Israël en guerre - Jour 415

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Les élus derrière l’interdiction de l’UNRWA jugent « déplacées » les critiques internationales

La période de transition est amplement suffisante le remplacement de l'agence de l'ONU, dit Illouz du Likud : "notre objectif n'est pas de mettre fin à l'aide humanitaire"

Le député du Likoud Boaz Bismuth lors de la session d'introduction de la Knesset pour les législateurs débutants, un jour avant l'ouverture de la session de la 25e Knesset, le 14 novembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le député du Likoud Boaz Bismuth lors de la session d'introduction de la Knesset pour les législateurs débutants, un jour avant l'ouverture de la session de la 25e Knesset, le 14 novembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le vote écrasant de la Knesset en début de semaine, qui a permis l’adoption de deux lois interdisant à l’UNRWA d’opérer en Israël et réduisant sa capacité à travailler en Cisjordanie et à Gaza, a suscité une vague de critiques, les plus proches alliés d’Israël prévenant que la réduction des activités de l’agence des Nations Unies (ONU) pourrait avoir des conséquences « catastrophiques » pour des millions de Palestiniens. Les législateurs à l’origine de la loi semblent avoir réagi à l’indignation par un haussement d’épaules collectif.

Lors de la séance plénière d’ouverture de la session législative d’hiver de la Knesset, lundi, les députés ont adopté par 92 voix contre 10 une loi interdisant à l’agence de l’ONU d’opérer sur le territoire israélien, et par 87 voix contre 9 une autre loi interdisant tout contact entre les autorités de l’État et l’agence.

« Il existe des organisations internationalement reconnues qui s’occupent de l’aide humanitaire dans toutes les zones de conflit. L’UNRWA était une anomalie. Il n’existe, dans aucune autre zone de conflit, une organisation spécifique pour un seul groupe », a indiqué au Times of Israel Dan Illouz, (Likud) co-auteur de la seconde proposition de loi, en réponse à une question sur les réactions négatives que sa loi a engendrées.

« Nous avons constaté que lorsqu’une telle organisation est créée, elle finit par adopter le point de vue d’un seul groupe, le point de vue palestinien. Elle s’associe à des groupes comme le [groupe terroriste palestinien du] Hamas et à des groupes extrémistes de cette société et devient un problème », a-t-il déclaré.

« Notre objectif n’est pas d’arrêter l’aide humanitaire. Notre objectif est qu’elle passe par des canaux qui ne soutiennent ni le terrorisme ni le Hamas, mais plutôt par des organismes tels que le Programme alimentaire mondial. »

L’UNRWA – l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient – fournit éducation, soins de santé et assistance à des millions de réfugiés palestiniens et à leurs descendants à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie.

Des employés des Nations unies et du Croissant-Rouge préparant l’aide à distribuer aux Palestiniens dans l’entrepôt de l’UNRWA, à Deir al-Balah, dans la bande de Gaza, le 23 octobre 2023. (Crédit : Hassan Eslaiah/AP Photo)

Selon Israël, plus de 10 % du personnel de l’UNRWA à Gaza aurait des liens avec des groupes terroristes, et les établissements éducatifs relevant de l’organisation inciteraient à la haine et à la violence contre Israël tout en glorifiant le terrorisme.

« L’application de cette législation risque d’entraîner une catastrophe pour les plus de 3 millions de Palestiniens qui dépendent de l’UNRWA pour des services essentiels, tels que les soins de santé et l’enseignement primaire et secondaire », a indiqué le département d’État à la suite de l’adoption des projets de loi, exhortant Israël à « réfléchir davantage à la mise en œuvre de cette législation ».

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est allé jusqu’à avertir que le soutien militaire crucial des États-Unis à Israël dépendait de la capacité d’Israël à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza.

Lundi, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé Israël à « respecter ses obligations en vertu de la Charte des Nations Unies et du droit international », rappelant que « la législation nationale ne peut pas modifier ces obligations ».

