L’envoyé de Trump a davantage influencé Netanyahu en une réunion que Biden en 15 mois – officiel arabe
La rencontre "tendue" à Jérusalem a entraîné une avancée dans les pourparlers, Israël et le Hamas s'accordant sur le principe d'un accord deux jours plus tard ; les parties en finalisent à présent les détails

La rencontre « tendue » qui a eu lieu, ce week-end, entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le nouvel émissaire pour le Proche-Orient Steve Witkoff a débloqué les négociations sur les otages. Le principal conseiller du président américain élu Donald Trump est ainsi parvenu à faire davantage pour influencer le Premier ministre en une seule rencontre que le président sortant Joe Biden pendant toute l’année, ont commenté deux responsables arabes auprès du Times of Israel dans la journée de mardi.
Witkoff était à Doha depuis une semaine où il participait aux négociations portant sur la libération des otages qui se trouvent actuellement dans la bande de Gaza, alors que les parties médiatrices, dans ces discussions, s’efforcent de conclure un accord avant l’investiture de Trump, qui aura lieu le 20 janvier.
Samedi, Witkoff s’est envolé pour Israël afin de rencontrer Netanyahu au bureau du Premier ministre, à Jérusalem.
Pendant l’entretien entre les deux hommes, l’envoyé américain a exhorté le chef de gouvernement israélien à accepter les compromis nécessaires à la conclusion d’un accord, des compromis d’une importance primordiale, ont confié les deux officiels, sous couvert d’anonymat, au Times of Israel, dans la journée de lundi. Ni Witkoff ni le bureau de Netanyahu n’ont répondu à nos demandes de commentaires.
Lundi soir – quarante-huit heures après la rencontre à Jérusalem – les délégations d’Israël et du Hamas, qui prennent actuellement part aux pourparlers, ont indiqué aux médiateurs qu’elles acceptaient, dans son principe, la proposition d’accord sur les otages, selon les deux responsables arabes. Reste dorénavant aux deux parties de finaliser les détails concernant sa mise en œuvre.
L’une des principales questions à régler est celle des paramètres exacts du retrait de Tsahal de la bande de Gaza, les médiateurs attendant toujours une carte d’Israël précisant ces paramètres, ont déclaré ces officiels.
Ils ont estimé qu’un accord pourrait être annoncé mercredi ou jeudi sous la forme d’une déclaration commune qui serait rédigée par les États-Unis, par le Qatar et par l’Égypte, qui ont servi d’intermédiaires dans ces pourparlers difficiles entre Israël et le Hamas.

Dans la journée de mardi, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait affirmé qu’Israël avait accepté l’accord ouvrant la porte à la remise en liberté des 98 otages qui se trouvent encore dans les geôles du groupe terroriste, précisant que le Hamas n’avait pas fait part de sa réponse.
L’un des deux responsables arabes a confié que l’accord en trois phases qui est actuellement finalisé entre Israël et le Hamas est en grande partie identique à la proposition qui avait été faite par Israël au mois de mai dernier.
« Un accord aurait pu être conclu bien plus tôt mais les deux parties ont fait échouer les négociations à différents moments », a expliqué l’officiel.
Il a rejeté les affirmations faites, de manière répétée, par les États-Unis, qui ont indiqué à maintes reprises que le Hamas avait été le seul responsable de l’incapacité à conclure un accord de cessez-le-feu. Il a noté qu’Israël avait aussi, de son côté, fait échouer les pourparlers au cours des derniers mois – expliquant que Netanyahu avait pris ses distances, au fur et à mesure du temps, face à la proposition en plusieurs phases à laquelle il avait donné son feu vert au mois de mai dernier. Il a ainsi tenté de mettre un accent particulier sur la première phase de cette offre, a dit le responsable, avec pour objectif de donner à Israël la garantie que Tsahal pourrait reprendre les combats dans la bande de Gaza immédiatement après.
Aujourd’hui, les deux parties ont accepté de soutenir à nouveau ce cadre en plusieurs phases et elles le font au même moment – c’est sans doute la première fois, a fait remarquer le responsable arabe.
L’accord comporte trois phases – mais les dispositions de la deuxième phase ne seront pas négociées tant que la première phase n’aura pas commencé.

