Le Mossad avait installé une base de drones en Iran, qui ont détruit des lanceurs de missiles cette nuit

Cela faisait des années qu’Israël se préparait à l’opération contre les programmes nucléaires et de missiles iraniens qui ont eu lieu tôt vendredi matin, a indiqué au Times of Israel un responsable de la sécurité, à commencer par la construction d’une base de drones en territoire iranien, la contrebande de systèmes d’armes de précision ou encore l’entrée de commandos israéliens.

Lors de l’opération baptisée « Rising Lion , plus de 200 avions de l’armée de l’air israélienne ont pris part aux frappes d’ouverture, avec plus de 330 munitions larguées par les avions de chasse sur une centaine de cibles, a fait savoir Tsahal.

Israël a qualifié la frappe de « préventive » et « précise », assurant ne pas avoir eu d’autre choix que de porter atteinte au programme nucléaire de la République islamique, laquelle s’est donnée pour mission de détruire l’État juif.

Cette opération a supposé un travail de préparation conjoint intense entre l’armée israélienne et l’agence de renseignement du Mossad.

Selon le responsable en question, des agents du Mossad ont mis en place une base de drones en territoire iranien, non loin de Téhéran. Les drones ont été activés pendant la nuit pour aller frapper des lanceurs de missiles sol-sol pointés sur Israël. Par ailleurs, des véhicules transportant des systèmes d’armes ont été introduits clandestinement en Iran.

Ce sont précisément ces systèmes qui ont détruit les défenses aériennes de l’Iran et permis aux avions israéliens de se rendre maîtres de l’espace aérien iranien.

Des images diffusées par le Mossad montrent des frappes effectuées par des commandos de l’agence d’espionnage sur les défenses aériennes iraniennes en Iran, début du 13 juillet 2025. (Mossad)

Par ailleurs, des commandos du Mossad ont déployé et tiré des missiles de précision près de lieux d’activités antiaériennes dans le centre de l’Iran.

Ces opérations se sont faites dans « un esprit disruptif au moyen d’une préparation audacieuse et du fonctionnement chirurgical de technologies de pointe, de forces spéciales et d’agents opérant en territoire iranien sans se faire repérer par les services de renseignement iraniens», a précisé le responsable.

Contrairement à son habitude, un peu plus tard, le Mossad a diffusé quelques images de ses activités en Iran.

Des équipes de secours travaillent devant un bâtiment lourdement endommagé par une frappe israélienne dans la capitale iranienne de Téhéran, le 13 juin 2025. (Crédit : AFP)

Selon un autre responsable israélien, les États-Unis étaient informés de cette opération, prévue depuis une semaine au moins. Israël et les États-Unis sont « continuellement en contact », a souligné le responsable.

Les Américains tentent de remettre sur pieds la coalition régionale mise à mal par les précédentes attaques iraniennes contre Israël en avril et octobre 2024. Même ainsi, dans l’éventualité de tirs de missiles iraniens, certains missiles pourraient passer, estime le responsable.

Vendredi matin, l’Iran a lancé une centaine de drones sur Israël, que l’armée de l’air a fait en sorte d’abattre avant leur entrée dans l’espace aérien israélien. Aux alentours de 10 h 50, soit plus ou moins au moment où les drones étaient supposés atteindre Israël –, le commandement du front intérieur de l’armée a levé l’obligation pour les civils de rester à proximité des abris anti-aériens.

Selon ce même responsable,  le chef du parti ultra-orthodoxe du Shas – Aryeh Deri – aurait été informé de l’imminence de l’attaque, ce qui l’aurait dissuadé de proposer la dissolution du gouvernement, comme cela aurait manifestement dû se faire en raison de la crise au sein de la coalition au sujet de la conscription des hommes ultra-orthodoxes. Les dirigeants de l’opposition n’auraient, eux, pas reçu cette même information.

« Une campagne qui n’est rien de moins qu’existentielle »

Le chef de la direction du renseignement militaire, le général de division Shlomi Binder, a déclaré aux soldats d’un centre de commandement qu’Israël entrait dans « un conflit rien de moins qu’existentiel, contre un ennemi qui veut nous détruire ».

« Vous l’avez entendu vous-mêmes à plusieurs reprises : ils développent des capacités nucléaires, font des progrès rapides et se dotent ainsi d’armes conventionnelles en très, très grand nombre », a-t-il expliqué aux soldats. C’est ce à quoi nous entendons porter un coup d’arrêt, en désorganisant et neutralisant cette menace. »

« La Direction du renseignement a énormément travaillé, que ce soit pour donner l’alerte précoce sur les progrès nucléaires ou les quantités de missiles : c’est la mission qui est la sienne et qu’elle va poursuivre », a-t-il ajouté.

Binder a précisé que la direction se trouvait « à un niveau d’alerte très élevé » et qu’elle entrait dans ce conflit contre l’Iran avec une « position de départ très forte ».

Le ministre de la Défense Israel Katz a, quant à lui, assuré qu’Israël « éliminerait » ses ennemis.

« Le ciblage précis des plus hauts commandants des Gardiens de la révolution, de l’armée iranienne et des scientifiques nucléaires – tous impliqués le projet de destruction d’Israël – envoie un message fort et clair : à savoir que ceux qui œuvrent pour la destruction d’Israël seront éliminés », a-t-il déclaré par voie de communiqué.

Il a ajouté que l’Iran « paierait de plus en plus cher s’il s’entête à se montrer agressif » envers Israël et, plus tard, que la plupart des dirigeants de l’armée de l’air du CGRI avaient été éliminés lors de l’une des frappes d’aujourd’hui. Les hauts gradés de l’armée de l’air du CGRI s’étaient réunis dans un centre de commandement souterrain lorsque la frappe a été menée, selon un communiqué du cabinet de Katz.

La République islamique, qui s’est juré de détruire Israël, affirme que son programme nucléaire est à des fins purement civiles. Toutefois, il enrichit l’uranium jusqu’à 60 % – niveau sans commune mesure avec des applications civiles et proche du seuil des 90 % nécessaires à l’obtention d’une tête nucléaire. L’Iran s’oppose régulièrement aux contrôles des inspecteurs internationaux sur ses installations nucléaires.