« Ce n’est pas l’accord du siècle : C’est le bluff du siècle », m’a dit un haut-responsable palestinien cette semaine. Il réagissait à l’annonce faite dimanche par les Américains que les Etats-Unis organiseraient une rencontre internationale au Bahreïn, le mois prochain, consacrée aux moyens susceptibles d’améliorer l’économie palestinienne.
Le responsable a ajouté que dans la mesure où le plan de paix israélo-palestinien mis au point par l’administration Trump était peu soutenu dans le monde arabe, cette dernière se trouvait finalement dans l’obligation de se satisfaire d’une tribune limitée qui évoquerait seulement les aspects économiques de la proposition.
D’autres leaders palestiniens ont indiqué à divers médias que l’Autorité palestinienne, en Cisjordanie, avait l’intention de boycotter la conférence que la Maison Blanche présente comme un « groupe de travail ».
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Ahmad Majdalani, ministre de l’AP, membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et proche du président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas, a déclaré dans un post publié sur sa page Facebook que « tout Palestinien qui prendra part à cette conférence sera considéré comme un collaborateur ».
Nabil Abu Rudeineh, porte-parole d’Abbas, a clairement établi que seul le leader de l’AP définirait le positionnement palestinien sur une participation à cette conférence – même s’il est difficile d’imaginer l’AP envoyer un représentant si l’un des plus proches associés du président a été amené à utiliser des termes très durs pour qualifier les éventuels participants.
Sur cette photo du jeudi 21 juin 2018, prise par l’agence de presse égyptienne MENA, le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi, (à droite), rencontre le gendre et conseiller principal du président Donald Trump, Jared Kushner, (deuxième à gauche), et l’envoyé au Moyen-Orient Jason Greenblatt au Caire, en Égypte, lors de la dernière étape d’une tournée régionale pour examiner un schéma directeur pour un accord de paix Israélo-palestinien. (Crédit : MENA via AP)
A l’heure qu’il est, il semble qu’aucun pays arabe majeur n’a encore accepté d’emboîter le pas à « l’accord du siècle » promu par le président américain Donald Trump.
Les uns après les autres, les États arabes ont rejeté les formules que tente de commercialiser Jared Kushner, principal responsable au sein de l’administration de la paix au Moyen-Orient.
La Jordanie a d’ores et déjà clairement fait part de son intention de ne pas soutenir un plan qui n’inclurait pas l’établissement d’un État palestinien aux côtés d’Israël dont la capitale se trouverait à Jérusalem-Est.
En Egypte, le ton adopté à l’égard du plan américain est moins ferme, mais il serait douteux que le président Abdel Fattah el-Sissi appuie publiquement les efforts de paix livrés par la Maison Blanche.
Indication signifiant que le plan affronte des vents contraires : la décision d’organiser la conférence au Bahreïn.
Même s’il apparaît au moins que ce petit royaume du Golfe est partenaire des Etats-Unis – l’administration a indiqué qu’elle ferait connaître les détails du plan de paix début juin – un atelier de travail économique qui n’attirerait que peu de participants, à la fin du mois, serait pour le moins décevant.
Et il est possible aujourd’hui d’affirmer sans se tromper que Washington rencontre un problème.
Préoccupés par l’Iran
L’Arabie saoudite et les autres États du Golfe, pour leur part, doivent gérer leurs propres problèmes.
De manière contre-intuitive, ces dernières années, l’un des avantages des Etats-Unis a été le manque d’intérêt marqué, parmi les Etats Arabes, pour la cause palestinienne. Maintenant qu’elle se prépare à dévoiler son plan, ce qui était un point fort s’est transformé en point faible.
Actuellement, le dossier le plus pressant pour les Saoudiens et leurs alliés du Golfe est celui des tensions avec l’Iran et des dégâts commis dans des structures pétrolières, en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, suite à ce qui semble bien avoir été des attaques iraniennes. A la fin du mois, la Ligue arabe se réunira en urgence et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) se rencontrera peu après, avec la question des tensions avec la République islamique à la tête de l’ordre du jour.
Pour résumer, personne, dans la région, n’a l’envie ou la capacité réelle de s’occuper d’un plan américain au sujet du conflit israélo-palestinien.
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah le14 décembre 2014 (Crédit : AFP/Abbas Momani)
Abbas, qui se trouve actuellement au Qatar, n’est pas non plus pressé de capituler devant les menaces américaines de boycott et de coupure des aides.
L’aide américaine apportée aux Palestiniens a déjà été réduite de manière extensive depuis que l’AP a commencé son boycott des Etats-Unis en raison de la reconnaissance par Trump de Jérusalem en tant que capitale d’Israël, il y a un an et demi.
Récemment, le Qatar a accepté de donner à l’AP la somme de 300 millions de dollars (dans le cadre de la somme totale de 480 millions de dollars promise à la Cisjordanie et à Gaza) pour compenser la pénurie de financements dans ses budgets.
Et si Abbas devra peut-être se contenter de ces budgets de l’AP diminués, sa popularité, à Ramallah, devrait continuer à s’accroître alors qu’il continue à résister face à une administration américaine de plus en plus considérée par les Palestiniens comme partiale en faveur d’Israël.
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