Au cours de la première phase de 42 jours, 33 femmes, enfants, personnes âgées et otages gravement malades recouvreront la liberté. En contrepartie, Israël remettra en liberté près d’un millier deprisonniers palestiniens incarcérés pour faits de terrorisme ou atteinte à la sécurité nationale au sein de l’État juif. Israël se retirera partiellement de Gaza, tout en facilitant l’entrée de 600 camions d’aide humanitaire dans la bande chaque jour.
Lors de la deuxième phase, les autres otages vivants seront tous relâchés – et elle devrait se conclure par une déclaration de cessation permanente des hostilités. Les corps sans vie qui se trouvent encore entre les mains du groupe terroriste seront rapatriés en Israël pendant la troisième phase.
Au 16e jour de la première phase, les négociateurs commenceront à discuter des conditions de la deuxième phase. Des discussions qui porteront également sur le cadre qui entourera la prise en charge de l’après-guerre à Gaza.
L’administration Biden avait exercé des pressions sur Israël, sommant Jérusalem d’établir un plan anticipé posant le cadre de l’administration de l’enclave côtière qui prendrait le relais lorsque les armes se seraient tues. Washington avait insisté sur le fait qu’en l’absence d’un tel plan et qu’en l’absence d’une proposition d’alternative viable à la gouvernance du Hamas, les gains militaires obtenus par Tsahal risquaient d’être mis en péril. Netanyahu avait largement rejeté cette idée, disant que prévoir le lendemain du conflit, à Gaza, était inutile tant que le Hamas était encore opérationnel. Il avait aussi refusé l’alternative privilégiée par les Américains, qui proposaient que l’Autorité palestinienne, dont le siège est en Cisjordanie, vienne succéder au groupe terroriste à la barre de la bande de Gaza.
Ne souhaitant pas attendre plus longtemps, Blinken a prononcé un discours, mardi, dans lequel il a dévoilé un plan pour le « jour d’après » dans la bande – un plan qu’il espère voir adopté par les parties.
Si l’administration Biden a apporté à Israël un soutien militaire important depuis le début de la guerre qui avait été déclenchée par le pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre, elle s’est parfois efforcée d’influencer la gestion du conflit par Israël et son comportement à la table des négociations.

Les responsables de l’administration de Joe Biden soulignent qu’ils ont réussi à convaincre Netanyahu d’autoriser l’entrée des aides humanitaires dans la bande de Gaza après le siège imposé pendant des semaines à la suite de l’attaque meurtrière du Hamas. Mais les afflux de l’assistance, dans la bande, se sont effondrés à plusieurs reprises au cours des douze derniers mois, Blinken affirmant que tous les habitants de Gaza doivent aujourd’hui faire face à des problèmes d’insécurité alimentaire.
Au mois d’octobre, Blinken et le secrétaire d’État à la Défense, Lloyd Austin, avaient envoyé une lettre à leurs homologues israéliens, les avertissant que s’ils ne mettaient pas en œuvre une série de mesures visant à soulager la crise humanitaire dans un délai de 30 jours, Israël mettait en péril des livraisons d’armes offensives américaines. Israël n’avait pas répondu à un grand nombre des demandes soumises dans ce courrier à l’expiration du délai – un délai qui avait été fixé peu après que la vice-présidente Kamala Harris a perdu l’élection présidentielle face à Trump – mais les États-Unis avaient toutefois fait part de leur satisfaction face aux progrès réalisés par Jérusalem.
Au printemps dernier, les États-Unis avaient insisté pour que les soldats israéliens « n’écrasent » pas la ville de Rafah, une ville située à l’extrême sud de Gaza, où plus d’un million de Palestiniens déplacés avaient trouvé refuge.
Au mois de mai, Joe Biden avait annoncé sa décision de ne pas procéder à la livraison d’une cargaison de bombes lourdes, par crainte qu’Israël ne les utilise à Rafah, avec un nombre élevé de victimes civiles.

Les responsables de Biden affirment qu’ils avaient réussi à convaincre Israël de changer ses plans militaires de manière à davantage tenir compte des civils en les orientant vers la zone humanitaire côtière, une grande partie de Rafah ayant été rasée lors de l’offensive qui avait suivi et qui avait notamment permis de tuer Yahya Sinwar, le chef du Hamas et le cerveau du 7 octobre, et de détruire des tunnels utilisés pour les trafics, le long de la frontière entre la bande de Gaza et l’Égypte.
D’autres livraisons de bombes aussi lourdes à Israël ont depuis eu lieu – ce qui atteste du caractère symbolique de la décision qui avait été prise par le président américain sortant.
De son côté, un troisième responsable arabe, appartenant à l’un des pays jouant les médiateurs dans les négociations entre Israël et le Hamas, a affirmé que les craintes d’une réaction politique intérieure, alors que la campagne électorale battait son plein aux États-Unis, avaient empêché Biden d’exercer ouvertement des pressions plus fortes sur le gouvernement de Jérusalem.
Il a évoqué une réunion entre Blinken et Netanyahu, au mois d’août, à l’issue de laquelle le secrétaire d’État avait annoncé que le Premier ministre israélien avait accepté une proposition de compromis de la part des États-Unis en vue de la conclusion d’un accord sur les otages. L’officiel arabe ainsi qu’un membre appartenant à l’équipe de négociation israélienne ont fait savoir au Times of Israel que ce n’était absolument pas ce qui s’était passé lors de ces entretiens et que les propos tenus par Blinken avait jeté un froid sur cette série de pourparlers, avec des discussions qui avaient finalement échoué.
Blinken a expliqué au New York Times, au début du mois, que le Hamas avait tendance à durcir ses positions à la table des négociations lorsqu’il sentait qu’il y avait des écarts entre les positionnements américain et israélien, laissant entendre que Washington s’abstenait de blâmer publiquement Netanyahu concernant l’incapacité à conclure un accord dans le but de ne pas nuire davantage aux pourparlers.
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