Le ministre de la Défense rend hommage au chanteur haredi qui a chanté l’hymne anti-service

Le ministre de la Défense Israel Katz a été filmé, jeudi soir, en train de dire son admiration du chanteur ultra-orthodoxe Arale Samet, qui avait quelques jours plus tôt causé un tollé à cause d’une vidéo dans laquelle on le voyait faire reprendre à des milliers d’étudiants de yeshivas subentionnées par des fonds publics une chanson sur le refus du service militaire des « infidèles ».

Alors que Katz venait de rendre hommage au talent de Samet lors d’un événement à l’occasion de Pourim auquel ils avaient tous deux été conviés, Samet a une fois de plus invité le public à reprendre une chanson anti-sioniste, peu de temps après le départ du ministre, a rapporté vendredi le média Behadrei Haredim.

Les autorités religieuses et politiques de la communauté ultra-orthodoxe refusent catégoriquement le service militaire des jeunes hommes, qui sont nombreux à étudier dans des yeshivas et qui bénéficiaient jusque là d’exemptions.

La polémique a atteint son paroxysme à la suite des dernières décisions de la Cour Suprême qui a fait savoir que le système d’exemption généralisée n’avait plus cours, en plus des pressions exercées par le public israélien en raison du manque de soldats pour cause de guerre dans la bande de Gaza.

C’est jeudi soir que Katz s’est adressé à Samet lors d’une célébration de la fête de Pourim organisée par l’influent haredi Yossi Rosenbaum.

Dans une vidéo, on voit et entend Katz dire aux participants, tout près de Samet, assis : « Difficile de rivaliser avec ce chanteur », avant d’ajouter que « il ne faut pas que le monde de la Torah juive soit blessé ; nous le protégerons », ce qui lui valu des éloges du public.

דקות אחרי יציאת שר הביטחון מביתו של האסטרטג יוסי רוזנבוים, אהרל'ה סמט מלהיב את הקהל בשירת: "בשלטון הכופרים אין אנו מאמינים, ובלשכותיהם אין אנו מתייצבים". https://t.co/HX9oul4XWC pic.twitter.com/Mj57FzWSN3

— אברהם פריינד (@avrahamFriend) March 13, 2025

Quelques minutes après le départ de Katz, Samet a repris la même chanson qui avait provoqué un tollé en début de semaine – un morceau célèbre du mouvement haredi Neturei Karta, farouchement anti-sioniste, qui se traduit par : « Nous ne croyons pas au gouvernement des infidèles et nous ne reconnaissons pas leurs lois. »

Dans la version interprétée par Samet cette semaine, on pouvait entendre des paroles quelque peu modifiées : « Nous ne croyons pas au gouvernement des infidèles et nous ne nous présenterons pas à leurs bureaux de recrutement militaire. »

רבבות תלמידי ישיבות עטרת שלמה בראשות ראש הישיבה הגרש"ב סורוצקין שרים בהתלהבות: "בשלטון הכופרים אין אנו מאמינים ובלשכותיהם אין אנו מתייצבים" pic.twitter.com/8d44FHeKVp

— משה ויסברג (@moshe_nayes) March 11, 2025

Le cabinet de Katz n’a pas cherché à cacher à Ynet que la chanson avait bien été interprétée lors de l’événement, mais il a souligné que le ministre n’était plus là à ce moment-là.

Il a ajouté que Katz « a une position claire en faveur du service Haredi au sein de l’armée israélienne et il fait le nécessaire pour faire voter… le projet de loi qui permettra à des dizaines de milliers de Haredim de faire leur service dans l’armée israélienne tout en protégeant le monde de la Torah, ce qui n’est pas le cas actuellement. »

La polémique autour du service militaire des membres de la communauté ultra-orthodoxe est l’une des plus délicates en Israël : cela fait maintenant des dizaines d’années que les autorités successives – gouvernement et système judiciaire – tentent, sans succès, de régler la question.

L’an dernier, la Cour Suprême avait conclu qu’il n’existait plus aucune base légale pour une exemption généralisée des étudiants de yeshivas haredim, ce à quoi la procureure générale Gali Baharav-Miara avait ajouté que les garderies des enfants des étudiants ultra-orthodoxes de yeshiva refusant e service militaire ne recevraient plus d’aides publiques.

Le gouvernement a proposé un projet de loi pour résoudre le problème mais les travaux sont ralentis par des luttes intestines sur la question au sein de l’actuelle coalition.

Les partis haredim sont un élément clé de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de sa majorité parlementaire. Ils menacent de ne pas voter le budget – qui doit être adopté ce mois-ci, faute de quoi le gouvernement tombera – si la loi sur le service militaire n’est pas adoptée avant cela.