « profondément horrifié » par la possibilité que des otages restent en captivité pendant une période prolongée et l’a exhorté à mettre fin à la guerre en échange d’un accord pour leur libération.
« Si l’annonce du Hamas est vraie et se concrétise, le retour de ces otages devrait ouvrir la voie à un accord qui permettra à tous de revenir immédiatement et en une seule étape », a déclaré le forum.
« Sinon, c’est la sélectivité qui sépare le sionisme de ses valeurs et perpétue l’abandon du 7 octobre sur la base d’un passeport étranger. » Si Israël persiste à s’arrêter en plein milieu de l’accord et abandonne ses citoyens, le peuple juif tout entier saura qu’il doit délivrer un passeport étranger à son enfant, sous peine d’être abandonné.
Le Hamas a jusqu’à présent libéré trente otages – vingt civils israéliens, cinq soldats et cinq ressortissants thaïlandais – ainsi que les corps de huit prisonniers israéliens tués, en échange de quelque 2 000 terroristes et détenus palestiniens, dans le cadre du cessez-le-feu en vigueur depuis le 19 janvier. Le groupe terroriste a libéré 105 civils lors d’une trêve d’une semaine fin novembre 2023, et quatre otages avaient été libérés auparavant, au cours des premières semaines de la guerre.
Huit otages ont été sauvés vivants par les troupes, et les corps de 41 autres ont également été retrouvés, dont trois tués par erreur par l’armée israélienne alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs, et le corps d’un soldat tué en 2014.
Le corps d’un autre soldat tué en 2014, le lieutenant Hadar Goldin, est toujours détenu par le Hamas et figure parmi les 59 otages.