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Le maire juif de Charlottesville, expert en démagogie, et désormais aussi en antisémitisme

Michael Signer était-il prêt à recevoir les suprématistes blancs ce week-end ? Il a écrit un livre sur les démagogues. Littéralement.

Michael Signer dans “Meet the Press,”, le 14 août 2017. (Crédit : capture d'écran YouTube)
Michael Signer dans “Meet the Press,”, le 14 août 2017. (Crédit : capture d'écran YouTube)

CHARLOTTESVILLE, Virgine (JTA) – Michael Signer, le maire juif de Charlottesville a une chose en commun avec les suprématistes blancs qui se sont rassemblés dans sa ville du sud de la Virginie ce week-end : il s’était également opposé au retrait de la statue du général confédéré Robert E. Lee.

Il est évident que les raisons qui poussaient Signer à vouloir préserver cette statue auraient horrifié les suprématistes : il s’était mis d’accord avec un groupe de militants afro-américains, qui soutenaient que le fait de préserver cette statue était un moyen d’enseigner aux virginiens les horreurs de la cause « déshonorante », la Confédération.

Signer était du côté des perdants dans la décision du conseil, à savoir que la statue soit retirée, décision adoptée à 3 voix contre 2. Mais son approche sensible, qui s’apparente davantage à celle d’un universitaire qu’à celle d’un politicien, a également été évidente durant les vagues de protestations qui ont secouées sa ville : « ne mordez pas à l’hameçon », a-t-il dit.

En donnant ce conseil, Signer a fait remarquer, que pour la première fois de sa vie, il était pris pour cible, en tant que juif.

« Je ne peux pas voir le monde à travers les yeux d’une personne de couleur », avait-il dit durant un discours dans une église afro-américaine le 13 juin, où il avait exhorté les fidèles à ne pas céder à l’impulsion de répondre à la haine par de la haine.

« Je peux le voir à travers les yeux d’un juif. Le KKK hait les juifs autant qu’il hait la population noire. Les choses qu’ils publient en ligne sur les juifs sont incroyablement épouvantables. Ce que je reçois sur mon téléphone, chez moi, on pourrait croire que ça date du siècle dernier. »

La statue du général confédéré Robert E. Lee au centre d'Emancipation Park , au lendemain du rassemblement d'Unite the Right, qui a dégénéré en affrontements, le 13 août 2017 à Charlottesville, en Virginie. (Crédit : Chip Somodevilla/Getty Images/AFP)
La statue du général confédéré Robert E. Lee au centre d’Emancipation Park , au lendemain du rassemblement d’Unite the Right, qui a dégénéré en affrontements, le 13 août 2017 à Charlottesville, en Virginie. (Crédit : Chip Somodevilla/Getty Images/AFP)

Signer, 44 ans, est également avocat de profession à Charlottesville. Il donne des conférences en politique et leadership à l’université de Virginia, son école de droit, son alma mater. Sa femme, Emily Blout est une intellectuelle iranienne de la même université.

Originaire d’Arlington, Signer est fils de journalistes, mais dans son autobiographie, il ressemble à de nombreux autres jeunes juifs libéraux qui revendiquent fièrement la classe ouvrière et les racines intellectuelles de ses grand-parents.

« Mon grand-père était mécanicien sur des Jeeps pour l’armée sur le front européen, durant la Seconde Guerre mondiale, et faisait partie des relecteurs du New York Times. Il a perdu un morceau de doigt au cours d’un incident industriel quand il était jeune », écrit-il. « Ma grand-mère gérait les couturières dans son usine à New York, et a ensuite travaillé comme secrétaire à la New School de Hannah Arendt. »

En janvier, lors d’un discours, il a déclaré que Charlottesville était « la capitale de la résistance », et Signer a décrit son grand-père comme « l’enfant juif qui a grandi dans le Bronx », qui « faisait partie de ceux qui ont libéré le monde du nazisme et du fascisme, qui a posé les jalons de l’OTAN et du plan Marshall, et d’un pays qui a tenu les promesses de la statue de la Liberté… »

« S’il vivait encore, je ne pense pas que je pourrais le regarder dans les yeux et lui dire ‘Grand-père, je ne me suis pas battu pour les valeurs pour lesquelles tu t’es battu’ ».