En réponse, Yulia Malinovsky (Yisrael Beytenu), l’une des principales initiatrices du projet de loi visant à interdire tout contact avec l’UNRWA, a souligné que la seule obligation contractée par Israël pour permettre à l’agence de fonctionner provenait d’un échange de lettres datant de 1967, « qui comprend une clause permettant à Israël de mettre fin à cet arrangement – et c’est exactement ce que nous avons fait. »

« L’histoire de l’UNRWA en Israël se termine ici », a-t-elle écrit.

En réponse aux critiques internationales, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël était prêt à collaborer avec des partenaires internationaux pendant les 90 jours précédant l’entrée en vigueur de la législation et au-delà, afin de garantir que l’aide humanitaire continue d’arriver aux civils gazaouis.

« Les employés de l’UNRWA impliqués dans des activités terroristes contre Israël doivent répondre de leurs actes. Dans la mesure où il est également essentiel d’éviter une crise humanitaire, une aide humanitaire soutenue doit rester disponible à Gaza aujourd’hui et à l’avenir », a déclaré le cabinet du Premier ministre dans un communiqué publié en anglais.

Interrogé sur le fait de savoir si trois mois seraient suffisants pour permettre à d’autres groupes de prendre le relais, le député Illouz a fait valoir qu’il s’agissait d’une « période de transition amplement suffisante. »

« Trois mois, c’est long. Parfois, lorsque nous comprenons qu’il y a besoin d’une période tampon, nous l’intégrons dans la législation », a-t-il ajouté.

Le député du Likud Dan Illouz participe à une réunion du lobby de Jérusalem à la Knesset, le 17 mai 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Si Israël a progressivement tenté de réduire le rôle de l’UNRWA dans l’acheminement de l’aide humanitaire, au profit d’agences telles que le Programme alimentaire mondial et l’UNICEF, l’UNRWA reste un acteur majeur des opérations humanitaires dans la bande de Gaza, gérant des abris, des cliniques et des entrepôts.

Et malgré les promesses de Netanyahu et du ministère des Affaires étrangères de s’assurer que le flux d’aide restera ininterrompu, les représentants de l’Organisation internationale pour les migrations et de l’UNICEF ont tous deux déclaré qu’ils ne seraient pas en mesure de combler le vide laissé par la réduction ou l’arrêt des opérations de l’UNRWA dans la bande de Gaza.

Boaz Bismuth (Likud), auteur du projet de loi interdisant à l’UNRWA d’opérer sur le territoire israélien, a également écarté les critiques internationales, affirmant que la loi n’aurait pas été adoptée s’il n’avait pas été clair qu’Israël pourrait prendre le relais à Jérusalem-Est.

« En Israël, je peux garantir qu’il n’y aura pas de vide », a-t-il assuré. « Nous ne sommes pas une république bananière. »

Lorsqu’il a été interrogé sur la situation à Gaza, Bismuth a jugé que les inquiétudes internationales étaient « déplacées ». Il a affirmé qu’Israël n’avait pas l’intention de conquérir ou de coloniser Gaza, mais cherchait plutôt à « construire quelque chose qui contribue à la stabilité, à la sécurité et ouvre la voie à des discussions de paix ». Selon lui, la communauté internationale saurait combler le vide.

« Les acteurs internationaux importants comprennent l’urgence de remplacer l’UNRWA. Ce n’est pas ‘beaucoup de bruit pour rien’ », a-t-il conclu. « Il y a un problème, mais il peut être résolu », a-t-il affirmé, appelant les alliés et voisins d’Israël aux États-Unis, en Europe et au Moyen-Orient à participer à cette transition.

« Notre souhait est de voir Gaza prospérer sous un gouvernement non corrompu et, surtout, non terroriste », a ajouté Bismuth, précisant que laisser le Hamas détourner l’aide de l’UNRWA ne favorisait pas cet objectif.

Jacob Magid a contribué à cet article.

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