L’éditeur d’Haaretz qualifie les terroristes de « combattants de la liberté », suscitant un tollé
Selon le patron du journal, Israël impose un "apartheid" et devrait être sanctionné ; des ministères ordonnent un boycott et proposent de procéder à des coupes budgétaires
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Les ministères de l’Intérieur, de l’Éducation et de la Diaspora ont coupé les liens avec le journal Haaretz jeudi, tandis que le ministre des Communications a proposé un boycott par tous les organes gouvernementaux, après que l’éditeur Amos Schocken a déclaré lors d’une conférence que les terroristes palestiniens étaient des « combattants de la liberté » et qu’Israël imposait un « régime d’apartheid » aux Palestiniens.
Dans une lettre adressée au bureau de son porte-parole, le directeur général du ministère de l’Intérieur, Ronen Peretz, a écrit que les propos de Schocken « provoquent le dégoût et témoignent d’une déconnexion par rapport aux valeurs fondamentales ».
Il a déclaré qu’Israël est au milieu d’une guerre « qui ne pourrait pas être plus justifiée » à la suite du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, au cours duquel quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
L’action couvrirait toutes les publicités et les annonces d’appels d’offres gouvernementaux à la fois dans l’édition imprimée et sur le site web de Haaretz, a rapporté la Douzième chaîne.
« Notre ministère est chargé de la campagne contre la délégitimation d’Israël et il est stupéfiant de voir une organisation prétendument israélienne agir contre Israël de l’intérieur », a déclaré le directeur général du ministère des Affaires de la Diaspora, Avi Cohen-Scali.
Le directeur général du ministère de l’Éducation, Meïr Shimoni, a également ordonné la fin de toute coopération avec Haaretz, déclarant dans une lettre au personnel que les remarques de Schocken « contredisent les valeurs du système pédagogique ».
Parallèlement, le ministre des Communications, Shlomo Karhi, a proposé au gouvernement de mettre fin à toute interaction avec Haaretz, y compris les annonces du service de presse du gouvernement.
Une telle action, a-t-il écrit dans sa proposition, « réduira l’impact dur que les citoyens israéliens ressentent, non seulement à cause des publications du journal, mais aussi parce qu’ils sont obligés de le financer avec leurs impôts ».
Un tel boycott n’aurait pas d’impact disproportionné sur la liberté d’expression, a souligné Karhi.
Il a fait remarquer que Haaretz devait tenir compte du fait que sa position, telle qu’exprimée par Schocken, contrarie certains de ses clients, et notamment l’État d’Israël.
???????????????????????? Haaretz’s Amos Schocken's speech in London, in which he called Israel an apartheid and occupying regime.
-> The Israeli Minister of interior demands now to stop the cooperation with and activities of Haaretz newspaper!
— Lord Bebo (@MyLordBebo) October 31, 2024
Dans ses remarques, faites dimanche lors d’une conférence de Haaretz à Londres et diffusées sur les réseaux sociaux dans une vidéo vraisemblablement compilée à partir de plusieurs extraits de son discours, on voit Schocken dire : « Le gouvernement [du Premier ministre Benjamin] Netanyahu se moque d’imposer un cruel régime d’apartheid à la population palestinienne. Il rejette les coûts que représente pour les deux parties la défense des implantations [en Cisjordanie] tout en combattant les combattants de la liberté palestiniens qu’Israël qualifie de terroristes. »
« Dans un sens, ce qui se passe dans les Territoires occupés et dans certaines parties de Gaza est une seconde Nakba », a déclaré Schocken, invoquant le terme en arabe désignant le déplacement des Arabes lors de la création de l’État d’Israël et de la Guerre d’Indépendance.
Il a déclaré que le seul moyen d’établir un État palestinien nécessaire est « d’appliquer des sanctions contre Israël, contre les dirigeants qui s’y opposent et contre les colons [résidents d’implantations] ».
Israël rejette les accusations d’apartheid dans les Territoires palestiniens en rappelant que les Palestiniens qui y vivent sont citoyens de l’Autorité palestinienne (AP), qui dispose d’une forme d’autonomie, et que les Israéliens arabes jouissent de droits égaux à ceux de leurs homologues juifs.
Le Forum Choose Life, qui représente certaines victimes du terrorisme et leurs familles, a déclaré avoir déposé une plainte auprès de la police, accusant Schocken d’incitation à la haine et d’encouragement à porter atteinte à l’État et à ses forces de sécurité.
« De tels propos dépassent les limites de la liberté d’expression et relèvent de l’incitation [à la haine] », a déclaré le forum dans un communiqué. En qualifiant les terroristes de « combattants de la liberté », Schocken « soutient les ennemis de l’État ».
Karhi avait déjà appelé à mettre fin aux liens entre le gouvernement et Haaretz en novembre 2023, citant les articles du journal de gauche concernant la guerre menée par Israel contre le groupe terroriste palestinien du Hamas, suite au pogrom perpétré par ce dernier le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.