Le revenu dans la société arabe israélienne croît plus rapidement que dans les autres secteurs – étude
Le gouvernement réduit le financement de l'intégration des Arabes israéliens alors que leur contribution à la croissance économique a augmenté au cours de la dernière décennie
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Au cours des dix dernières années, l’intégration accrue, bien que lente, de la population arabe dans la population active israélienne a été l’un des moteurs de la croissance de l’économie locale, selon une étude réalisée par l’Institut Aaron pour la politique économique de l’université Reichman.
L’étude dirigée par Marian Tehawkho, directrice du Centre de politique économique de la société arabe, montre que le revenu annuel moyen du travail des Arabes israéliens a augmenté plus rapidement que celui des populations ultra-orthodoxes – ou haredi – et laïques en Israël, ce qui suggère que les écarts de revenus socio-économiques sont en train de se réduire.
Le revenu par habitant parmi les femmes et les hommes arabes en âge de travailler (entre 25 et 64 ans) a augmenté en moyenne de 4 % par an entre 2012 et 2022, contre un taux de 2,6 % chez les Juifs haredim et de 2,9 % chez les Juifs laïcs au cours de la même période, selon l’étude.
« Une augmentation des revenus dans la société arabe se traduit par une augmentation des revenus fiscaux pour le gouvernement et une diminution de la dépendance de la population arabe à l’égard des services d’aide sociale et des prestations sociales », a déclaré Tehawkho au Times of Israel.
« À mesure que la société arabe entre sur le marché du travail et paie plus d’impôts, le gouvernement doit payer moins d’aides sociales et s’occuper de la pauvreté, ce qui lui permet de disposer de plus de fonds pour financer les dépenses, qui sont devenues cruciales pendant la guerre qui fait actuellement rage. »
Tehawkho a attribué cette croissance à une augmentation du taux d’emploi des femmes arabes et des salaires des femmes et des hommes arabes, le niveau d’éducation s’étant amélioré au cours de la dernière décennie. Les salaires réels moyens des hommes arabes sont passés de 7 910 shekels en 2012 à 11 000 shekels en 2022 et ceux des femmes arabes de 5 555 shekels à 6 669 shekels au cours de la même période, selon Tehawkho.

Ces revenus sont le résultat de la politique du gouvernement visant à encourager les Arabes israéliens à intégrer le marché du travail, à soutenir les programmes d’éducation et à encourager les plans de développement économique », a déclaré Tehawkho.
En conséquence, la part des ménages arabes vivant sous le seuil de pauvreté a diminué, et est passé de 54 % en 2012 à 42 % en 2022, indique l’étude.
Ces dernières années, le gouvernement israélien a investi dans des programmes d’éducation, de formation et d’intégration des femmes et des hommes arabes israéliens dans la main-d’œuvre locale, dont beaucoup se concentrent sur l’industrie des hautes technologies, dans le cadre d’un effort continu pour réduire les écarts d’emploi et de revenu entre les Israéliens – juifs et arabes.
Cependant, les taux de participation de la population arabe au marché de l’emploi dans le secteur de la high-tech restent faibles malgré les nombreuses initiatives gouvernementales. Les Arabes israéliens représentent environ 20 % de la population, mais seulement 2 % des hommes et 1 % des femmes arabes travaillent dans l’industrie technologique, selon les données du gouvernement.
Tehawkho a expliqué que l’étude avait pour but de déterminer la contribution de la société arabe au PIB d’Israël, car le gouvernement est confronté à des dépenses accrues en raison de l’augmentation des coûts militaires et doit investir dans des moteurs de croissance pour catalyser l’économie dévastée par la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.
« Si la tendance de la dernière décennie se poursuit au même rythme jusqu’en 2030, nous pourrions assister à une augmentation du taux de croissance du revenu du travail à 5 %, ce qui sert d’indicateur de la contribution que la société arabe pourrait apporter au PIB », a déclaré Tehawkho.
L’étude révèle que les revenus du travail générés par la société arabe en 2022 représenteront 10,3 % du total en Israël, contre 8,2 % en 2012, à mesure que les écarts de revenus du travail se réduiront et que la part de la population arabe augmentera.
Des plans économiques visant à combler les écarts socio-économiques persistants entre les Israéliens arabes et juifs ont été proposés et mis en œuvre au cours des dernières décennies. Le dernier en date est un plan quinquennal de 30 milliards de shekels destiné à favoriser l’intégration sociale et économique des Arabes israéliens.

En mars, cependant, le gouvernement a adopté un budget amendé pour 2024 afin de financer les coûts de la guerre et a réduit d’environ 15 % le financement du plan quinquennal.
Commentant l’action du gouvernement, la Banque centrale d’Israël a déclaré que « bien que des ajustements dans le budget du gouvernement soient nécessaires, une réduction notable du budget du plan quinquennal peut avoir un impact négatif sur la croissance future de l’économie israélienne, car le programme contribue de manière marquée à l’intégration des Arabes israéliens dans la société et l’économie et à la réduction du sous-investissement dans cette société ».
« La poursuite de l’intégration de la société arabe en Israël est essentielle pour promouvoir le bien-être des résidents arabes et pour épuiser le potentiel de croissance de l’économie israélienne à long-terme », a souligné la Banque centrale.
Alors que le gouvernement est maintenant confronté à la tâche de rédiger le budget 2025 et devra faire des coupes douloureuses afin de réorienter les fonds pour l’effort de guerre et la réhabilitation des résidents déplacés du nord et du sud, Tehawkho s’est inquiété que les programmes visant à encourager l’emploi de la société arabe soient réduits.
« Aucun des ministres du gouvernement ne se soucie de la promotion de la population arabe pendant cette période », a déploré Tehawkho.
« Une grande partie des budgets déjà alloués ne sera probablement pas utilisée et les projets prévus ne seront mis en œuvre que lentement. »