Avant de se marier, Signer était connu pour son activisme dans les hautes sphères du parti démocrate. Il était conseiller à la sécurité nationale durant la campagne des primaires de John Edwards en 2008, et son expertise sur la démagogie a également été le centre d’attention. Son ouvrage, publié en 2009 et intitulé Demagogue : the Fight to Save Democracy from its Worst Enemies, a été bien reçu.

Le livre se penche sur des démagogues de la gauche et de la droite. Le sénateur Joe McCarthy, l’anticommuniste des années 50, qui avait marqué le discours américain, et Hugo Chavez, le gauchiste, sont tous les deux examinés. En décembre 2015, avant les primaires de la présidentielle, Signer avait prédit que Donald Trump pourrait devenir « une menace pour notre république ».

En paraphrasant James Fenimore Cooper, Signer a écrit que Trump correspondait aux quatre critères de la démagogie américaine : « ils se présentent comme des gens ordinaires, ils déclenchent des vagues d’émotions puissantes, ils manipulent cette émotion pour leur avantage politique, et ils menacent ou détruisent des principes de gouvernance établis ».

Sans dégainer un « je vous l’avais dit », Signer a carrément accusé Trump ce week-end d’avoir attisé la ferveur populiste nationaliste blanche, au point qu’elle atteigne une violence qui a coûté la vie à une opposante, blessé des dizaines de personnes, et causé la mort de deux policiers dans un crash d’hélicoptère. Ce rassemblement progressait au son de slogans scandés « les juifs ne nous remplaceront pas », et le mot « juif » était hurlé à chaque fois qu’un orateur mentionnait le nom de Signer.

Des centaines de suprématistes, de néonazis et de membres de l'extrême-droite américaine à Charlottesville, en Virginie, le 12 août 2017. (Crédit : Chip Somodevilla/Getty Images/AFP)
Des centaines de suprématistes, de néonazis et de membres de l’extrême-droite américaine à Charlottesville, en Virginie, le 12 août 2017. (Crédit : Chip Somodevilla/Getty Images/AFP)

« Regardez la campagne qu’il a menée », avait dit le maire sur CNN.

Sur NBC, Signer a développé dans l’émission « Meet the Press » : « Je pense qu’ils ont fait un choix dans cette campagne, un choix très regrettable, d’aller vers les préjugés des gens, d’aller dans le caniveau ».

La tactique de Signer consistait à organiser des événements qui rendraient hommage à la diversité de Charlottesville, ce qui a conduit Mark Pitcavage, un chercheur du Center for Extremism of the Anti-Defamation League, à écrire sur Twitter, que Signer « a tout compris ».

Signer s’est également exprimé en mai, dans une émission radio « State of Belief », produite par l’Alliance interconfessionnelle. Il avait expliqué qu’il était plus productif de se concentrer sur la victime que sur l’auteur de la violence.

« On cherche à soulager la peine de quelqu’un qui a été agressé, plutôt que de se focaliser sur l’agresseur. »

Il avait également évoqué la sensation étrange d’être en position de faiblesse, bombardé d’agressions en ligne comme il l’a été, de la part d’antisémites, au moment où la question de Lee a été présentée devant le conseil. Un tweet, de la part de quelqu’un qui se fait appeler le Great Patriot Trump, disait : « Je sens le juif. Si c’est le cas, retourne en Israël. Mais tu ne resteras pas au pouvoir ici. Pas longtemps ».

« La vague d’antisémitisme que j’ai pu voir cette semaine, c’est quelque chose de nouveau pour moi, je n’avais jamais vu ça auparavant », a assuré Signer.

« Certains des cauchemars historiques légendaires, que je pensais obsolètes après la Seconde Guerre mondiale », sont de retour sous la forme de « mélange troublant de politique et d’antisémitisme ».

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